Anthony Moris et les Unionistes ont retenu la leçon de l’élimination face aux Rangers.
Sébastien Smetsprev
En cette fin de grandes vacances, Anthony Moris a toutes les raisons de se réjouir. Heureux papa d’un deuxième enfant depuis un mois, il a prolongé cette semaine son contrat à l’Union jusqu’en 2026. Et ce week-end, il s’apprête à retrouver Felice Mazzù, son ex-coach avec lequel des liens très profonds se sont tissés au cours des deux dernières saisons. C’est dès lors tout sourire qu’il lance le derby bruxellois. Une rencontre qui s’annonce des plus bouillantes.
Anthony Moris, le retour de Felice Mazzù au Parc Duden est naturellement sur toutes les lèvres. Mais vous, les joueurs de l’Union, en parlez-vous aussi dans le vestiaire ?
Oui car cela va assurément nous faire quelque chose de voir notre ancien coach à succès sur le banc d’en face. Même si on était bien conscient que ce genre de situation pouvait arriver dans le monde du foot…
Retrouver votre ancien entraîneur vous donnera-t-il une dose de motivation supplémentaire ?
Non car, quand tu es un compétiteur, tu n’as pas besoin de cela pour te motiver. On sait très bien ce que représente un derby pour les supporters et pour la ville. C’est cela notre plus grande source de motivation.
Avez-vous eu des nouvelles de lui dernièrement ? L’avez-vous revu depuis son départ il y a près de trois mois ?
Il nous a envoyé des messages pour nous souhaiter une bonne saison en championnat et en Europe. À titre personnel, Felice est devenu un proche, quelqu’un que j’apprécie profondément en tant qu’humain. Cela va donc bien au-delà du monde du football.
Revenons sur son départ chaotique de l’Union. À l’époque, quand et comment avez-vous appris la nouvelle ?
On l’a appris lors du dernier match de championnat. On sait qu’il a vraiment hésité jusqu’au bout. Mais on était naturellement bien conscient qu’il allait être fortement courtisé. Car c’est quelqu’un qui plaît énormément, peu importe où il se trouve. Il est chaleureux et respectueux. Des qualités rares dans le monde du football.
Avez-vous compris son départ ?
Je me suis mis à sa place et, oui, j’ai compris son choix. Il avait la possibilité de travailler dans un club plus proche de chez lui, car nous nous entraînons à Lierre. On lui proposait un challenge excitant avec un très bel outil de travail, et également une bonne académie. Il avait de nombreuses raisons d’accepter cette proposition.
Comment le groupe a réagi à cette nouvelle ?
On a compris son choix. Felice, on l’avait retrouvé meurtri après son passage à Genk. Et grâce à l’Union, il a retrouvé le goût et la passion d’entraîner. Il a retrouvé ce feu. Et on sait que cela le marquera à vie.
Pensez-vous qu’il puisse réussir à Anderlecht ?
Les résultats du début de saison prouvent que ce qu’il a mis en place est costaud, que cela tient la route. Il a réalisé le meilleur départ du RSCA depuis bien longtemps. Nous, on connaît la méthode Felice. On sait comment il s’y est pris pour que son groupe adhère à ses principes. Mais je reste toutefois persuadé que les deux années qu’il a vécues avec nous, il ne revivra pas cela ailleurs.
Avez-vous compris les critiques qui se sont abattues sur lui à son arrivée à Anderlecht ? Une partie des supporters doutait qu’il soit la bonne personne pour le RSCA…
Avec Kompany, Anderlecht jouait bien au foot mais les résultats ne suivaient pas. Et au final, c’est cela qui est important. Le bilan comptable est aujourd’hui satisfaisant. Et le beau jeu, lui, viendra au fur et à mesure. Mais au final, Anderlecht se doit de gagner. C’est aussi simple que cela.
En quittant l’Union pour Anderlecht, Mazzù a aussi emmené une partie de son staff dans ses bagages. Avez-vous trouvé cela dérangeant ?
Non car c’est normal qu’il ait eu envie de rester avec des gens en qui il avait confiance. Si j’étais entraîneur, j’aurais fait exactement la même chose.
