Machida a été exclu à la 59e minute.
Les deux affrontements directs entre les derniers prétendants au titre ont débouché sur une cassure provisoirement… définitive. Avec un retard de 3 points… et demi sur Bruges, l’Union est condamnée au sans-faute. En espérant un coup de main de l’Antwerp et d’Anderlecht. next
Scénario à la hauteur du suspense : après avoir ouvert le score, en supériorité numérique, Bruges s’est vu refuser (logiquement) un penalty pour une faute de main involontaire de Machida. Avant d’être sauvé d’un retour de l’Union par l’assistance vidéo venue annuler le but égalisateur de Nielsen pour un hors-jeu de Van der Heyden signalé après coup, sur le début de l’action menant au tir du Danois. À quoi tient peut-être un titre ? À 10 cm sur un coup de réparation le dimanche et à moins encore le mercredi suivant…Le championnat est-il joué ? Trois points et l’avantage de l’arrondi en cas d’égalité : voilà qui commence à chiffrer sérieusement en défaveur de l’Union. Un promu qui, une fois encore, n’aura ni gagné ni marqué contre un adversaire direct, lequel lui aura pris de surcroît la bagatelle de 10 points sur 12 cette saison.Attaque encore muettePlutôt identique à la physionomie du match de janvier (0-0), la rencontre a tout de même fini par pencher en faveur du néo-leader brugeois malgré un déficit en matière de possession (45 %-55 %), revenu à des préceptes tactiques plus basiques. Et en tout cas plus sages et plus clairs que cette audace confuse et dépourvue de fil conducteur qui, dimanche au parc Duden, avait failli déboucher sur un scénario catastrophe pour le Club. Et sur un camouflet pour Alfred Schreuder dont le passage à l’Ajax, champion des Pays-Bas mercredi soir, ne fait plus l’ombre d’un doute puisque son entourage direct fait état d’un accord sur un contrat de 2 ans avec option pour une saison supplémentaire.Mieux campés sur les bases de leur schéma recouvré, les Brugeois ont toutefois manqué de mordant pour faire aboutir leurs incursions dans le camp bruxellois. Le frein à main pas vraiment lâché et la trouille au ventre par rapport à l’allant saint-gillois en contre, ils ont tout de même dû compter sur un duo Balanta-Odoi omniprésent pour assurer le ratissage devant une défense qui n’a toujours pas concédé le moindre but en quatre matches de Playoffs 1.Fidèles à leur football de reconversion, les Unionistes ont péché dans des proportions identiques à celles de la première des deux manches de ce back to back, au final aussi impactant qu’on le pressentait. Avec deux balles de but au bout du pied, Undav a confirmé au stade Breydel que son mutisme complet des 6 derniers matches constituait la source de tracas principal pour son entraîneur Felice Mazzù. Davantage encore que l’accumulation de mauvais choix dont s’est encore rendu coupable un Vanzeir pour qui le début de l’année 2022 est décidément bien pâle.Dans ce télescopage continuel d’émotions, la sortie de Mata (cuisse) et l’exclusion de Machida (2 jaunes) peu avant l’heure de jeu ont ensuite contribué à brouiller un peu plus la lecture d’une rencontre où un quart des joueurs présents sur la pelouse, au bas mot, a été contraint d’adapter sa position en fonction de la nouvelle donne.Mais si parmi les innombrables paramètres à gérer dans ce genre de rencontres, il est un détail qui n’en est pas un, c’est bien le bénéfice de la supériorité numérique. Porté par un public dont on connaît le poids, Bruges en a tiré un profit total et immédiat de ses coups d’accélérateur subits. Et a fini par ouvrir le score.Déficit de métierAu plus fort d’une pression organisée de manière plus systématique, les Brugeois ont ainsi pu ensuite compter sur une erreur de Morris, repoussant le ballon dans les pieds de Bager pour un autobut caractérisant, trois jours après le penalty manqué de Vanzeir, tout le déficit de métier de l’Union. Qui n’a pas non plus été vernie par les circonstances sur une égalisation dans le Felice Time.La belle aventure n’est évidemment pas terminée à 180 minutes du terme de cette seconde salve des playoffs à 4, mais le vent vient tout de même de tourner sacrément en faveur d’un troisième sacre consécutif du champion en titre.« Je suis très fier de ce qu’a réalisé le groupe tout au long de la saison et j’espère que toute la Belgique partage ce sentiment. Dans le futur, on doit juste apprendre à grandir dans les moments importants », lançait Felice Mazzù après coup.Le futur proche (Anderlecht, Antwerp) ou plus ou moins loin (le championnat 2022-23) ? Même s’il affirme encore vouloir jouer à fond la chance qu’il lui reste, l’entraîneur de l’Union sait sans doute au fond de lui, que le train est peut-être passé sans s’arrêter en gare de Bruges.
