Guillaume François revient sur le début
de saison de l’Union et sa prolongation de
contrat qui lui permet de retrouver l’Europe.
Guillaume François
retrouve l’Europe. Le
Gaumais, qui l’avait
connue brièvement
avec Charleroi en 2015, dis-
pute cette campagne histori-
que avec l’Union, où il a pro-
longé l’aventure pour au
moins deux ans, cet été. À
32 ans, après avoir connu la D1
amateurs, c’est une belle re-
vanche.
Guillaume, comment évaluez-
vous le début de saison de
l’Union ?
“Globalement, positivement.
Il y avait pas mal d’inconnues
avant de commencer. Il y a eu
du renfort dans chaque ligne
sans trop élargir le noyau.
Souvent, quand un club explose
en deux ans comme nous, la
troisième année est compliquée.
Là, on est toujours dans le bon
wagon, même si la défaite
contre Genk est regrettable.
Côté Europe, cette victoire à
Berlin fait que la pression est
proche de zéro et chaque point
qu’on va prendre sera inat-
tendu. C’est l’Europa League,
quand même, on doit avoir un
des plus petits budgets de la
compétition.”
Mais il y a toujours eu défaite
après les trois belles victoires
contre les Rangers, Anderlecht
et Berlin. Il faudra faire mieux,
à cet égard, non ?
“On ne méritait pas de perdre
contre Genk dimanche et je vois
ça comme un progrès, même s’il
faudra faire mieux. Les grands
clubs ne jouent pas très bien
après un match européen, mais
prennent des points quand
même.”
Entre le championnat et
l’Europe, où est la priorité ?
“L’objectif est de jouer tous
les tableaux à fond. OK, c’est
facile à dire. Le jour où on
décrochera dans un tableau, on
se concentrera sur celui qui
reste. Mais avec cette victoire à
Berlin, on sait qu’on restera
dans la course assez longtemps
en Europe. Et on est toujours
dans le bon wagon en cham-
pionnat.”
Que devez-vous viser, en cham-
pionnat, en tant que vice-cham-
pion ? On entend parfois
“L’Union reste un petit club”,
mais n’est-ce pas trop timide ?
“On reste un petit club qui est
en train de grandir, mais au
niveau du foot proposé, on a
prouvé qu’on peut jouer dans la
cour des grands. La réalité, c’est
que beaucoup de grands clubs
se sont renforcés cette année et
que la bataille pour les playoffs
1 concerne huit ou neuf équipes.
Je nous compte dedans : on a
perdu trois joueurs importants
(NdlR : Undav, Nielsen et
Mitoma), ce n’est pas un exode,
et ils ont été remplacés. On a ce
qu’il faut pour jouer les pre-
miers rôles. On ne peut plus se
considérer comme une petite
équipe et on veut se battre avec
les grands pour rester là-haut,
c’est-à-dire dans le top 4.”
Bart Nieuwkoop s’est blessé
dimanche, ce qui devrait vous
donner un peu plus de temps de
jeu. Vous n’en avez pas beau-
coup eu, encore, cette saison.
“Mon rôle est clair et je l’ac-
cepte. J’aurais pu jouer à Mali-
nes (NdlR : entre les deux
matchs des Rangers), mais
j’étais blessé ce jour-là. Mais je
suis là, prêt si l’entraîneur fait
appel à moi et j’espère recevoir
du temps de jeu.”
Vous avez prolongé de deux ans
cet été. Comment voyez-vous
la suite ?
“L’Union me correspond, donc
j’avais envie de rester. C’était
une proposition qui me permet-
tait de pérenniser mon avenir à
32 ans, dans le but de continuer
ici le plus longtemps possible.
J’ai évidemment encore l’ambi-
tion de jouer un maximum,
mais avec la maturité, on met
plus facilement l’équipe devant
son cas personnel. Je suis aussi
des cours d’entraîneur. J’ai le
diplôme UEFA B et je suis en
train de passer l’UEFA A. Puis on
verra en fonction des opportu-
nités. J’ai déjà discuté avec
l’Union de l’après-carrière et le
but c’est de rester dans le club
le jour où j’arrêterai. Mais pas
forcément dans deux ans,
peut-être après.”
