Nilsson et l’Union ont le sourire: et s’il y avait un trophée au bout de cette saison?
Thomas Chatelle
: «
Oui, c’est en tout cas une réelle possibilité. L’Union ne sera probablement pas favorite mais fait partie des deux grands candidats avec Genk. Cette équipe était déjà régulière en 2022, elle l’est toujours lors des premières semaines de 2023. Par rapport au Racing qui dispose de joueurs capables de faire des différences individuelles, l’Union peut compter sur sa force collective. Le noyau est suffisamment large et il est sans doute le mieux équilibré du championnat de Belgique. C’est aussi certainement celui avec le moins de points faibles.
»
Philippe Albert
: «
Je suis convaincu que l’expérience de la dernière saison va servir les Unionistes. Je pense même qu’elle leur sert déjà. À mon sens, tout dépendra de Genk qui vient de perdre Paul Onuachu mais qui, comme on l’a vu ce week-end, dispose toujours d’attaquants capables de marquer. Les Limbourgeois auront un programme plus allégé que l’Union, qui, elle, est engagée sur trois fronts (NDLR
: championnat, Coupe de Belgique, Europa League). Cela va-t-il jouer en leur défaveur
? Ça pourrait mais je ne vois franchement aucun point faible dans cette équipe. Cette saison, l’Union est taillée pour aller chercher un trophée. Que ce soit le championnat ou la Coupe de Belgique. Les Saint-Gillois sont passés très près la saison dernière, mais on verra où ils en sont après les matches contre Bruges et le Standard. S’ils signent un 6 sur 6, on pourra alors clairement viser quelque chose.
»
Nordin Jbari
: «
J’y crois de plus en plus. Et ce, pour diverses raisons. Tout d’abord, l’Union m’impressionne dans la façon de gérer les situations. C’est une équipe qui est devenue bien plus expérimentée et qui semble même l’être davantage que certaines grosses formations du Royaume. Des joueurs comme Lapoussin, Teuma et Moris sont d’ailleurs d’excellents joueurs, et n’ont pas peur d’afficher leurs ambitions. À Genk, le départ de Paul Onuachu me semble aussi déterminant. Certes, c’était un buteur, mais il était bien plus que cela, il faisait jouer les autres. Je pense qu’il va laisser un grand vide, ça change beaucoup de choses. Enfin, cette saison, l’Union est dans la position du chasseur, et non plus celle du chassé comme l’année dernière. Je vois cette équipe revenir dans la dernière ligne droite. Pour toutes ces raisons, je dirais même que l’Union a plus de chances d’être championne qu’il y a un an.
»
Benoît Thans
: «
Sans doute que oui. À l’heure actuelle, l’Union me semble être le seul concurrent capable de se mêler à la course au titre avec Genk. Les leaders limbourgeois vont certainement devoir s’en méfier. Karel Geraerts a accompli un excellent travail depuis sa prise de fonction. L’Union peut aussi compter sur des joueurs de grande qualité qui ont de l’ambition. Je trouve que l’Union n’a plus cette naïveté qu’elle avait la saison dernière. Puis, elle n’aura pas la pression à gérer. La pression, elle, est sur épaules des Genkois. Ce qui est un élément à ne pas négliger.
»
Bruges a-t-il déjà fait une croix sur le titre ?