FELICE MAZZÙ
PROPOS RECUEILLIS PAR JEAN-FRANÇOIS PATTE
L’entraîneur saint-gillois est passé par toutes les émotions.
Son sourire habituel avait laissé place à une mine déconfite, plus sombre. Après le deuxième revers de rang contre le Club, Felice Mazzù se voulait fataliste.Felice Mazzù, peut-on parler de désillusion dans votre chef ?Je suis avant tout très fier de mon groupe, de mon staff. J’espère que toute la Belgique sera fière de notre équipe, de ce que nous avons montré toute la saison et de notre manière de jouer. Durant ces deux derniers matches, nous avons eu beaucoup de moments pendant lesquels nous étions meilleurs que Bruges, où nous avons obtenu pas mal de situations grâce à notre jeu posé et nos infiltrations. Nous devons encore grandir dans ces moments importants. Nous avons été efficaces pendant les trois quarts de la saison mais, ici, nous avons cruellement manqué d’efficacité, tout simplement. Comment continuer à grandir ? On va essayer d’amplifier le secteur offensif. On va bosser là-dessus dans le futur car, sur l’ensemble des deux matches, on ne méritait certainement pas de prendre 0 point.Les rêves de titre se sont-ils envolés ?Il nous reste deux matches à disputer, on va essayer de les remporter. Puis, on verra ce qu’il se passera. Une chose est certaine : nous n’abandonnerons pas, nous continuerons à y croire. Il faut aussi se rendre compte que, pour une équipe qui vient de D1B, jouer le titre jusqu’à deux matches de la fin – peut-être un –, c’est extraordinaire. Nous voulons continuer à proposer ce que vous avez vu.En quatre matches contre Bruges, vous n’avez pas inscrit le moindre but…On a marqué aujourd’hui… (il sourit) C’est clair que ça fait la différence. Comme je l’ai dit, nous avons manqué d’efficacité et Simon Mignolet a sorti de très gros matches. Il a toujours été décisif grâce à son expérience, sa maturité. Bruges a répondu présent tandis que nous, sur ces quatre matches, avons eu plus d’une quinzaine d’occasions franches et réelles.Quel fut votre sentiment au moment de l’annulation du but de Nielsen ?J’étais d’abord heureux avant d’être malheureux (il s’arrête quelques secondes). Avec le VAR, il y a beaucoup d’émotions qui arrivent, puis qui disparaissent. Ce n’est pas la première fois que ça arrive. C’est vraiment dommage car c’était un superbe but, à la Nielsen, hors du rectangle. Mais c’est surtout dommage pour le groupe avec ce hors-jeu pour quelques centimètres…
DÉCEPTION UNIONISTE
VINCENT MILLER
Moris et Kandouss dépités.
Comme dimanche dernier, les Unionistes sont à nouveau ressortis extrêmement abattus de leur rencontre face aux Brugeois. Il n’y avait qu’à voir le visage en pleurs de Casper Nielsen pour s’en convaincre. « On est très déçu car, sur l’ensemble des quatre matches, on méritait mieux », confiait son coéquipier et gardien Anthony Moris. « Mais en football, il y a quelque chose qui est éloquent, ce sont les statistiques. Quand Bruges prend 10 points sur 12 contre toi et que tu ne marques pas un seul but, il faut un peu creuser de ce côté-là et voir ce qu’il se passe. Même si toutefois, dans le contenu, cela fait longtemps que Bruges n’a pas été aussi malmené durant quatre matches. Cela prouve qu’on a fait quelque chose de grand. Malheureusement, il n’y aura qu’un seul champion et je les vois mal s’écrouler. »« Si on voulait être champion, c’est ce genre de match qu’on aurait dû gagner », déclarait pour sa part Ismaël Kandouss. « Après, on ne peut pas reprocher aux attaquants de ne pas avoir marqué. C’est comme ça. On a fait une extraordinaire saison et on ne retiendra que le positif. »La déception était d’autant plus grande chez les Saint-Gillois qu’ils pensaient avoir égalisé à une minute de la fin du temps réglementaire. Un but finalement justement annulé pour un hors-jeu de Van der Heyden. « Cela fait partie du foot », réagissait encore Moris. « En fait, peut-être que les dieux du foot nous ont fait défaut aujourd’hui. Car ce but annulé était un tournant. Tout comme celui qu’on prend où j’essaye de dévier la balle sur le côté. Au final, elle touche un partenaire et rentre au fond des filets. »« Malchance »Une action sur laquelle le portier, de ses propres dires, ne pouvait pas faire grand-chose de plus. « Je suis à bout de bras, je n’aurais pas pu garder la balle. Si le ballon n’est pas touché et part à côté, on n’en parle plus. C’est le football, c’est la malchance. »Une fois de plus, l’Union va dès lors devoir se remobiliser. Car ses chances de titre ne se sont pas encore totalement envolées. « Ce sera compliqué mais on y croira jusqu’au bout. Rien n’est impossible », lâche encore Kandouss.Toutefois, l’USG devra, avant tout, rapidement assurer définitivement la deuxième place. « Car on parle quand même d’accession au minimum aux poules de l’Europa League. Celui qui ne veut pas assurer ça n’a rien compris au foot », conclut Moris, déjà tourné vers l’affrontement de dimanche face à Anderlecht.
