58 ans après sa dernière apparition européenne, l’Union Saint-Gilloise croise la route des Rangers ce mardi en tour préliminaire de la Ligue des champions. Les Unionistes devront toutefois s’acclimater à une autre pelouse, le stade Marien ne répondant pas aux normes de l’UEFA.
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Le grand moment est enfin arrivé pour l’Union qui s’apprête à faire son retour sur la scène continentale, 58 ans après sa dernière apparition. Un instant attendu avec impatience par Dante Vanzeir, l’un des grands artisans de la remontée de l’USG vers les sommets depuis son arrivée à la Butte il y a deux ans. À l’aube de cette rencontre historique, le Limbourgeois se livre à cœur ouvert. Sa difficile fin de saison dernière, ses attentes cette année, un éventuel transfert, les Diables rouges : il n’élude, en toute franchise, aucun sujet.
Dante Vanzeir, il s’agira du tout premier match européen de votre carrière. En 2016-2017, vous étiez bien du voyage en Europa League avec Genk mais vous n’étiez pas monté au jeu…
Effectivement. D’un voyage européen, je n’en connais en fait que le vol (sourire).
L’Union est d’ores et déjà assurée de disputer, au minimum, les poules de l’Europa League. Cela vous enlève-t-il une certaine forme de pression ?
Oui car, pour nous, c’est juste du bonus. On n’a rien à perdre vu qu’on est déjà sûr et certain de disputer six matches de groupe. Toutefois, même si on sait que ce sera difficile contre les Rangers, on saisira notre chance si elle se présente.
Comment, justement, estimez-vous vos chances d’éliminer les Écossais ?
Pour moi, c’est du 50/50. Certes, il s’agit d’une très bonne équipe qui a réalisé un parcours incroyable en Europa League la saison dernière. Mais c’est désormais une nouvelle saison. Et elle a perdu des joueurs importants, tout comme nous. Ce qui est clair, c’est qu’on doit y aller pour la victoire, pas pour tenter de garder le zéro et de ne pas perdre.
Vous ne jouerez par contre pas cette rencontre dans votre stade Marien qui n’est pas aux normes de l’UEFA. Est-ce une déception ?
Oui car c’est plus magique chez nous qu’à Louvain. C’est dommage car une équipe comme les Rangers, qui joue devant 50.000 personnes, serait venue ici se demanderait où elle est arrivée. Et dans les têtes, cela aurait déjà été 1-0 pour nous. Toutefois, le stade de Louvain reste agréable. Et s’il est complet, ce sera aussi très bien.
En parlant de stade, vous découvrirez Ibrox la semaine prochaine. Avez-vous personnellement déjà évolué dans un stade pareil ?
Je me souviens avoir joué devant 35.000 personnes au pays de Galles avec les Diables, dans une ambiance incroyable. Mais le stade ne doit pas spécialement être très grand pour avoir une telle atmosphère. Regardez quand le Marien est rempli… Ce n’est pas le nombre de personnes qui compte mais le feu qu’elles peuvent mettre.
Revenons-en à notre compétition domestique. Avec quelques semaines de recul, comment analysez-vous la fin de saison dernière et son issue cruelle pour vous ?
Il faut bien avouer que c’était le chaos. On a bien joué contre les Brugeois, à quatre reprises même, mais ils ont été plus efficaces que nous, tout simplement. Et en playoffs, ce sont les détails qui comptent. Bruges a eu la maturité et l’expérience qui nous ont fait défaut. Mais c’est du passé maintenant. Et au final, on a quand même la chance de jouer la Ligue des champions.
Sur le plus personnel, étiez-vous déçu de votre fin de saison ? Après votre carte rouge contre Charleroi, vous n’avez plus marqué que deux buts…
Après Charleroi, cela fut compliqué pour moi. J’ai manqué cinq semaines de compétition. Ce qui équivaut quasiment à une période entre la fin d’une saison et le début de la préparation à une nouvelle. Quand tu ne t’entraînes pas à fond et que tu ne joues pas de match pendant autant de temps, tu commences à le sentir.
D’autant que vous vous êtes également blessé…
Oui, aux adducteurs avant le premier match des Playoffs 1 contre Anderlecht. Je ne me suis donc quasiment pas entraîné durant ces playoffs. J’ai juste joué les matches avec des injections d’inflammatoires. Cela ne te met pas spécialement à l’aise. Et cela a également un impact sur l’équipe. Si tu ne t’entraînes pas en semaine, l’équipe peut se dire que tu n’es pas en forme et peut en être affectée. Ce n’est pas une excuse mais ce sont ce genre de détails qui ont fait la différence en playoffs.
Et puis, il y a eu ce fameux penalty manqué contre Bruges. Si c’était à refaire, le reprendriez-vous ?
Ce n’était pas mon meilleur match mais je me sentais bien. Peut-être qu’avec ma blessure, il aurait été mieux de dire : « Ok j’ai mal et ce n’est pas correct de tirer ». Mais à ce moment-là, tu ne penses pas à cela.
