Révélation louvaniste, l’ailier droit ne devrait pas
faire long feu en Pro League.
Le “Messi jordanien”. Voilà
comment plusieurs médias
de Jordanie qualifient Mousa
Al-Tamari. L’actuel ailier droit
d’OHL cartonne à Louvain où il comp-
tabilise 100 % de temps de jeu cette
saison (trois buts et un assist).
Portrait de la révélation louvaniste
de 25 ans passée par Chypre avant
d’exploser en Pro League.
. Un transfert
courageux vers l’Europe
Originaire d’Amman, la capitale,
Mousa Al-Tamari entame sa carrière
professionnelle dans sa ville natale, à
Shabab Al-Ordon, à 19 ans. “C’est un des
meilleurs clubs du pays, nous explique
Mohammad Elidy, spécialiste du foot-
ball jordanien. Ses performances lui ont
permis d’être rapidement appelé en
équipe nationale puis de rejoindre un
autre grand club de Jordanie, Al-Jazeera
Club. À cette époque, il était de loin le
meilleur joueur du championnat. C’est le
genre de joueur très rapide qui peut pu-
nir un adversaire sur une contre-attaque
et qui peut aussi surprendre avec une
frappe depuis l’entrée du grand rectan-
gle, dans le style d’Arjen Robben.”
Rapidement, le championnat jorda-
nien devient trop petit pour celui qui
poursuit sa carrière à l’APOEL Nicosie,
à Chypre. “C’est très rare que des foot-
balleurs jordaniens aillent jouer en Eu-
rope car ils préfèrent le plus souvent les
championnats du Golfe qui payent
mieux, continue Mohammad Elidy. En
rejoignant Nicosie, Al-Tamari a fait un
énorme pas en avant, très courageux.”
Sa première saison est couronnée
de succès : 10 buts et un titre de cham-
pion. Élu meilleur joueur de la saison,
Al-Tamari est adulé par les supporters
qui créent une chanson en son hon-
neur. “À Chypre, il était vu comme un
joueur individualiste pouvant faire la
différence à tout moment, analyse Jo-
han Walem, ancien sélectionneur de
Chypre. C’est parfois difficile de gérer un
joueur de ce type dans un collectif car ne
faire que des actions individuelles n’est
pas toujours bien vu. Aujourd’hui, c’est
un joueur d’équipe qui fait beaucoup
plus d’efforts pour le collectif. Sa vitesse
était l’une de ses qualités, comme son
dribble et sa finition en un contre un. Ses
lignes de courses étaient aussi très inté-
ressantes.”
Malgré un intérêt de plusieurs
clubs, dont des équipes de Serie A, Al-
Tamari reste une deuxième saison à
Nicosie et en profite pour affronter Sé-
ville ou encore Bâle en Europa League.
En championnat, le Jordanien se mon-
tre assez inconstant et l’APOEL finit à
une inhabituelle troisième place.
. À Louvain grâce
aux voyages de Brys
En octobre 2020, le joueur rejoint la
Belgique grâce à… la femme de Marc
Brys, qui a vécu à Chypre quatre ans.
Pendant l’un de ses séjours sur l’île,
celui qui entraîne alors le Beerschot
remarque Al-Tamari. Passé à Louvain,
Brys n’a pas oublié le Jordanien qui si-
gne un contrat de trois ans contre un
million d’euros. “Il avait surpris tout le
groupe dès le premier entraînement, ra-
conte Pierre-Yves Ngawa, son actuel
coéquipier. Il avait un niveau technique
très élevé et sa vitesse était surprenante.
Le problème est qu’il jouait beaucoup
pour lui sans toujours réaliser ses tâches
défensives.”
Onze fois titulaire lors de sa pre-
mière saison, Al-Tamari n’est décisif
qu’à deux reprises avec un but et un
assist. “Il a dû comprendre la philoso-
phie du football belge, qui est très rude
avec beaucoup de contacts, explique
Joachim Mununga, entraîneur assis-
tant à Louvain. Tactiquement, il n’avait
pas non plus le même rôle qu’à Nicosie.
Mousa a beaucoup travaillé dans l’om-
bre pour atteindre le niveau qu’il a ac-
tuellement et a vécu une transformation
physique importante. Il a un talent natu-
rel mais c’est un gros travailleur.”
. Plus efficace
Celui qui est très croyant et qui se
rend souvent à la mosquée de Louvain
a l’habitude de rester sur le terrain
après les entraînements pour tra-
vailler sa finition avant de rentrer à
pied, lui qui habite tout près du cen-
tre d’entraînement. Et le travail a fini
par payer puisqu’il est l’une des belles
révélations de ce début de saison.
“Lors de la préparation d’avant-saison, il
a été incroyable, se rappelle Ngawa. Je
me suis dit que cela allait être la saison
de Mousa. Il a pris une autre dimension
dans le groupe et arrive à être concret :
avant, il dribblait quatre joueurs mais
n’arrivait pas à être décisif dans la fou-
lée. Vu ses qualités, il pourrait faire en
sorte que chacune de ses actions soit dé-
terminante.”
L’international jordanien est très
ambitieux. Et tout porte à croire qu’il
ne fera pas long feu à Louvain s’il con-
tinue sur sa lancée. “Il s’est bien intégré
à la vie belge et cela se sent sur le terrain
où il rayonne, conclut Joachim Mu-
nunga. Ce qui m’impressionne le plus,
c’est qu’il est très rapide sans ballon
mais qu’il ne perd pas de vitesse balle au
pied. Il a progressé défensivement et con-
tinue d’être présent offensivement. Sa ré-
pétition des efforts est aussi impression-
nante. Il mériterait d’aller plus haut dans
le futur.”