Belga / Virginie Lefour
Face à Malmö ce jeudi soir, l’Union pourra se reposer sur Loïc Lapoussin, son homme en toute grande forme auteur d’un but contre Genk ce week-end. Un joueur qui ne doute jamais, les épreuves de la vie lui ayant forgé un caractère à toute épreuve. prevnext
Une semaine après son exploit à Berlin, l’Union Saint-Gilloise a une magnifique opportunité de doubler son nombre de points dans son groupe D. Et ce, face à une équipe de Malmö certes championne en titre de Suède mais dans de bien mauvais draps cette saison (elle n’occupe que la 5 e place en Allsvenskan). Une rencontre qui, sur papier, pourrait être une des plus abordables du groupe. « Mais si Malmö se retrouve en Europa League, c’est qu’il en a les qualités. C’est peut-être l’équipe la moins connue de notre groupe, après nous. Mais il faut respecter cet adversaire », tempère Loïc Lapoussin. L’international malgache qui pourrait bien glisser sur le flanc droit ce jeudi et y remplacer Bart Nieuwkoop, forfait pour cette rencontre. « Pour moi, cela changerait un peu mes habitudes car j’ai plutôt tendance à rentrer sur mon pied droit. Mais je suis aussi capable de rentrer sur mon pied gauche. »
Ce qu’il a prouvé face à Genk ce dimanche, scorant un superbe but, du gauche. Sa première réalisation depuis… le 2 octobre 2021, soit il y a près d’un an. « Je sais que je suis un joueur qui n’a pas les statistiques auxquelles les gens s’attendent. Et c’est peut-être pour cela qu’on parle un peu moins de moi. Mais à force de jouer, les gens se rendent compte que j’apporte autre chose à mon équipe. »
Un apport qui a sauté aux yeux lors des premières rencontres européennes de l’Union. Lapoussin ayant en effet été éblouissant contre l’Union Berlin et à l’aller face aux Rangers au début du mois d’août. Comme si la pression des grands rendez-vous coulait sur lui, tellement le joueur semble des plus relax sur un terrain. Et ce, en toutes circonstances. « En fait, avec tout ce que j’ai subi par le passé dans ma vie, je ne peux plus avoir de pression. »
Car, comme bon nombre de joueurs de l’effectif saint-gillois, Loïc Lapoussin a eu un parcours tortueux, semé d’embûches. Il a dû en faire du chemin avant de pouvoir prendre part, pour la toute première fois de sa carrière, à la coupe d’Europe. Né le 27 mars 1996, il perd son père à l’âge de quatre ans. « J’aurais aimé qu’il soit là pour vivre à mes côtés tout ce que je suis en train de réaliser. Mais je sais que, de là où il est, il est satisfait de moi et de l’homme que je suis devenu. Le fait d’avoir grandi sans lui a en tout cas été une force. »
Jusqu’à sa majorité, c’est à Fontenay en banlieue parisienne qu’il grandit, à cinq kilomètres seulement de Bondy, le « fief » d’un certain Kylian Mbappé. « Mais même si on vient du même coin, nos parcours ne sont pas comparables. Car il est parti très jeune en centre de formation, contrairement à moi. »
Loïc Lapoussin n’est en effet jamais passé par les réputés centres de formation français. Jusqu’à ce qu’il se fasse repérer par un club professionnel. « Je menais ma petite vie tranquille. Je prenais mon plaisir sur un terrain de foot. Je jouais en Division d’Honneur dans la région parisienne lorsqu’un superviseur de Nantes m’a repéré. Je suis parti faire un essai là-bas. Cela s’est bien passé et j’ai signé un contrat de stagiaire professionnel. »
Mais son aventure en Loire-Atlantique allait rapidement tourner au vinaigre. « Lors de ma première année seniors, je n’ai pas joué pendant un an. J’ai eu une blessure au genou et on a voulu m’opérer des ligaments croisés. Mais en réalité, ce n’était pas les croisés. Plein de garçons auraient arrêté le foot à ma place. Mais pas moi. »
De quoi lui forger le caractère. « J’ai toujours aimé le foot et je me suis dit que ce n’était pas parce qu’un coach ne voulait pas me donner ma chance que je devais arrêter. J’avais deux options. Soit je montrais que j’étais faible mentalement et je lâchais. Soit je prouvais que j’avais du caractère et que je ne méritais pas cela. Et c’est cette deuxième option que j’ai choisie. »
Un choix judicieux qui l’aura finalement conduit jusqu’à l’Europa League avec l’Union Saint-Gilloise, tout en passant par le Red Star et Virton. « Alors aujourd’hui, quand j’arrive dans un stade rempli, je ne peux plus avoir de pression après tout ce que j’ai vécu… Ce n’est plus que du plaisir, plus que du bonus. »
Devant les tribunes d’un King Power très bien garnies ce jeudi soir, les jambes de Lapoussin ne trembleront donc certainement pas. Au contraire, elles pourraient à nouveau faire des ravages sur son flanc. À voir s’il s’agira du gauche ou du droit.