UNION SG
Plongée dans
les recoins d’un
stade inauguré
il y a 103 ans
et au charme
inégalable.
Le 14 septembre 1919, l’Union bat le Milan Club (l’actuel Milan AC) sur le score de 3-2 lors d’une rencontre de gala. Ce jour-là,
le club bruxellois inaugure son tout nouveau stade qui aurait pu être présenté plus tôt au grand public sans l’arrivée de la
Première Guerre mondiale. Près de 103 ans plus tard, les hommes de Felice Mazzù s’apprêtent à accueillir le Club Bruges
dans un duel capital en vue du titre de champion de Belgique. Une rencontre qui se jouera dans un stade qui n’a presque
pas changé plus d’un siècle plus tard. “Venez avec moi, je vais vous faire découvrir ce stade…” Alors que le soleil tape sur les gradins du
Stade Joseph Marien, Fabrizio Basano se lance dans une visite des coulisses de ce stade devenu mythique avec le temps. Supporter
emblématique, celui qui est aussi membre du conseil d’administration du club connaît tous les recoins d’une enceinte dont il est
rapidement tombé amoureux. Découverte, en bonne compagnie, du stade le plus extraordinaire de Belgique.
Une façade Art Déco classée
Depuis l’extérieur du stade, le spectacle est déjà grandiose. La longue façade
Art Déco, classée depuis 2010 aux Monuments et Sites, est la première chose
qui frappe chaque supporter venant à l’Union. “Le stade a été inauguré le
18 septembre 1919 lors d’un match face au Milan AC, commente Fabrizio Ba-
sano. Depuis cette date, la façade n’a pas bougé et est ornée de bas-reliefs
sculptés par Oscar De Clerck. Il y a bien eu l’un ou l’autre nettoyage mais
aucune rénovation. Les anciens guichets sont aussi classés au Patrimoine. Le
fait que ce soit classé empêche la spéculation immobilière. Quoi qu’il arrive,
cela restera un stade de football au contraire d’enceintes comme celle d’Arse-
nal où ils ont tout démoli pour construire des habitations. Au départ, il s’appe-
lait le Stade du Duden. Puis c’est devenu le Stade Joseph Marien en l’hon-
neur d’un ancien président qui était à la base de l’équipe de l’Union 60 (NdlR :
période de 60 matchs sans défaite de l’Union). Il est décédé avant les
60 matchs… la veille d’un derby contre le Daring. C’est devenu le Stade Jo-
seph Marien peu de temps après sa mort.”
Des tribunes sans piste
d’athlétisme
Actuellement, l’Union peut accueillir jus-
qu’à 9 500 personnes dans son stade.
Même si un match à guichets fermés se
joue devant 9 000 personnes car la tribune
des visiteurs, contenant 1 500 places, n’est
jamais remplie. Dans le temps, l’affluence
était beaucoup plus grande… “En 1938,
l’Union a connu sa plus grosse affluence
face au Standard avec près de 40 000 per-
sonnes, raconte notre guide. Les derbies
se jouaient devant 35 000 personnes soit
quatre fois plus qu’actuellement. En-
tre 1919 et 1926, les vestiaires se situaient
au-dessus de la Tribune Sud. Les joueurs
descendaient sur le terrain en passant en-
tre les supporters. Il y avait aussi une piste
d’athlétisme cendrée de quatre couloirs à
l’époque. Il faut savoir que l’Union était po-
lysportive avec une équipe de football
mais aussi de volley, de basket et des cou-
reurs à pied. Cette piste a disparu dans les
années 1970. Finalement, l’enceinte n’a
pas bougé par rapport à 1919, le coup
d’œil est le même. Il y a un charme unique
car c’est un stade d’antan. Mais le revers
de la médaille de ce charme romantique
est que le stade n’est plus vraiment
adapté au football professionnel.”
Une entrée des joueurs via des catacombes
Une fois sortis de leur vestiaire respectif, les joueurs de l’Union et leurs ad-
versaires se retrouvent dans un couloir des plus étroits avant de filer vers le
terrain. “En sortant des vestiaires, les joueurs sont au même endroit dans
un couloir d’une étroitesse impressionnante, lance Fabrizio Basano. Cela
fait penser à des catacombes par lesquelles il faut passer pour atteindre le
terrain. Dans ce couloir, il y a le visage de chaque joueur de l’équipe pre-
mière actuelle mais aussi onze petits panneaux rappelant les onze titres
de champion de Belgique. Les visiteurs doivent passer devant avant d’at-
teindre la porte menant au terrain face à laquelle les deux équipes se tien-
nent en file indienne. Et je tiens à préciser que la pelouse du stade est juste
extraordinaire. Objectivement, c’est l’une des plus belles de Belgique.”
