Les Bruxellois ont réalisé un bel exploit
en revenant du diable vauvert.
Vous avez joué avec votre cœur !”
Lors de son speech
réalisé juste après le
coup de sifflet final au milieu
du terrain, Karel Geraerts avait
tout d’un entraîneur fier. Et il
pouvait l’être car ce que ses
hommes ont réalisé devant un
stade en feu a tout d’un véritable exploit. Qui aurait mis une
pièce sur un match nul après
le quart d’heure de jeu quand
le score était déjà de 0-2 pour
des champions de Belgique
évoluant à onze contre dix ?
Les joueurs de l’Union, peutêtre… “Oui, j’y croyais car il y a
toujours moyen de réaliser quelque chose”, lançait Ismaël Kandouss après la partie. “Même
avec un joueur en moins, nous
sommes capables de ne plus encaisser. Et avec la qualité qu’il y a
dans notre équipe, un but peut
toujours être marqué.”
C’est ce qu’il s’est passé avec
la réduction du score de Christian Burgess avant l’égalisa
tion de Bart Nieuwkoop dans
le dernier quart d’heure de
jeu. C’est déjà la cinquième
fois cette saison que l’Union
réussit à arracher au moins un
point en étant menée. Cela
avait été le cas lors de la première journée de championnat à Saint-Trond (1-1) mais
aussi à trois reprises en
Europa League (deux fois contre Braga et une fois contre
Malmö).
La saison dernière, l’Union
avait réalisé quelques remontadas spectaculaires comme
face à Seraing (4-2) ou contre
le Cercle Bruges (3-2). “Beaucoup de gens se disaient que
c’était fini et que le match était
bouclé, analysait Teddy Teuma.
Mais nous avons cette capacité à
croire en nos chances. Nous y
avons cru jusqu’à la fin. Avec
quelques minutes supplémentaires, nous aurions aussi pu arracher la victoire au mental. Avec
cette envie et cet engouement,
nous pouvons renverser n’importe quelle équipe. C’est très positif pour le futur.”
. Une vraie volonté
de gagner
Cet état d’esprit ne date pas
d’hier. Lors de son arrivée au
club durant l’été 2020, Felice
Mazzù a rapidement créé un
groupe de guerriers détestant
la défaite. Quand il a repris les
rênes de l’équipe l’été dernier,
Karel Geraerts n’a pas eu un
autre discours. “Je veux que les
joueurs aient toujours l’envie de
gagner, que ce soit un petit exercice à l’entraînement, un match
amical ou une rencontre européenne. Je suis très fier de la
réaction que l’équipe a eue face
à Bruges; elle a fait preuve de caractère. C’est très important d’en
avoir dans le football mais ce serait bien aussi de pouvoir marquer en premier sans devoir réagir ensuite (sourire).”
“Cet état d’esprit vient de notre personnalité, continuait
Kandouss. Nous avons tous un
passé compliqué et nous avons
tous dû batailler pour arriver là
où nous sommes. Cela se voit sur
le terrain. Nous avions déjà
montré dans le passé que nous
avions un mental d’acier. Même
quand c’est compliqué, nous
pouvons toujours revenir dans le
match.”
À la fin de son speech
d’après-match, Karel Geraerts
a été généreux : “Je vous donne
deux jours de congé !”
De quoi bien se reposer
après toute l’énergie dépensée
samedi soir et avant un nouveau match en Suède qui
pourrait déjà être décisif en
Europa League…
Malmö battu
Malmö, qui reçoit l’Union ce jeudi en Europa League, a perdu 2-1 contre Häcken alors qu’ils
jouaient à 11 contre 10 depuis la 50e
minute. De
son côté, l’Union Berlin qui se déplace à Louvain
pour y affronter les hommes de Geraerts lors de
la dernière journée de la phase de groupes, a
aussi perdu 2-1, contre Bochum. Mais les Berlinois restent premiers au classement.
Burgess 6,5 Mis en difficulté en début de
match, il réduit l’écart d’une belle tête croisée sur corner.
Averti pour un geste de mauvaise humeur, il est apparu
nerveux tout au long de la partie mais a réussi à tenir la
baraque défensivement.
Kandouss 7 Il s’est montré très à l’aise techniquement en réalisant quelques belles sorties balle au
pied. Défensivement, il a tenu le choc avec quelques récupérations importantes.