Noa Lang et Bruges ne sont plus que les ombres de ce qu’ils étaient.Belga
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Philippe Albert
: « Bruges a 21 points de retard sur Genk… à 10 journées de la fin de la phase régulière. C’est tout bonnement énorme. Au début de saison, j’étais certain de mon idée de voir le Club sacré. Mais, ici, je pense que c’est déjà terminé. Les Brugeois peuvent faire une croix dessus. C’est vraiment le jour et la nuit par rapport à ce que cette équipe avait réalisé en Ligue des champions. Depuis l’arrivée de Scott Parker, il n’y a pas de continuité. Ce week-end, il a encore fait cinq changements. Si le Club n’est pas capable d’augmenter son niveau de 50 %, je pense même qu’il n’y aura pas match ce vendredi contre l’Union. Le titre semble s’être envolé, mais attention aussi pour le Top 4. En fait, les Brugeois ont de la chance que le Standard et Gand aient perdu quelques points sur la route, sans quoi la situation serait encore plus compliquée. »
Nordin Jbari
: « Si la direction continue à travailler de cette façon avec Parker, ce sera très compliqué. Elle se doit de reprendre les choses en mains car l’écart en termes de points est déjà colossal au classement. Je ne comprends déjà pas pourquoi un coach étranger, qui ne connaît pas le championnat belge, a été choisi. Et c’est encore plus étonnant que Parker change tout au niveau de la structure de l’équipe. Le pire, c’est qu’il prend beaucoup de temps pour trouver des solutions aux problèmes qu’il a lui-même créés. J’ai l’impression qu’il est occupé à tout déglinguer et qu’on a affaire à une équipe en plein chantier. »
Benoît Thans
: « Je le pense bien. Bruges se trouve dans une position d’extrême urgence. Les Blauw en Zwart ont livré un premier tour correct, avec un beau parcours en Ligue des champions. Puis Carl Hoefkens a été remercié. Je ne comprends vraiment pas cette décision de la direction. Car d’autres grands clubs en Europe ont aussi connu des périodes plus compliquées, mais n’ont pas licencié leur coach. Je pense notamment à Xavi au début de saison. Si le Club a un noyau plus important et plus qualitatif sur papier que Gand et le Standard, il va devoir faire attention pour le Top 4. »
Thomas Chatelle
: « Non. Compte tenu du système belge avec les playoffs, on ne peut pas encore exclure que Bruges revienne dans la course. Ceci dit, je reste quand même inquiet pour le Club. Je n’ai pas compris pourquoi Hoefkens a été viré aussi rapidement. Et je comprends encore moins le profil de coaching de Scott Parker. »
Le Standard peut-il accrocher le Top 4 ?
Zinckernagel et les Liégeois maintiennent l’espoir.Belga
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Thomas Chatelle
: « Je ne pense pas. Pour ce faire, le Standard aurait dû gagner les matches « dits » plus abordables. Je pense notamment aux matches à Seraing et au Cercle Bruges. Les Rouches ont gaspillé des points ces dernières semaines. Ce qui, je pense, va leur coûter cher au décompte final. Pour le reste, il faut aussi remarquer que l’effectif liégeois est sans doute moins large et moins qualitatif que ceux de Bruges et Gand. »
Nordin Jbari
: « Sans développer un jeu exceptionnel, le Standard se trouve aux portes du Top 4. Mais il manque probablement un renfort offensivement, même si Noah Ohio est un bon joueur. L’équipe a été reboostée en grande partie par le coach. Mais j’ai l’impression que le club n’avait pas le budget pour aller chercher ce buteur, qui aurait peut-être permis d’être plus armé dans la course au Top 4. Je ne les vois pas atteindre les Champions Playoffs. Or, quand on voit la position actuelle des Rouches, c’est déjà inespéré… par rapport à ce qu’il s’est passé la saison dernière. »
Benoît Thans
: « Ronny Deila est très certainement le meilleur transfert du Standard cette saison. Il ne faudrait pas qu’il tombe malade (il sourit). Franchement, je ne vois pas pourquoi les Rouches ne pourraient pas ambitionner le Top 4. Grâce au coach norvégien, l’équipe a quand même retrouvé de la stabilité, de la régularité. Puis, le Standard pourrait aussi profiter du fait que Bruges, à mon sens, a commis l’erreur de liquider trop vite Hoefkens. Donc, pourquoi pas ? »
Philippe Albert
: « Je pense que les points bêtement perdus, notamment contre Seraing et au Cercle, vont être préjudiciables aux Rouches. Ils auraient pu faire le carton plein, mais ont manqué de constance. Malheureusement, je ne les vois donc pas dans le Top 4, surtout que je vois mal Bruges ne pas y être alors que l’Antwerp est déjà trop loin. C’est dommage car Ronny Deila réalise un travail exceptionnel, prend ses responsabilités et maintient tout le monde sur le qui-vive. Il y avait peut-être mieux à faire, mais la direction sera déjà satisfaite avec le Top 8. Les Liégeois ne devront en tout cas rien lâcher. Il ne faut pas oublier non plus qu’il y a Westerlo et Saint-Trond derrière eux… »
Benoît Thans
: «
Si ces deux clubs ne se qualifient pas pour les playoffs, ce serait un échec. Pour le coup, je ne pense qu’ils atteindront l’objectif. Felice Mazzù a amené de la stabilité à Charleroi, mais le Sporting doit encore remonter au classement car il a pas mal de points de retard. Par rapport à Anderlecht, je suis assez sceptique. Déjà au niveau du jeu, où c’est inadmissible vu le potentiel qu’il y dans ce noyau. Puis, les Mauves se doivent de réaliser une série. Et je ne suis vraiment pas convaincu de leurs capacités de réussite. Je pense que ça se jouera davantage entre des équipes comme Saint-Trond, Westerlo et le Cercle Bruges. Trois équipes avec trois bons entraîneurs qui tirent le maximum des joueurs à disposition. Ils ne vont rien lâcher jusqu’au bout du championnat.