Un vestiaire visiteurs… “de merde” ?
“Ils ne sont pas contents de venir dans des vestiaires de merde… On va
leur montrer qu’ici, c’est chez nous !” Ces mots, rendus publics dans le docu-
mentaire Allez l’Union, sont ceux du capitaine Teddy Teuma avant la récep-
tion du Club Bruges lors de la deuxième journée de championnat. Il est clair
que les vestiaires visiteurs sont assez basiques et pourraient surprendre
plus d’un footballeur professionnel. “Imaginez que l’Union puisse jouer l’Eu-
rope au Marien et que le PSG vienne dans ce vestiaire, se marre Fabrizio
Basano. J’aurais aimé voir la tête de Messi ou de Neymar ! Il a été remis un
peu au goût du jour mais l’espace, avec un tableau et seulement sept dou-
ches, est le même qu’à l’époque. Il y a le minimum indispensable… Le ves-
tiaire de l’Union (NdlR : inaccessible à la presse) contient quant à lui une
salle médicale et est un peu plus rénové que le vestiaire visiteurs. C’est nor-
mal, l’équipe est à domicile (sourire).”
Une salle VIP… pour une vingtaine de personnes
Adjacent au Club House, le bar mythique de l’Union situé sous la tribune principale, la salle VIP
vaut à elle seule le détour avec des vitraux décoratifs de style Art Déco. “Hormis les tables et les
sièges, tout date de 1926, continue Basano. Quand il y a match, la direction reçoit la délégation
adverse. Mais il n’y a que trois tables pour manger vu l’espace très réduit. On ne peut alors ac-
cueillir qu’une vingtaine de personnes alors que dans les autres stades, des centaines de pla-
ces sont disponibles pour les VIP. En début de saison, il y avait une tente à l’extérieur du stade
pour faire manger les sponsors mais elle a été enlevée. Juste à côté de cette salle VIP, il y a la
salle des trophées qui est particulièrement garnie avec onze titres de champion de Belgique
(NdlR : le premier en 1904 et le dernier en 1935). Les invités entrent via le “Hall of Fame” qui est
un couloir avec les photos de nombreuses anciennes gloires de l’Union. Pour être présent
dans ce “Hall of Fame”, il faut un certain nombre d’années de présence au club, avoir marqué
l’histoire de l’Union et ne plus être joueur professionnel.”
Un minuscule vestiaire des arbitres
Une des pièces les plus surprenantes est sans aucun doute le vestiaire des
arbitres. Situé juste à côté des vestiaires visiteurs, en face de l’entrée vers le
terrain, il ne propose pas un grand luxe aux hommes en noir avant les ren-
contres. “L’espace est celui de l’époque même si ce vestiaire a tout de
même été rafraîchi depuis lors. La superficie totale est très petite, il faudrait
demander aux arbitres ce qu’ils en pensent (sourire).” Dans le futur stade
de l’Union, qui pourrait sortir de terre dans les prochaines années, le ves-
tiaire des arbitres ferait minimum 20 mètres carrés. “Il y a une certaine
beauté à ce stade mais il est difficile de déployer quelque chose sur le long
terme ici et c’est pourquoi la question du nouveau stade se pose.”
Une salle de presse exiguë
La tribune de presse, située au centre de la tribune principale, est un banc
unique sur plusieurs mètres de long. Cette configuration, loin d’être prati-
que, oblige les journalistes à se lever de leur place pour faire passer un col-
lègue. La salle de presse, géographiquement située au-dessus des ves-
tiaires de l’Union, est accessible via des escaliers très étroits où la hauteur
du plafond pousse les plus grands à s’abaisser. “Avant, cette salle était si-
tuée dans un petit local proche du vestiaire des arbitres. Elle était encore
plus petite qu’actuellement… La salle de presse actuelle était utilisée
comme un magasin de dépôt de marchandises comme les équipements,
les maillots, etc.” Dans le projet du futur stade, une salle de conférence de
presse pour 50 personnes est évoquée.