Teddy Teuma a clôturé l’année
2022 comme il l’a commen-
cée. Cette semaine face à Os-
tende, il a inscrit un penalty et
a offert une passe décisive à Vanzeir.
Un peu moins d’un an plus tôt, le capi-
taine de l’Union marquait un penalty
après avoir donné un assist à Undav.
Au total, le joueur de 29 ans aura été
décisif à 26 reprises avec les Bruxellois
en 2022 (11 buts et 15 assists).
Le signe d’une année civile pleine
passée au sommet du football belge
pour celui qui en veut encore plus
pour les douze mois à venir…
Teddy, quel est le mot qui vous vient
à l’esprit quand on vous parle de
vos performances en 2022 ?
“Je dirais ‘continuité’. Je continue de
grandir, de m’améliorer et de performer
année après année. Quand nous som-
mes arrivés en D1A avec l’Union, je
n’avais pas la moindre expérience au
plus haut niveau, mais je savais que
nous avions tous, individuellement, les
qualités pour réussir. Cette saison, nous
l’avons encore prouvé que ce soit en
championnat ou en Europa League.
Personnellement, j’ai montré que je
peux faire de grandes choses grâce à
mon expérience, ma qualité et ma
détermination. Mais je n’ai pas envie de
m’arrêter là.”
Vous sentez-vous dans la forme
de votre vie ?
“Oui, c’est une certitude. Je sens réelle-
ment que je suis dans cette bonne
période que les footballeurs connaissent
entre 28 et 32 ans. Mais j’ai aussi la
sensation que je peux aller plus haut, je
ne suis pas encore arrivé au sommet. Je
vis la meilleure année de ma carrière,
mais je ne suis pas encore à l’apogée. Il
y a encore moyen de faire l’un ou l’autre
pas vers l’avant.”
Comment expliquez-vous ces si bonnes
prestations individuelles en 2022 ?
“Mes performances sont liées à celles
du collectif. L’Union a évolué à une
vitesse grand V ces derniers temps et je
me suis mis en tête du wagon par mon
statut de capitaine. Je me devais d’être à
ce niveau-là. J’ai su suivre le rythme et
j’ai su tirer l’équipe vers le haut en
assumant mes responsabilités. Plus j’ai
de responsabilités, meilleur je me sens.
Tant que le club évoluera, je continuerai
à performer.”
En 2022, vous avez atteint la barre
des 100 matchs avec l’Union avant de
devenir le joueur de l’histoire moderne
du club ayant joué le plus de matchs :
sentez-vous que votre statut a changé ?
“Oui, je le ressens à travers les sup-
porters. Quand je me balade à Bruxelles,
je me fais repérer plus rapidement
(sourire). Je sens que j’ai une place
importante dans l’histoire du club et
j’essaye de le rendre au mieux. Le fait
d’être déjà resté quatre ans à l’Union
prouve l’amour qu’il y a entre ce club et
moi. Mais je ne me sens pas encore
comme une légende du club. Pour cela,
il faudrait ramener un titre. Je pourrais
alors dire que je suis arrivé au début du
projet jusqu’à une certaine finalité.”
Le point noir de cette année civile
est le titre perdu face à Bruges.
Vous y pensez encore parfois ?
“J’y pense encore tous les jours, mais
pas de manière négative. Je prends cela
comme de l’expérience acquise. Quand
on voit Genk qui tire tout le monde cette
saison, pourquoi ne pas se mettre dans
la peau du Bruges de la saison dernière
en allant chasser le premier ? On veut se
servir de cette expérience pour grandir
et ne pas refaire les mêmes erreurs.
Repenser à cet épisode douloureux
permet d’être plus fort pour la suite.
Sans ce qu’il s’est passé face à Bruges la
saison dernière ou contre les Rangers en
début de saison, nous ne serions pas là
où nous sommes actuellement.”
En début de saison, vous avez reçu
le numéro 10. Qu’est-ce que cela
représente pour vous ?
“Cela a toujours été un rêve d’enfant
de jouer avec le 10. Dans mon esprit,
c’est le numéro du meilleur joueur de
l’équipe et celui de mon idole, Zidane.
Quand l’Union m’a proposé de le récu-
pérer, j’ai d’abord refusé. Car je voulais
garder le numéro 17 qui représente mon
premier contrat professionnel, ma
femme et mes enfants. Mais, après
réflexion, je me suis dit que cela allait
injecter du renouveau dans mon aven-
ture. Je n’ai pas envie que mon passage
à l’Union devienne banal. Cela m’a fait
du bien sans pour autant m’ajouter de
la pression supplémentaire.”
Nouveau numéro et aussi nouveau
coach : quel impact a eu la nomination
de Karel Geraerts sur vous ?