»
Philippe Albert
: «
Forcément, j’espère que les deux clubs atteignent le Top 8. Je rêve de playoffs avec Gand, le Standard, Anderlecht et Charleroi. Mais Westerlo joue un football offensif et Saint-Trond est une équipe difficile à bouger. Les Zèbres ont sept points de retard, c’est déjà énorme. Même s’ils font le nécessaire, je pense que l’écart est trop conséquent. En revanche, les Mauves viennent de signer un 7 sur 9 sans encaisser. Cela leur fait du bien au niveau comptable, même si on se contente de peu maintenant avec eux. Certains joueurs montent en puissance, je pense qu’ils ont donc plus de chances de terminer 7
e
ou 8
e
. Ce serait en tout cas un moindre mal pour ce club.
»
Nordin Jbari
: «
Je pense qu’il y a plus de chances du côté de Charleroi. OK, la première période à Malines fut inacceptable, mais je pense que Felice Mazzù a moins de travail à effectuer à Charleroi que Riemer à Anderlecht. Qui plus est, les Carolos restent sur une bonne période depuis plusieurs semaines. À Anderlecht, en revanche, il y a toujours autant de difficultés dans le contenu. Pour être dans le Top 8, les Mauves devraient enchaîner plusieurs victoires. Et sincèrement je ne les sens pas capables de réussir ça. D’autant qu’à Saint-Guidon, il y a quand même une pression plus forte à supporter qu’au Mambourg.
»
Thomas Chatelle
: «
Les deux équipes sont encore capables d’atteindre le Top 8. Les deux ont leurs chances, mais pas toutes les cartes en mains étant donné qu’il y a certaines autres écuries mieux placées. Tout est ouvert, et les différences seront minimes entre les prétendants. Anderlecht a glané des points importants, mais je ne suis pas persuadé qu’en termes de résilience et de réaction, les Mauves peuvent revenir s’ils sont décrochés. Le Sporting de Charleroi, lui, revient de plus loin mais a peut-être ce petit plus, au niveau mental grâce au retour de Mazzù, pour se battre jusqu’au bout. Pour les deux, ce sera de toute façon difficile.
»
Encore de l’espoir?
Benoit Thans
: «
Cela s’annonce excessivement compliqué, je dois l’admettre. Financièrement et sportivement, les Métallos ont moins de possibilités que les autres équipes à la lutte, comme Malines, Courtrai et Zulte. Ils souffrent aussi d’un sérieux manque de régularité dans leurs performances. Mais je sais qu’ils ne vont rien lâcher. À l’image d’un Christophe Lepoint qui tient à lui tout seul l’équipe à bout de bras. S’il n’y a pas de pépins musculaires dans le noyau, oui, ils peuvent le faire. Mais ce sera difficile. À titre personnel, je souhaite bien sûr que Seraing se maintienne car c’est un club francophone, et de la région qui plus est.
»
Nordin Jbari
: «
Pour être franc, ça va être compliqué, je n’y crois pas trop. D’autant plus qu’il y a trois descendants directs cette saison, contre un l’année dernière. Nous sommes toujours bien reçus à Seraing, où il y a vraiment des gens très sympathiques, mais on se pose en même temps la question du projet. Quel est le projet du club
? On ne comprend pas. Et, à mon sens, on ne peut pas continuer à lutter pour le maintien sans projet.
»
Thomas Chatelle
: «
Non, je maintiens que Seraing devrait être relégué, comme Ostende. Le troisième, je ne sais pas encore. Peut-être que la victoire de ce week-end va provoquer un déclic chez les Sérésiens, mais ça me semble compliqué. Il faudrait que des équipes comme Eupen, Courtrai et Zulte flanchent complètement, mais ce sera ô combien périlleux à mon sens. D’autant que ces trois formations ont quand même aussi plus de qualités.
»
Philippe Albert
: «
Je ne le pense pas. Je vois les Métallos être dans les trois descendants directs. Après, la victoire de ce week-end va leur faire le plus grand bien psychologiquement. L’espoir fait vivre, dit-on. Mais la route est encore très longue. Il y a encore quatre points de retard sur le premier non relégable. Et Seraing a un calendrier très costaud en devant encore affronter notamment Bruges, l’Antwerp, Gand et l’Union. Il faut toujours y croire, mais la mission s’annonce très difficile. D’autant qu’il n’y a pas non plus des qualités extraordinaires chez les Métallos.
»