Mais vous, personnellement, avez été directement impacté. Car l’entraîneur des gardiens avec qui vous travailliez depuis près de quatre ans, Laurent Deraedt, a lui aussi rejoint le RSCA…
Effectivement. Mais lorsque Laurent m’a informé de sa décision de suivre Felice, je l’ai compris. C’était une chance pour lui de bosser là-bas et de rester au contact de Felice. Je lui ai dit que, peu importe ce qu’il déciderait, il ferait le bon choix, qu’il reste ou qu’il parte.
C’est Logan Bailly qui l’a remplacé. Comment se passe votre collaboration ?
Notre relation est excellente sur et en dehors du terrain. Logan est quelqu’un qui peut m’apporter toute son expérience. Sans manquer de respect à Laurent Deraedt, on peut parler du haut niveau avec Logan car il l’a lui aussi connu. On le voit dans ses analyses de match. Il met l’accent sur certains points qu’il voit en tant qu’ancien joueur. Et puis, on a parfois besoin de bousculer sa zone de confort. Cela m’a permis de me remettre en question et de découvrir une nouvelle méthode.
Pour en revenir à Felice Mazzù, comment s’étaient passés vos premiers contacts avec lui ? À quand remontaient-ils ?
Lorsque j’étais à Virton, il m’avait téléphoné pour me demander si j’étais intéressé par l’Union. À la base, j’avoue que je n’étais pas trop fan de cette idée. Car j’avais le cœur à Liège et au Standard, et lui avait été coach de Charleroi. J’avais réagi comme un supporter (sourire). Mais je me suis ensuite renseigné sur lui, et je n’ai eu que des excellents échos. On s’est petit à petit fort rapproché et il est un peu devenu comme un père pour moi. Notre relation ne se limitait pas qu’au terrain. C’est un bon vivant, qui a besoin de rire et qui est très agréable à côtoyer au quotidien.
En quoi avez-vous progressé sous ses ordres ?
Felice apportait beaucoup d’importance aux sorties de balle depuis la défense. Il insistait fort pour que je participe au jeu. Et puis, dès le départ, il m’a parlé en me disant que même si je n’étais pas son capitaine, je devais toutefois être aussi son relais sur le terrain. Cela m’a insufflé beaucoup de confiance et m’a donné encore plus envie de me battre.
C’est désormais Karel Geraerts qui a pris le relais. Un coach qui donne l’impression de travailler dans la continuité de son prédécesseur.
C’est un peu normal vu que le groupe n’a pas vraiment changé. Il n’avait pas réellement d’intérêt de chambouler cette méthode ainsi que son approche tactique et mentale.
Comment analysez-vous le début de saison de l’Union ?
Le match qui m’a le plus marqué depuis l’entame des hostilités, c’est celui contre Courtrai. Car c’était le match de la réaction après la déception face aux Rangers. Beaucoup auraient été au bout du rouleau, se seraient écroulés. Pas nous. On a été dominant et c’est de bon augure pour la suite. Cela prouve que l’équipe est prête à enchaîner les matches. Dans le vestiaire, j’ai expliqué qu’il allait être facile de se motiver pour les matches de championnat. Car on veut revivre la Coupe d’Europe l’année prochaine. Et pour y arriver, cela passera par des bonnes performances en championnat.
Vous évoquiez ce fameux match retour face à Glasgow. La déception est-elle encore présente au sein du groupe ?
La chance en football, c’est qu’on peut rapidement se reprendre et remettre l’église au milieu du village. Notre groupe déteste la défaite, que ce soit à l’entraînement ou en match, et on sent que cette âme est toujours bel et bien présente dans l’équipe. Et ce, même s’il y a eu des changements durant l’intersaison.
À titre personnel, vous aviez commis une erreur sur le troisième but des Rangers. Y pensez-vous encore ?
En fait, je le prends positivement. Je me dis que, si les attentes sont élevées envers moi, c’est que je fais bien mon travail depuis deux ans. Mais j’ai 32 ans et j’ai connu assez de galères dans ma carrière pour savoir comment tourner la page et me dire que, le plus important, c’est le ballon d’après. Même si j’ai naturellement essayé de comprendre pourquoi cette erreur a été commise.
Et avez-vous trouvé la réponse ?
Oui. Au moment de la prise d’information, je me focalise trop sur le ballon, et pas sur les joueurs autour. Je pense que je suis seul et que je peux facilement capter le cuir. Je ne vois pas qu’un joueur des Rangers arrive dans mon dos. Je ne m’en suis rendu compte que trop tard.