Vous resterez donc dans
le milieu du foot après
votre carrière de joueur ?
“C’est peut-être de la facilité
et il y a des côtés négatifs au
niveau de la vie de famille,
mais oui. Je suis persuadé que,
si je le quitte, il va me manquer
terriblement. Je suis les cours en
me disant qu’autant avoir les
diplômes en poche si une op-
portunité se présente. Je ne dis
pas : ‘C’est sûr, je me vois
devenir entraîneur’. Je veux
d’abord jouer encore quelques
années si le corps et les contrats
suivent. Puis on verra. J’ai aussi
un baccalauréat en comptabi-
lité option gestion, que j’avais
pu suivre en cours du soir
quand j’étais à Mouscron, à
dix-huit ans. Mais on prend vite
du retard dans ce domaine si
on ne reste pas à jour et je ne
vais pas vous cacher que je ne
me suis pas vraiment mis à
jour…”
Comme aîné du groupe, vous
jouez aussi un rôle important
dans le vestiaire, pour épauler
les jeunes.
“J’aime bien ce rôle. Il y a
quelques très jeunes qui sont
arrivés comme Arnaud Dony
(18 ans) ou Simon Adingra (20).
Il faut les encadrer. Ce sont de
bons gars, mais il faut leur
donner les bases et les bonnes
directions à suivre. On ne man-
que pas de leaders qui tirent le
groupe sur le terrain, moi
j’essaie d’aider en dehors.”
Avec une concurrence forte
cette saison. Par exemple,
le jeune Arnaud Dony n’a pas
pu être inscrit sur la liste UEFA,
faute de place…
“Oui, il y a des moments plus
durs à gérer parfois. On signe à
l’Union qui est européenne…
mais en fait, il n’y a pas de
place pour tout le monde sur la
liste UEFA. Ce sont des petits
échecs personnels qui font mal
pendant deux ou trois jours,
puis il faut se remettre dedans.
Dans le cas d’Arnaud, il a signé
ici pour trois ans plus deux en
option, donc je suis là aussi
pour parler avec lui et lui faire
comprendre que s’il n’est pas
sur la liste aujourd’hui, ce sera
pour demain. Mais il a la tête
sur les épaules. Puis quand
vous appréciez vos collègues,
vous avez envie de leur remon-
ter le moral.”
L’an passé, vous étiez, avec
Damien Marcq, les premiers
remplaçants. Ceux qui doivent
pousser les titulaires vers le
haut.
“Pour l’entraîneur, c’est inté-
ressant de pouvoir faire monter
au jeu des gars plus expérimen-
tés, qui savent qu’il ne faut pas
commencer à partir en dribbles
quand on veut conserver un
résultat serré. Simon (Adingra),
par exemple, est parfois monté
en voulant réaliser une action.
C’est sa qualité première, mais
ce n’est pas forcément ce qu’il
faut faire à 1-0 en fin de match.
C’est aussi un rôle qu’on rem-
plissait avec Damien l’année
passée ; il le fera à Charleroi
maintenant. J’étais un peu déçu
de le voir partir, il était apprécié
dans le groupe. Je ne critique
pas le choix de la direction qui
construit un noyau de façon
intelligente, mais il faisait du
bien dans le vestiaire à ce
niveau aussi.”
Rejouer l’Europe à 32 ans,
c’est une victoire personnelle,
après quelques années dans
des divisions inférieures ?
“Remonter en D1 en était déjà
une. Je m’étais dit : ‘Il faut que
je retrouve la D1.’ Quand vous
êtes tout en haut, vous croyez
que ça y est, vous êtes arrivé.
Mais quand vous êtes en bas,
vous comprenez que c’était
mieux en haut. Pouvoir retrou-
ver la D1 et un ticket européen à
32 ans… c’est une grosse satis-
faction et j’espère finir ma
carrière à ce niveau. C’est
encore plus agréable après
avoir expérimenté le niveau
inférieur. Redescendre en D1
amateurs (NdlR : en 2018) avec
Antho (Moris) et toute la clique
de Virton, c’était retrouver le
foot que j’allais voir quand
j’étais gamin. Ces matchs de P1
auxquels j’assistais dans les
villages de la province du
Luxembourg. Et puis je savoure
encore plus, quatre ans après,
quand je prends un avion privé
pour aller à un match à Berlin.
