Comment rester les pieds sur terre
après l’exploit réalisé face aux Rangers ?
Jef Brouwers, un psy du sport, nous répond.
À l’issue de la belle vic-
toire face aux Ran-
gers mardi soir, plu-
sieurs joueurs de
l’Union ont fait durer le plaisir
aux abords du Stade Den
Dreef. Pendant que certains
hommes de la bande à Ge-
raerts retrouvaient leurs pro-
ches, comme le Louvaniste
Vanzeir qui est rentré chez lui
à vélo, d’autres ont profité de
ce moment de répit pour s’of-
frir une bière après ce résultat
inattendu.
L’entraîneur unioniste avait
d’ailleurs donné carte blanche
à ses joueurs… jusqu’à ce mer-
credi matin. “Bravo les gars,
vous pouvez aller boire un coup
avec vos proches, a lancé Karel
Geraerts dans l’intimité du ves-
tiaire après le coup de sifflet fi-
nal. On recule l’entraînement
d’une heure ce mercredi matin
mais ensuite je ne veux plus en-
tendre parler des Rangers jus-
qu’à dimanche.”
. Comme Martinez l’a dit
L’objectif du staff est clair :
faire en sorte que les joueurs,
malgré l’exploit monumental
réalisé face aux finalistes de
l’Europa League, se focalisent
sur le match de championnat
de ce samedi face à Malines
sans se projeter sur la manche
retour prévue mardi en Écosse.
“Avec Geraerts, l’Union a re-
trouvé différents éléments du
coaching de Felice Mazzù, ana-
lyse Jef Brouwers, psychologue
du sport. Il y a toujours cette li-
gne conductrice et cette culture
propre au club qui sont restées.
Ils ont retrouvé l’état d’esprit qui
les caractérisait la saison der-
nière et qui avait disparu en
playoffs à cause de la trop grosse
pression. Comme Roberto Marti-
nez le disait dans une interview,
toute pression vient de l’intérieur.
Les joueurs de l’Union ont souf-
fert de cette pression de devenir
champions mais sont mainte-
nant retombés dans cette humi-
lité et ce réel amusement pris sur
le terrain.”
Comment
désormais di-
gérer psycho-
logiquement
cet exploit qui
a surpris plus
d’un Écossais ?
Pour Jef
Brouwers, les
joueurs de
l’Union sont
habitués à cette culture de la
gagne et sauront se remettre
en selle rapidement. “Ils ont
très souvent connu cette sensa-
tion la saison dernière. Ils ont été
drillés à la victoire et à la bonne
digestion de cette victoire. Le
plus important est de réussir à
gérer la transition entre un ex-
ploit et le prochain match. Je suis
certain que Karel Geraerts va gé-
rer cette situation pour qu’il n’y
ait pas de point de rupture entre
la grande joie connue mardi et le
prochain match. Pour cela, il faut
se concentrer sur les éléments po-
sitifs vus face aux Rangers. Si on
commence à s’attarder sur les
éléments négatifs, on détruit ce
qu’on a construit.”
Karel Geraerts l’a répété lors
de la conférence de presse
d’après-match mardi soir : la
tâche la plus compliquée dans
les prochains jours sera de gar-
der tout le monde calme. Reste
à voir si certains Unionistes ne
monteront pas sur la pelouse
de Malines avec la tête déjà à
Glasgow… “La victoire contre les
Rangers leur aura donné des vi-
brations et des sensations positi-
ves qui seront utiles pour leur
prochain match, avance Jef
Brouwers. Mais il faut tout de
même réussir à pousser les
joueurs hors de la ‘situation Ran-
gers’ et les mettre face à la ‘situa-
tion Malines’. Il faut toujours clô-
turer une situation avant d’en
commencer une autre car si la
première reste en tête, elle peut
nuire à la seconde.”
. Vers un sentiment
de décompensation ?
Une fois le match face à Mali-
nes joué, l’équipe prendra la
direction de l’Écosse lundi en
matinée. Mardi soir, ce seront
près de 50 000 supporters
écossais qui attendront de
pied ferme des joueurs n’ayant
pas l’expérience de ces grands
rendez-vous européens. “En
sport, il est important de se foca-
liser sur ce qu’on est capable de
gérer. Ce que l’Union réalise ac-
tuellement est unique et il faut
rester dans cette idée sans com-
parer les matchs, les stades ou
les supporters. Ils devront faire
face à une nouvelle réalité dans
laquelle la pression ne devra pas
entrer dans la tête des joueurs. Ils
devront s’amuser sur le terrain
comme ils l’ont tant fait la saison
dernière.”
. Le mauvais exemple
des… Jeux olympiques
Après leur déplacement en
Écosse, les joueurs de l’Union
devront à nouveau se remettre
dans le bain du championnat
belge avec la réception de
Courtrai quelques jours plus
tard. Une fois le barrage de la
Ligue des champions atteint
ou non, un effet de décompres-
sion pourrait-il se faire ressen-
tir ? “Il y a tellement de matchs
qui s’enchaînent qu’on ne peut
plus se permettre de connaître ce
sentiment de décompensation,
conclut Brouwers. On a souvent
tendance à dire que l’année qui
suit les Jeux olympiques est une
année de perdue. On a accepté ce
phénomène au lieu d’essayer de
le gérer. Vu le niveau profession-
nel dont on parle, il est néces-
saire que cette situation pouvant
être complexe soit gérée de ma-
nière efficace. Avec un objectif
principal : créer un sentiment de
sérénité et des sensations positi-
ves autour de l’équipe.”