Vous vouliez absolument marquer ?
Oui. En tant qu’attaquant, il faut avoir de la confiance en soi. Et j’en avais justement à ce moment-là. Après coup, tu peux toujours réfléchir et te dire que cela aurait peut-être été mieux de faire comme ceci ou comme cela. Mais pour autant, je me dis que s’il y a un penalty à tirer au prochain match, je le reprendrai.
Cette dernière saison n’est-elle pas à l’image de votre carrière ? C’est-à-dire faite de hauts mais aussi de bas.
En foot, il n’y a que des ‘up’ and ‘down’. Un week-end, tu peux être le héros et le week-end suivant l’anti-héros. C’est aussi cela la beauté du foot. Mais dans ma tête, je me sens à l’aise et toujours aussi motivé.
Que répondez-vous toutefois à ceux qui estiment que vous avez évolué quelque peu en surrégime ces deux dernières saisons ?
Vous savez, depuis que je suis petit, je n’ai jamais été le meilleur de l’équipe. Donc c’est normal que les gens disent cela de moi. Mais c’est à moi de ne pas les écouter. Je connais mes qualités et je sais ce que je peux faire. Pour beaucoup, je n’ai pas un style de jeu très attractif. Si le match est difficile par exemple, je ne suis pas quelqu’un qui va toucher beaucoup de ballons. Mais si tu connais le foot, tu verras aussi que je crée de l’espace pour les autres et que j’effectue du travail invisible. Bref, je ne vais pas mal dormir si les gens pensent cela de moi.
Vous avez été appelé en sélection nationale à deux reprises. Pensez-vous à la Coupe du monde qui aura lieu dans moins de quatre mois ?
Oui mais je suis réaliste. Il n’y a que de très petites chances que je sois dans la sélection de Martinez.
Même si vous marquez beaucoup de buts en cette première partie de saison ?
Je pense que, si tous mes concurrents sont à leur niveau, même si je marque 12 buts, je ne serai pas dans la sélection. Car je suis à l’Union. Et pour vraiment prouver à Martinez que je suis prêt pour la Coupe du monde, je pense que je dois jouer un peu plus haut et pouvoir me montrer en Europe. Toutefois, le fait de jouer la coupe d’Europe avec l’Union, c’est déjà très bien.
Peut-on en conclure que vous avez envie d’aller voir ailleurs ?
En fait, mon sentiment est double. D’un côté, j’ai toujours dit que s’il y avait un nouveau challenge pour moi, que si quelque chose de bien pour moi et mon futur pointait à l’horizon, j’étais ouvert. Mais j’ai aussi toujours dit que j’étais content à l’Union en ce moment. On joue l’Europe tout de même. Ce qui est un petit rêve que j’ai la chance de réaliser. Pour résumer, je dirais que mon histoire avec l’USG n’est pas encore finie. Mais que s’il y a une bonne équipe qui peut m’aider à élever encore un peu plus mon niveau, je serai ouvert.
Avez-vous reçu des offres durant ce mercato ?
Oui, il y avait des clubs intéressés mais il n’y a pas encore eu de concret.
Si vous pouviez choisir dans quel championnat jouer, lequel serait-il ?
J’ai toujours dit que la Premier League serait le top. Mais le moment n’est pas encore venu pour moi de jouer là-bas. C’est important de faire encore un pas dans un club du subtop, de m’y montrer afin de faire ensuite un autre pas plus haut.
Ne vous sous-estimez pas quelque peu ? Un joueur comme Trossard, avec votre profil, réussit bien en Premier League…
J’ai vu durant l’entraînement avec les Diables que le niveau était vraiment haut. C’est pour cela que je dis ça. Mais automatiquement, tu apprends beaucoup plus vite et tu augmentes ton propre niveau au contact de tels joueurs. En Premier League, je sais que je m’améliorerais beaucoup. C’était le cas de Trossard qui a eu quelques difficultés la première année mais qui est maintenant bien parti.
Revenons au présent et à la saison qui vient de débuter. Comment allez-vous parvenir à vous motiver après une telle campagne ?
Je m’attends à ce que ce soit plus difficile que l’an passé où tout était possible. Et où on n’avait pas de pression. On a mis la barre haute et les gens s’attendent désormais à des résultats, alors qu’on reste un petit club en Belgique. Ce sera d’autant plus compliqué que des joueurs importants sont partis, ainsi que le coach. Mais c’est aussi un challenge. On veut montrer qu’on a certes perdu des pions importants mais que la base est là et qu’il n’y a que des détails à régler.
Vous évoquiez les départs. À titre personnel, comment avez-vous réagi à celui de Felice Mazzù, l’entraîneur qui vous a relancé à l’Union ?
J’étais très content pour lui. C’était un rêve pour lui d’être coach dans un grand club en Belgique. Et je peux comprendre sa décision. Car après une année incroyable, tu te dis que ce sera difficile de faire mieux. Et quand cela ne va pas bien, la première personne qui est visée est l’entraîneur.
Pensez-vous qu’il va s’adapter à Anderlecht ? Ou bien sera-ce le contraire ?