Nieuwkoop 7,5 Replacé dans la charnière défensive après l’exclusion d’Adingra, il a surtout dû défendre
mais il était à la bonne place pour égaliser de la tête en fin
de rencontre. Il sera suspendu au prochain match de championnat pour avoir pris sa cinquième jaune de la saison.
Teuma 7 Le capitaine a réalisé de nombreuses
récupérations dans le milieu du jeu. Son duel face à Nielsen valait le déplacement. Il a ajouté sa touche technique
et a mis de l’impact dans son jeu jusqu’à la dernière minute.
Boniface 6,5 Solide dos au but, il a beaucoup
donné pour l’équipe. Offensivement, il n’a pas su se montrer réellement dangereux face à Mignolet.
Lapoussin 7,5
Monté au jeu très tôt dans le
match après l’exclusion
d’Adingra, il a directement apporté un plus à l’équipe.
Techniquement au-dessus, il
donne l’assist sur l’égalisation de Nieuwkoop.
“Un point, ce n’est
pas mauvais…”
Pour Simon Mignolet, c’est tactiquement que
les Brugeois ont laissé échapper la victoire.
U ne avance confortable et
embarrassante à la fois.
Habitués à souffrir mais à tenir bon, comme en Ligue des
champions et à Anderlecht,
les Brugeois ont eu droit à
une situation inédite : défendre avec le ballon. Le plus dur
était censé être fait au quart
d’heure de jeu, avec ces deux
buts d’avance et la supériorité
numérique, dans un schéma
de jeu qui fonctionnait bien,
avec des flancs doublés, dans
un 4-3-3.
“Ce n’est pas une question de
nonchalance, mais bien tactique”, réagissait Simon Mignolet après le partage. “C’était le
scénario de rêve, ce début de
match. Chapeau à l’Union, parce
qu’elle y a cru. Mais si on ne
donne rien à notre adversaire, il
ne peut rien faire. Ce point est finalement satisfaisant, car l’opposition est toujours très costaude. Mais il faut être honnête,
on devait empocher les trois
points.”
Plusieurs options étaient
possibles pour les visiteurs.
Continuer à attaquer pour enfoncer le clou. “Mais alors on se
serait exposés aux contre-attaques de l’Union, leur point fort.”
Geler le ballon en le conservant en défense. C’est ce que
Mignolet préconisait par moments. Quand le gardien avait
le ballon en main, ses offensifs s’empressaient de faire
des appels en profondeur. Il a
toujours refusé cette piste, demandant du calme, pour baisser le rythme de la rencontre
et empêcher les Bruxellois de
l’emballer.
“Ce qui a le moins bien fonctionné ce samedi soir, c’était notre possession de balle, analysait Carl Hoefkens. On devait
montrer davantage. C’est une leçon qui coûte cher, mais qui est
importante pour notre évolution. La conséquence, c’est que
nous avons subi la pression des
Unionistes. Nous ne sommes pas
habitués à cette ambiance. Il y
avait le feu au stade Marien et
beaucoup d’espoir du côté des
supporters et des joueurs. Ils
n’étaient pas du tout abattus. Ce
contexte a été difficile à gérer
pour nos jeunes joueurs.”
Les Blauw en Zwart ont en
effet perdu le contrôle des débats à certains moments. Sur
l’égalisation, le ballon est
perdu dans le dernier tiers local et l’équipe est en déséquilibre, suite à une contre-attaque rapide. Qui se termine
par un centre de Lapoussin et
une défense perdue, avec la
tête de Nieuwkoop (80e
). Alors
que la réduction de l’écart
était tombée sur corner. Le
bloc qui a résisté ces dernières
semaines n’a pas été assez
compact. Et les offensifs n’ont
pas été assez dangereux, malgré 70 % de possession de
balle.
La dernière option, c’était finalement de laisser le ballon
aux Unionistes. Jutglà, Skov
Olsen et Buchanan auraient
pu bénéficier de davantage
d’espace, en contre-attaque.
L’Espagnol a d’ailleurs eu
deux fois l’occasion de tuer
tout suspense. La plus franche
a été annihilée par la sortie
lointaine et surprise de Moris.
Le risque, c’était aussi d’exposer les défenseurs et d’être
pris par l’enthousiasme du
public.
Finalement, c’est quand
même un sentiment de gâchis
qui prédominait dans le camp
brugeois, alors que les deux
premiers au classement s’affrontaient ce dimanche. Une
occasion ratée de se rapprocher de la tête… et d’éloigner
un concurrent direct, l’Union
Saint-Gilloise.