“Avec Felice Mazzù, j’avais déjà beau-
coup de responsabilités. Avec Geraerts,
j’ai le sentiment d’en avoir encore plus.
Il me donne certaines libertés offensives
que je n’avais pas avant et me rend tout
simplement meilleur. J’essaye de le
remercier pour cela via de bonnes
prestations.”
Auriez-vous imaginé, en début de saison,
être à la deuxième place du championnat
en fin d’année ?
“Honnêtement, non. Les gens ont
souvent voulu comparer cette saison
avec la saison dernière. Je ne sais pas si
nous sommes plus ou moins forts, mais
je sais que nous avons évolué et grandi.
Être encore en course en Coupe de
Belgique et finir premier de son groupe
en Europa League sont des détails qui
ne trompent pas. Personne ne s’atten-
dait à tout cela, même pas moi, et c’est
une réelle satisfaction de voir que nous
sommes encore au sommet.”
Vous avez joué l’Europe pour la première
fois en 2022 : quel regard portez-vous sur
ces matchs européens ?
“Si on m’avait dit il y a quatre ans, en
signant en D1B à l’Union, que j’allais
être capitaine et numéro 10 en Europa
League… (sourire). C’est un rêve qui
s’est réalisé et je pense avoir montré que
j’avais le niveau pour ce genre de com-
pétitions. Sans me prendre pour un
autre et sans me voir Ballon d’or, je crois
en moi et en mes qualités. Je sais de
quoi je suis capable et j’ai pu le montrer
en Europa League. Le match le plus
marquant ? La manche aller face aux
Rangers, à domicile. Tout était réuni
pour que cette soirée soit magique et
inoubliable, avec la victoire et un but de
ma part.”
En octobre dernier, vous avez prolongé
votre contrat jusqu’en 2025 : c’était
une manière de sécuriser votre situation
avant le mercato hivernal ?
“J’avais besoin de ressentir l’envie de
l’Union de me prolonger comme cadre
de l’équipe. En me rallongeant de plu-
sieurs années, le club m’a montré qu’il
comptait encore sur moi et je le vois
comme une forme de respect. Pour ce
qui est du mercato de janvier, sauf
bombe atomique qui tombe, je ne suis
pas sur la liste des départs.”
Ce serait pourtant compréhensible
de vous voir partir après quatre années
de bons et loyaux services…
“Peut-être, mais j’ai la sensation que
le club n’a pas envie de me laisser filer
et c’est plutôt flatteur. Si une offre ar-
rive, je laisse mes agents la gérer. Ac-
tuellement, je ne ressens pas l’envie de
partir, car tous les feux sont au vert ici.
Je n’ai pas envie de m’asseoir autour de
la table et de foutre le feu. On pourra
par contre discuter des objectifs du club
en vue de la saison prochaine, car j’ai
encore envie d’évoluer et de jouer l’Eu-
rope.”
Vous avez aussi connu une belle
évolution cette année avec l’équipe
nationale maltaise.
“Quand je suis arrivé en équipe natio-
nale, j’ai rapidement reçu des responsa-
bilités, car j’étais le seul joueur évoluant
dans un championnat de haut niveau.
Mais il a d’abord fallu laisser du temps
pour m’intégrer et pour que mes coéqui-
piers m’acceptent. Une fois qu’ils ont
compris que je n’étais pas venu à Malte
pour les vacances, j’ai pu prendre plus
de place dans le groupe et m’imposer
comme un vrai leader. Je ne porte pas le
brassard, mais c’est comme si je l’avais
autour du bras. En 2023, nous voulons
continuer à progresser et montrer au
monde entier que nous sommes capa-
bles de faire des bons résultats contre
des belles nations.”
Après cette année pleine, pensez-vous
au gala du Soulier d’or ?
“Ce n’était pas du tout quelque chose
que j’avais en tête, mais on m’en a parlé
ces derniers temps. Le simple fait d’être
invité à la cérémonie serait une belle
surprise et me rendrait fier, car cela ne
fait pas nécessairement partie de mes
plans. Ensuite, si je peux figurer dans le
top 5, ce serait une belle marque de
reconnaissance pour le travail effectué.”
Quel est votre plus grand souhait
footballistique pour l’année 2023 ?
“Je veux remporter un titre. Que ce
soit en championnat, en Coupe de
Belgique… ou en Europa League, mais il
ne faut pas trop rêver non plus (rires).”
Petit bémol : vous ne jouerez pas
le premier match de l’année, car vous
serez suspendu face à Anderlecht…
“Dès que j’ai reçu mon carton jaune
face à Ostende, j’y ai pensé… C’est
difficile de se gérer en match et de se
retirer de certains duels. Il fallait bien
que le cinquième carton jaune tombe et
il est arrivé. Mais j’ai confiance en
l’équipe qui sera prête pour ce duel face
à Anderlecht.”