Il va trouver le juste milieu. Anderlecht a sa philosophie et Felice aussi. S’il ne connaît pas les mêmes ennuis qu’à Genk, il pourra créer quelque chose de magique, c’est certain.
Vous avez également perdu votre compère d’attaque Deniz Undav. Vous devez à présent recréer un nouveau duo avec Dennis Eckert Ayensa. Comment cela se passe-t-il entre vous deux ?
Il n’a pas le même style qu’Undav. Mais personne ne lui met la pression pour que ce soit le cas. Il aura besoin de temps mais il a des qualités qu’on a déjà vues à l’entraînement et en match. On va trouver la magie, comme je l’ai trouvée avec Undav.
Et justement, quelles sont ses qualités d’après vous ?
C’est quelqu’un qui aime partir avec le ballon et qui joue un peu plus en profondeur qu’Undav. C’est aussi quelqu’un qui veut apprendre à me comprendre et à comprendre l’équipe. Il est très intelligent et il va s’adapter à l’équipe.
Vous êtes désormais le plus ancien de l’attaque et un des plus anciens du vestiaire, comment appréhendez-vous vos responsabilités ?
J’essaye d’aider mais de manière plus individuelle. Je ne suis pas vraiment un leader comme Teuma. Je n’aime pas parler devant tout le monde et diriger. Je suis plutôt quelqu’un en arrière-plan mais qui va toujours supporter notre capitaine.
Karel Geraerts, votre ancien T2, est devenu coach principal. Quelle est la différence avec son prédécesseur ?
Tactiquement, c’est assez similaire à Mazzù. Mais c’est normal car, la saison dernière, ils faisaient leurs choix ensemble. Et Karel garde les mêmes idées que l’an passé. Dans le vestiaire, il a certes un autre caractère que Mazzù. Mais comme lui, il attache beaucoup d’importance à la relation entre les joueurs et l’entraîneur. Ce qui fait bizarre maintenant, c’est qu’on ne l’appelle plus Karel mais ‘coach’ (sourire).
Quelles seront, pour conclure, les ambitions de l’Union cette saison ?
On a l’ambition de jouer les playoffs. Car si tu termines neuvième, tu n’as plus rien après la phase classique. Ce qui n’est pas très agréable.
Les Playoffs 1 ?
Tout est toujours possible mais on sait que ce sera plus difficile que l’année passée. Les Playoffs 2, ce serait déjà très bien pour nous. C’est un objectif mais on n’a pas de pression.
«Oui, j’ai connu des hauts et des bas. Mais dans ma tête, je me sens à l’aise et toujours aussi motivé»
VINCENT MILLER
De la concentration.
PhotoNewsprev
Comme l’Union, les Glasgow Rangers sont impatients de faire leur entrée en Coupe d’Europe. «
J’ai beaucoup joué en Ligue des champions dans ma carrière. Je sais dès lors à quel point cette compétition est difficile. Elle regroupe les clubs les plus ardus à affronter au monde. Être impliqué dans cette compétition est donc fantastique
», a déclaré le coach néerlandais du club écossais, Giovanni Van Bronckhorst, à la veille de l’affrontement avec le club saint-gillois. «
La Ligue des champions, c’est le top. Chaque joueur veut pouvoir la disputer
», a, quant à lui, ajouté le joueur Connor Goldson.
Les ambitions des Glasgow Rangers sont dès lors claires. Après avoir atteint la finale de la Ligue Europa la saison dernière, c’est la phase de groupes de la Ligue des champions qu’ils visent. «
On a quatre matches à jouer pour y parvenir. Et demain sera le premier de ceux-ci (NDLR
: lire ce mardi). On fera de notre mieux contre l’Union et on verra ensuite où on aura à jouer. On a en tout cas réalisé une bonne préparation, durant laquelle on a affronté de belles équipes.
»
L’ancien international hollandais a également donné son avis sur l’Union, une équipe dont il a suivi le parcours avec attention l’an dernier. «
Je l’ai vue la saison passée. C’était une année magnifique pour elle. Être promue et concourir directement pour le titre, c’est juste une histoire incroyable. Et ce, même si l’Union est finalement tombée de peu et que Bruges fut champion. J’ai beaucoup de respect pour les joueurs et le coach, même si ce dernier est parti. Mais c’est son assistant qui a pris sa place et qui a un style de jeu très clair. Alors, même si l’Union n’a pas un nom très familier en Europe, elle mérite de se retrouver en qualifications de la Ligue des champions.
»
Les Rangers semblent donc prendre l’USG avec tout le sérieux qu’il se doit. «
On s’est bien préparé de notre côté. Certes, le nom des Rangers est plus connu et on vient d’ailleurs d’atteindre la finale de la Ligue Europa. Mais au final, chaque équipe voudra aller au bout et atteindre les groupes de la Ligue des champions. On devra être au top de notre forme et avoir un gros respect pour cette équipe. Il faudra travailler très dur durant ces deux matches pour passer au tour suivant.
»