J’avais l’opportunité de prolon-
ger un an au Beerschot en 2018.
Je ne sais pas où j’en serais
aujourd’hui si je l’avais fait.
C’est la beauté du foot.”
“J’espère pour Felice qu’il a un groupe
aussi réceptif que ne l’était le nôtre”
Guillaume François a perdu un T1 avec lequel il avait une
relation à part, cet été. Le départ de Mazzù lui a fait quelque
chose, il ne le nie pas. “J’étais triste et déçu que nos routes
se séparent, car j’adore travailler avec Felice. Et avec les
autres membres du staff partis aussi d’ailleurs ; je parta-
geais la route avec Laurent (Deraedt) quand on était à Vir-
ton ensemble. Mais Felice m’a donné ses arguments par la
suite et je le comprends. Neuf personnes sur dix dans son
cas auraient fait pareil. Je ne dirai jamais que c’est un mau-
vais choix, peu importent les résultats qu’il obtient.” Des ré-
sultats qui ne sont pas à la hauteur des attentes pour le mo-
ment. “J’espère qu’il a un groupe aussi réceptif que le nô-
tre, c’est nécessaire avec sa méthode. Vu ses diverses
expériences là où il est passé, il sait comment s’adapter et il
sait qu’il a mis les pieds dans le plus grand club de Belgi-
que. Après, il faut reconnaître que ce ne sont pas les
meilleures années d’Anderlecht non plus. Mais oui, il y a tout
de suite de la pression après quelques mauvais résultats,
comme en ce moment. J’espère qu’il sait mettre sa cara-
pace, car c’est quelqu’un de très émotif et tout le touche ra-
pidement. Mais il a une expérience qui doit lui permettre de
se couvrir de tout ça. J’espère pour lui que ça fonctionnera.”
“Pas d’arrogance”
Une nouvelle victoire de l’Union lui offrirait
une belle perspective de qualification.
L a victoire de la
première jour-
née à Berlin permet à
l’Union de partager
la première place de
son groupe avec
Braga. Une autre ce
jeudi permettrait
aux joueurs de Karel
Geraerts de reléguer
Malmö, battu la se-
maine passée, à six
points. Autant dire que le top
3 du groupe (le troisième est
reversé en Conference Lea-
gue) serait quasiment assuré.
“Il y aura encore quatre
matchs après, tempère le T1.
La Coupe d’Europe reste une
découverte pour nous. On ne va
pas changer notre façon de
jouer parce qu’on a gagné le
premier match. Sur papier, on
est même les moins forts de ce
groupe, il ne faut pas oublier
qu’on était dans le pot 4 au ti-
rage. On ne doit pas être arro-
gants. On peut être fier du ré-
sultat à Berlin, mais on a un
autre match de nonante minu-
tes qui nous attend.”
Le Suédois de l’Union Gus-
taf Nilsson, qui a affronté
Malmö lorsqu’il jouait à Falk-
enberg et Häcken, ne sous-es-
time pas ses compatriotes :
“Cela reste toujours une des
meilleures équipes de Suède. Je
m’attends à un match pas fa-
cile face à une équipe qui joue
un football direct.”
Une victoire permettrait à
l’Union d’imiter Bruges,
auteur d’un six sur six inat-
tendu, mais en Ligue des
champions, celui-là. “Le Club
a surpris beaucoup de
monde, comme nous
avec notre résultat à
Berlin de la semaine
passée. C’est bien
pour le foot belge.
Peut-être que c’est
juste un moment pas-
sager, je ne sais pas.
On verra ce que ça si-
gnifie dans le futur.
Mais au niveau du
court terme, c’est bien. Quand
on parle du foot belge, on parle
beaucoup de l’équipe natio-
nale. C’est plus compliqué
quand on parlait des clubs, ces
derniers temps, donc c’est une
bonne chose. On fait ce qu’on
doit faire et on montre qu’on
peut accomplir de bonnes cho-
ses.”
UNION SG
Vanzeir : stop ou encore ?
Réserves : 21. Pirard, 14. Imbrechts,