L’Union s’est remis la tête à l’endroit grâce à
un Teddy Teuma des grands soirs qui est plus
que jamais la plaque tournante de l’équipe.
A près trois années
passées dans le
même environne-
ment, certains ont
fait le tour de la question et
ne parviennent plus à se dé-
passer chaque semaine, sur-
tout lorsqu’ils n’ont pas de
véritable concurrence pour
les pousser vers le haut.
Alors, leur niveau baisse,
inexorablement. Teddy
Teuma n’est pas comme ça.
Au contraire. En ce début de
saison, le capitaine de
l’Union semble au sommet
de sa forme.
On le dit sur le départ et il
ne cache pas son envie de dé-
couvrir autre chose, un jour.
“On verra, on verra, mais pour
le moment, je suis bien là.”
Ceux qui en doutent n’ont
qu’à se repasser son match
de samedi, contre Courtrai.
Ce n’était pas une affiche,
pourtant : ni un match euro-
péen, ni un grand nom en
face. Mais Teuma a sorti une
prestation de haut vol.
Auteur d’une frappe du
gauche parfaite pour trom-
per un Ilic pourtant parti du
bon côté sur le penalty du
1-0, il a sorti un autre tir pré-
cis de la deuxième ligne
pour faire 2-0, du droit s’il
vous plaît. De quoi mettre
son équipe à l’abri et effacer
le goût désagréable qui traî-
nait au fond de la bouche de-
puis mardi passé et la défaite
3-0 à Ibrox, trois jours après
un autre revers 3-0 à Malines.
“C’était important de pren-
dre trois points pour tourner la
page Glasgow et c’est fait”, re-
connaît-il sans langue de
bois. “C’était une grosse décep-
tion, c’est sûr que notre match
aller contre les Rangers avait
suscité pas mal d’espoir, mais
il ne faut pas oublier d’où on
vient. Il ne faut pas tout jeter à
la poubelle.”
. Évacuer les doutes
Alors il n’était pas ques-
tion que Teuma et ses “gars”,
comme il appelle ses équi-
piers dans ses discours
d’avant-match, enchaînent
un troisième revers. “Je ne
voulais pas que le doute s’ins-
talle, qu’on entre dans une spi-
rale négative. C’est mon rôle de
remobiliser l’équipe, de mon-
trer que rien n’est fini. On n’est
qu’au début du championnat
et le meilleur est à venir”, pro-
met-il.
“C’est le ‘capi’, il prend
l’équipe en mains, surtout
dans les moments difficiles”,
résume Karel Geraerts. “C’est
toujours lui qui joue au foot,
qui demande le ballon. C’est
un joueur clé sur le terrain et
dans le vestiaire. On sait que le
plus important se passe dans
cet espace, qu’il faut quelqu’un
pour régler cela, et il le fait très
bien.”
Sur la pelouse aussi,
d’ailleurs. Ses statistiques de
samedi en témoignent (voir
ci-contre). Il était de tous les
coups offensifs. C’est Teuma
qu’on cherche pour repartir
de l’avant. C’est Teddy qui est
à la manœuvre. Plus, encore,
que la saison passée. Proba-
blement parce que le
deuxième “architecte” de
l’équipe, Casper Nielsen, est
parti à Bruges. “Si je suis la
plaque tournante de l’équipe ?
C’est flatteur. Je sais que j’ai un
rôle très important, peut-être
encore plus cette année. La sai-
son passée, j’étais entouré de
très très bons joueurs…”, re-
connaît-il en référence au
Danois, avant d’enchaîner,
diplomatiquement : “C’est en-
core le cas cette année, mais il
faut que je donne encore plus
pour porter cette équipe.
Aujourd’hui, mes deux buts
donnent la victoire. C’est mon
rôle : quand tout va bien, on fé-
licitera le ‘capi’ et quand tout
ira mal, ce sera de sa faute.”
Ce serait caricatural. Et
puis Teuma déçoit rarement.
Samedi, il a inscrit les dix-
neuvième et vingtième buts
de sa carrière bruxelloise.
“C’est pas mauvais pour un
médian, non ?, sourit-il. Je me
sens bien, je me projette plus
vers l’avant, j’essaie d’amener
un peu de verticalité dans le
jeu et là ça fonctionne pas mal
(sourire). Je suis un peu plus
en réussite, je tire du pied droit
et ça fait poteau rentrant…
D’ailleurs, c’était le premier
but du droit de toute ma car-
rière, voilà pourquoi j’étais si
heureux après ce goal. Et puis
mettre un doublé alors que ma
femme et mes enfants étaient
en tribunes, ça me faisait plai-
sir pour eux. J’avais déjà mis
un doublé en D2 à Louvain…
mais c’est mon premier en D1.”
Elle est loin l’époque de
Boulogne, en Nationale, où
le Toulonnais mettait royale-
ment deux buts sur toute la
saison. Ou même un seul sur
ses douze premiers mois à
l’Union. “Mon jeu a évolué”,
reconnaît-il. “J’étais beaucoup
plus défensif en France, j’étais
un récupérateur, avec plus de
déchet dans mon jeu vu que je
n’ai pas eu de formation classi-
que. En découvrant le monde
pro, je me suis rendu compte
que j’avais les qualités pour
faire quelque chose un cran
plus haut sur le terrain. On ne
va pas se voiler la face : quand
vous jouez plus haut et que
vous êtes décisif, on parle un
peu plus de vous. J’ai compris
ça au fil du temps et c’est pour
ça que, maintenant, je me pro-
jette un peu plus vers l’avant.”
Avec, déjà, trois buts et
une passe décisive en six
matchs cette saison. Ce n’est
ni Karel Geraerts ni ses équi-
piers qui vont calmer ses ar-
deurs.
Et maintenant, les retrouvailles avec Mazzù
Prochain rendez-vous : le derby bruxellois face
à Anderlecht. Et un certain Mazzù.
L e succès face à Cour-
trai a été acquis au
terme d’un match large-
ment dominé par l’Union,
qui aura péché à la finition,
au grand dam de Karel Ge-
raerts.
Voilà son équipe repartie
dans le bon sens avant un
calendrier un peu plus
compliqué et qui lui pro-
met un beau rendez-vous,
dans deux semaines.
L’Union et Anderlecht, qui
ne joueront pas le week-end
prochain (voir par ailleurs),
se retrouveront dimanche
28 août pour le derby
bruxellois.
. “On voudra le
défoncer”, rigole Teuma
Forcément, pour les
Jaune et Bleus, ce sera un
rendez-vous à part puisqu’il
les verra retrouver leur ex-
mentor, Felice Mazzù et une
partie de son staff. “Ce sera
un vrai derby”, sourit Teddy
Teuma. “Il y avait souvent
peu de Bruxellois dans les
deux équipes, mais ici, on va
retrouver des personnes qu’on
connaît. Pour le coup, il y
aura une vraie rivalité. Cest
ça la beauté des derbys,
non ?” Avec sa gouaille habi-
tuelle, il ne le cache pas, il
aura envie de remporter ce
match. “On n’a rien contre
Mazzù… mais on aura à
cœur de le défoncer”, lâche-
t-il, sur le ton de l’humour.
Geraerts, beaucoup plus
dans la retenue que son ca-
pitaine, retrouvera son
ex-T1, lui aussi. “Ce ne sera
pas Geraerts contre Mazzù”,
insiste-t-il. “J’ai énormément
de respect pour Felice et j’en
aurai jusqu’à la fin de mes
jours.” Mais Anderlecht est
prévenu, l’Union ne viendra
pas en voisin modeste.