ALFRED SCHREUDER
PROPOS RECUEILLIS PAR VINCENT JOSÉPHY
Il ne confirme pas encore son départ à l’Ajax.
Arrivé cet hiver pour tenter de relancer un Club alors en eaux troubles, Alfred Schreuder est en passe de réussir la mission prioritaire qui lui avait été assignée : offrir au Club un 3 e sacre de rang, son premier en tant que T1. Pourtant, après avoir arraché un nouveau succès face à son ultime concurrent, l’Union, il ne profitera même pas de la cerise sur le gâteau qui lui est promise – la Ligue des champions – puisque les médias néerlandais annonçaient mercredi soir un accord avec l’Ajax pour y signer un contrat portant sur les deux prochaines saisons.Monsieur Schreuder, les spéculations concernant votre avenir, qui se situerait à l’Ajax, vont bon train. Pouvez-vous nous en dire plus ?Non, je suis ici à une conférence de presse d’après-match à Bruges alors que nous sommes en mission pour remporter le titre. Il n’y a que cela qui compte en ce moment.Quand vous voyez ce qui s’est passé aujourd’hui, avec la perspective alléchante de continuer à faire grandir le Club, cela pourrait vous inciter à rester un peu ?Vous évoquez beaucoup de choses au conditionnel. Bien sûr que j’ai apprécié l’ambiance mais je vais me répéter : même si je sais que cela se passe comme cela en football, cela ne sert à rien d’en parler maintenant.Venons-en au match alors. Ce succès est-il mérité ?C’était un match costaud, durant lequel l’Union a été la plus forte durant le premier acte parce que nous n’étions pas assez bons en possession de balle. Maintenant, j’ai apprécié la mentalité affichée par mes joueurs ce soir mais aussi depuis le mois de janvier. On a essayé de mettre des choses en place, avec cette pression permanente qui existe sur les épaules des joueurs du Club, qui doivent toujours gagner.Vos individualités ont fait la différence une fois de plus…Vous avez vu le match de Mignolet ? Incroyable ! Et ce que Vanaken ou Balanta ont fait après le repos était énorme aussi. L’Union est une équipe talentueuse, engagée, qui nous a posé pas mal de problèmes les quatre fois où on l’a rencontrée mais au bout du compte, on s’en est toujours sortis sans encaisser. Ici, la carte rouge de Machida nous a aidés, bien sûr, mais elle n’explique pas tout. Nous ne sommes pas encore champions mais on a fait ce qu’on avait à faire. Le déplacement à l’Antwerp, dimanche, sera redoutable. Il faudra afficher la même mentalité, la même envie, le même réalisme.
Mechele« L’ambiance nous a poussés »« Les supporters nous ont soutenus tout au long du match », a déclaré Brandon Mechele. « L’ambiance nous a poussés à aller de l’avant. Nous avons souffert, mais je pense que nous avons mérité ce succès. Les trois points sont acquis, avec deux matches à jouer. Dimanche, nous irons encore chercher la victoire. »Odoi« Le rouge a fait la différence »« Maintenant il y a une libération. Il reste encore deux matches, à nous de confirmer. Le carton rouge a fait la différence. Après cela, nous étions meilleurs. Maintenant, nous irons à Anvers pour terminer le tout. Nous connaissons l’importance de ce match. »Mignolet« Un vrai match de playoffs »« Deux cartons rouges, un penalty et un but refusé par le VAR dans les dernières minutes… c’était un vrai match de playoffs dans lequel on voit à quel point le football peut être beau et horrible. Nous avons fait notre travail, nous avons gagné deux fois dans des circonstances difficiles contre l’Union. L’Antwerp a encore quelque chose à jouer, nous n’aurons pas le titre gratuitement, nous le savons aussi. »