Teddy Teuma apporte énormément dans l’entrejeu.
Arrivé à l’Union dans l’anonymat général il y a trois ans, Teddy Teuma s’est depuis lors fait un nom en Belgique et mène les troupes de l’étonnant leader du championnat.
Le 13 février dernier, Teddy Teuma a été mis à l’honneur juste avant la rencontre à domicile face à Saint-Trond. Il fêtait, là, son centième match sous les couleurs de l’Union. Arrivé à la Butte il y a un peu plus de trois ans, il aura été l’un des grands artisans de la remontée vers les sommets du matricule 10. L’occasion parfaite de revenir sur ses années saint-gilloises.C’est le 17 janvier 2019 que Teddy Teuma débarque à l’USG en provenance du Red Star en Ligue 2. Peu ou prou avaient alors déjà entendu parler de ce joueur du côté de Saint-Gilles. À cette époque, le club bruxellois n’est repris que depuis quelques mois par les investisseurs anglais. Et déjà ceux-ci ont fait renaître l’espoir d’un retour au premier plan. Alors que, quelques mois auparavant, elle luttait pour sa survie en D1B lors des playdowns, l’Union truste désormais les premières places. Et réalise en outre un parcours exceptionnel en Coupe de Belgique. À peine le Français arrivé au Parc Duden, le voilà déjà titularisé, trois jours plus tard, face à OHL en championnat. Dans la foulée, il est au coup d’envoi de la demi-finale aller face à Malines.« Teddy a été directement mis dans le bain », se rappelle son ancien coéquipier Mathias Fixelles, aujourd’hui actif à Westerlo. « Il est arrivé à l’Union au moment où on manquait de créativité au milieu du terrain. Et il a su directement mettre sa patte sur le jeu. Il a immédiatement montré toute son utilité dans son passing ainsi que dans sa conservation du ballon. Il s’est adapté très rapidement à son nouvel environnement. Et ce, grâce à la pleine confiance accordée par le coach de l’époque, Luka Elsner. »Instantanément, Teddy Teuma s’érigera alors comme un patron de l’équipe. Ce qu’a pu remarquer Pietro Perdichizzi, qui était le capitaine. « On a tout de suite vu que c’était un très bon joueur. C’était un leader naturel, quelqu’un avec beaucoup de caractère et une forte personnalité. Il a directement fait partie des cadres. Son évolution ne m’étonne dès lors pas du tout. »Après une seconde saison 2019-2020 en demi-teinte pour l’Union, sous les ordres de Thomas Christiansen (mais lors de laquelle il aura tout de même inscrit cinq buts et délivré sept assists), c’est véritablement l’année dernière que Teuma démontrera toute l’étendue de son potentiel. Il formera, aux côtés de Nielsen et Fixelles, un triangle médian qui roulera sur la Division 1B. « L’année passée, il a pris de l’ampleur », confirme ce dernier, qui a évolué à l’USG entre 2016 et 2021. « Comme tout le monde dans l’équipe, il a explosé et pris une dimension supplémentaire. »Une saison lors de laquelle il s’est également vu attribuer le brassard de capitaine des mains de Felice Mazzù, fraîchement débarqué (Perdichizzi ayant signé à Westerlo). « C’était la première fois de sa carrière qu’il portait le brassard », poursuit Fixelles. « Mais cela s’est fait naturellement et il n’a eu aucun mal à prendre ses responsabilités. Teddy sait comment motiver les joueurs avant un match. C’est toujours lui qui prenait la parole en dernier lieu avant qu’on ne monte sur la pelouse. Ses discours étaient très dynamiques. D’autant qu’il a une voix qui porte. Il sait trouver les mots justes et ne parle pas pour ne rien dire. »Un brassard qui semble également avoir agi sur sa personnalité. Volcanique et éruptif à ses débuts, c’est un joueur plus raisonné qui s’est mis à arpenter les pelouses de l’antichambre du football belge. « Le fait de devenir capitaine lui a fait du bien. Cela lui a permis de devenir plus mature. Mais il ne faut pas oublier qu’il vient du sud (NDLR : il est né à Toulon) et qu’il garde le sang chaud », sourit Mathias Fixelles. « C’est un mauvais perdant qui peut encore rapidement s’emporter et s’énerver. Il gère toutefois de mieux en mieux ce trait de sa personnalité, même si son caractère revient parfois au galop. Dans un autre sens, ce n’est pas spécialement une mauvaise chose pour l’équipe car cela permet parfois de réveiller les troupes. Ses coéquipiers se disent alors qu’il a raison et qu’il faut se bouger. »Ses prestations de la saison dernière taperont également dans l’œil du… sélectionneur de l’équipe nationale maltaise (il entretient un lien avec ce pays via son grand-père). Une nation pour laquelle il disputera ses premières minutes le 3 septembre 2020 face aux Îles Féroé. « Le déclic, ce fut ma première sélection. Et récupérer le brassard de capitaine, il y a un an et demi, m’a aussi fait passer un cap », résumait, en substance, le joueur dans nos colonnes dernièrement.Il restait toutefois une inconnue de taille à éclaircir. Comment allait-il prester au plus haut niveau cette saison, lui qui n’avait jamais connu la D1 dans sa carrière auparavant ? Les doutes auront rapidement été dissipés, le capitaine se montrant à la hauteur des événements. Cette saison, il en est d’ailleurs déjà à quatre buts et huit assists en championnat.« Je ne suis pas étonné par ce qu’il montre depuis l’entame des hostilités », réagit Karel Geraerts, l’entraîneur adjoint de l’Union Saint-Gilloise, qui côtoie l’international maltais depuis 2019. « L’an dernier, on avait tué la D1B. On avait battu de nombreux records et marqué beaucoup de buts. On voyait déjà qu’il y avait beaucoup de qualités dans notre équipe, et notamment dans le chef de Teddy. Il a montré, et montre toujours, de belles facultés techniques. Et il ne faut pas oublier non plus que, physiquement, il donne beaucoup. C’est un joueur complet qui peut nous pousser sur une voie beaucoup plus haute encore. »Aujourd’hui capitaine de l’équipe qui mène la danse en D1A et qui pourrait – peut-être – remporter le titre, Teuma peut-il aller encore plus haut ? Pour ceux qui le connaissent, cela ne fait pas l’ombre d’un doute. « Quand il est arrivé à l’Union, il n’avait jamais joué à l’étranger », rappelle Fixelles. « En tant que Français, venir en D2 belge n’avait pas grand-chose d’alléchant. Mais il a osé faire le pas et évoluer. Il a su encaisser les matches de haut niveau sans difficulté. Personnellement, je suis persuadé qu’il peut encore franchir un palier. Et pourquoi ne pas le franchir avec l’Union ? »« Il est à une nouvelle étape de sa carrière car c’est la première fois qu’il joue aussi haut. La pression se fait aussi de plus en plus intense et les adversaires l’attendent désormais de pied ferme. Mais je le sens prêt mentalement pour gérer tout cela », conclut Karel Geraerts.Et pour – peut-être – emmener ses coéquipiers saint-gillois au bout du rêve d’ici quelques semaines.