FRANÇOIS DEHUT
Une pièce de théâtre avec des vrais supporters de foot – de Lens et de l’Union Saint-Gilloise –, c’est ce que propose le metteur en scène Mohamed El Khatib au Théâtre National, ce 16 et 17 septembre à 20h45. next
Imaginez une scène de théâtre aux allures de stade de foot. Un gradin occupé par des supporters, un autre en face par des spectateurs. Deux mi-temps, un entracte, des frites, de la bière. Et des gens qui racontent à Mohamed El Khatib leur passion absolue pour le club de foot. Voici à quoi vous pourriez assister en allant voir «
Stadium
» au Théâtre National. «
C’est comme si on prélevait un morceau du stade pour le mettre dans le théâtre
», raconte le metteur en scène. Si le spectacle n’est pas neuf (il a été créé en 2018), c’est la première fois qu’on y retrouvera des supporters bruxellois.
En fait, Mohamed El Khatib a en quelque sorte voulu rendre hommage à son père en traitant sa passion du foot et du Real de Madrid, «
alors que j’avais déjà fait un spectacle, puis un film, sur ma mère
».
Dans sa création, l’artiste convie une cinquantaine de supporters du Racing Club de Lens et leur donne la parole. «
Je suis passionné de foot et de théâtre et ce sont des publics qui ont plus de similitudes que ce qu’on peut imaginer. Il y a une vraie mixité sociale dans un stade de foot, et j’aimerais beaucoup la retrouver dans le théâtre.
»
«
Ça reste très vivant
»
Pour préparer sa pièce, Mohamed El Khatib a passé beaucoup de temps en immersion avec les supporters de Lens. «
Je pars de leurs témoignages et ils les rejouent sur scène. Soit de façon très précise, soit avec des canevas et beaucoup d’improvisation. Ça reste très vivant.
»
Avec, à une différence près, des supporters de l’Union pour donner la réplique aux Lensois. «
Ce sont des clubs un peu similaires, avec des fortes valeurs antifascistes, de l’engagement social. Sur scène, il y a aussi un vrai arbitre, à qui il est arrivé une mésaventure au Racing Club de Lens. C’est un espace sociologique et festif.
»
Avec en face de vous donc, des gens qui ne sont pas des acteurs «
et qui ne s’embarrassent pas des codes, qui ne cherchent pas à produire des effets. Il y a une forme de naturalisme assez puissante, une force collective.
»
«
Réuni par un lien social
»
On y évoquera quelques souvenirs de l’Union Saint-Gilloise, qui avait par exemple humilié Anderlecht en Coupe de Belgique 0-3. Parmi les supporters, il y aura Robert, pour qui l’expérience sera très, très particulière. L’homme a en effet travaillé dix ans au Théâtre National. «
Je suis déjà ému quand j’y reviens, alors être sur scène.
» Il nous promet de beaux moments et des chants aussi.
«
Je pense que le metteur en scène cherchait à trouver le club le plus sympa dans la ville. Celui qui ne se prend pas au sérieux, qui a d’autres valeurs que le foot, qui est anti-raciste. Il voit bien que dans notre groupe, il y a des gens de religion, de classe sociale et politiquement très différentes, mais que tout le monde est réuni par un lien social.
»
Robert a hâte de rencontrer les supporters lensois «
et leurs chants qui donnent la chair de poule
». Les supporters de l’Union, eux, pourront leur faire découvrir ce qui, selon Robert, les distingue de tous, le sens de la Zwanze qui les caractérise si bien.