Avant d’atterrir à Bruxelles, Casper Nielsen
s’est fait un nom dans son pays d’origine.
Casper Nielsen est au
sommet de son art.
Homme du match
face à Anderlecht, le
milieu de terrain est l’une des
pièces maîtresses du disposi-
tif de Felice Mazzù.
Avant de signer à l’Union
durant l’été 2019, c’est chez
lui, au Danemark, que le
joueur de 27 ans s’est forgé
une mentalité de guerrier.
Avec son père, ex-footballeur
professionnel, comme tout
premier professeur. “J’ai com-
mencé à l’âge de 4 ans mais
j’avais déjà cela dans le sang
quand je suis né, se souvient
Nielsen. Mon père était un atta-
quant gaucher assez puissant.
Les médias l’avaient surnommé
‘Iceman’, après un triplé très
médiatisé, car il travaillait dans
une entreprise de glaces (sou-
rire). Il s’implique beaucoup
dans ma carrière et est souvent
en Belgique pour regarder mes
matchs. C’est chouette d’avoir
dans son cercle proche une per-
sonne qui sait exactement ce
qu’est le monde du football pro-
fessionnel. C’est le genre de père
qui me parle de mes erreurs
quand je fais un bon match. Ma
maman est différente : elle pen-
sera toujours que j’ai fait le
match de ma vie même après
une défaite 6-0 (rires).”
Depuis tout petit, Casper
Nielsen a montré de grandes
facultés sur le terrain. À tel
point que les plus grands se
sont intéressés à son profil
durant son adolescence. “Plu-
sieurs grands clubs danois vou-
laient me transférer durant
ma formation. J’ai aussi fait un
test à Manchester City à l’âge de
15 ans. C’était une expérience in-
croyable, c’était un tout autre
monde. Mais je n’étais pas prêt
pour partir loin de ma famille.
Malgré tout, j’ai assez tôt voulu
devenir footballeur profession-
nel.”
. L’Europa League
avec Esbjerg
Formé à Esbjerg, Nielsen
fait ses débuts professionnels
dans le championnat danois
à l’âge de 18 ans. Après
une première année
passée dans l’om-
bre, il se fait une
place dans l’ef-
fectif durant la saison 2013-
ville, explique l’Unioniste. Je
garde de bons souvenirs comme
le jour où j’ai été capitaine à
21 ans dans l’un des matchs les
plus importants du Danemark,
face à Brondby. En 2013, nous
avons aussi gagné la Coupe et
j’ai réellement compris ce
qu’était le football ce jour-là.
Peu importe la manière, l’im-
portant est de gagner. Simple-
ment gagner, gagner, gagner.
Je me fous de marquer qua-
tre buts ou d’inscrire deux
goals contre mon camp :
l’important est la victoire
au coup de sifflet final.”
Le succès en Coupe
ouvre les portes de
l’Europa League à Esbjerg
qui est versé dans un groupe
avec Elfsborg, Salzbourg et…
le Standard. À seulement
19 ans, Nielsen participe pour
la première fois à une com-
pétition européenne et est
même titularisé sur le ter-
rain de la Fiorentina au
tour suivant. “En
étant si jeune,
il y a un peu
de nervosité avant
le match mais une fois
sur le terrain, tu ne réfléchis
pas trop. Nous avions une très
bonne équipe avec par exemple
Martin Braithwaite qui joue
maintenant à Barcelone. Cela a
été une bonne chose pour mon
développement d’être confronté
à de la pression à un si jeune
âge.”
Après quatre ans et demi à
Esfberg, Nielsen décide de
quitter sa ville et signe durant
l’hiver 2017 à Odense. Un saut
vers l’inconnu que le milieu
de terrain ne regrettera pas.
“Esbjerg me proposait un bon
contrat mais la culture du club
était morte. Il y avait beaucoup
d’attention autour de moi car
j’étais l’un des joueurs qui de-
vait aider le club à progresser.
Chaque jour, les mêmes person-
nes me regardaient en se de-
mandant ce que j’allais réaliser
sur le terrain. J’avais besoin de
voir autre chose et d’aller de
l’avant. Rejoindre Odense était
le bon choix avant de quitter le
Danemark.”
. L’incompréhension
lors de son départ
Un départ vers l’étranger
qui a finalement eu lieu du-
rant l’été 2019 avec comme
point de chute l’Union Saint-
Gilloise. Les Bruxellois sont
alors entraînés par Thomas
Christiansen et tentent par
tous les moyens de sortir de
la Division 1B. “Quand mon
agent m’a parlé de l’Union, je
me suis dit que ce n’était pas un
pas en avant dans ma carrière.
Mais Chris O’Loughlin (NdlR : le
directeur sportif) est revenu
plusieurs fois à la charge et m’a
montré qu’il me voulait vrai-
ment. Lors de notre
premier entretien,
j’ai été surpris
par le fait
qu’il savait
tout à mon sujet. Il me connais-
sait comme footballeur mais
aussi comme personne. Il m’a
promis que le club allait réussir
à atteindre ses objectifs.”
Casper Nielsen est titularisé
dès la première journée de
championnat et ne loupera
que trois rencontres de cham-
pionnat en deux saisons et de-
mie. “Quand je suis parti, beau-
coup de Danois se sont de-
mandé ce que j’allais faire en D2
belge. Aujourd’hui, les gens ont
compris (sourire). Plusieurs
grands clubs danois me vou-
laient mais je souhaitais rejoin-
dre l’étranger. C’était un pari ris-
qué et peut-être pas nécessaire-
ment un pas en avant dans ma
carrière à première vue. Mainte-
nant, je peux regarder en ar-
rière et me dire que j’ai fait le
bon choix.”
“Aux JO, nous
déjeunions à côté
de Rafael Nadal”
Nielsen faisait partie de la sélection
danoise à Rio en 2016.
C asper Nielsen a 22 ans quand il s’apprête à vi-
vre l’un des plus beaux moments de sa car-
rière. Durant l’été 2016, le milieu de terrain parti-
cipe aux Jeux olympiques de Rio avec l’équipe natio-
nale U23 danoise. “C’était une expérience folle, l’une
des plus grandes de ma vie, se remémore Nielsen.
C’est même difficile de mettre des mots dessus telle-
ment tout est différent de la vraie vie aux Jeux. Nous ne
vivions pas dans le Village car nous devions jouer en de-
hors de Rio. Nous avons quand même croisé des athlè-
tes connus comme les basketteurs de l’équipe améri-
caine. Nous déjeunions aussi aux côtés de Rafael Nadal.
Tout le monde se parle et est ouvert à la discussion, c’est
assez génial comme ambiance.”
. Forfait contre Neymar
En phase de poules, le Danemark rencontre l’Irak,
l’Afrique du Sud et… le Brésil. “Contre l’Irak, j’étais ti-
tulaire mais je me suis blessé à la cheville, se sou-
vient-il. Cela m’a empêché d’affronter le Brésil et ses
stars comme Neymar, Marquinhos ou Gabriel Jesus.
Bien sûr que j’étais déçu car il y avait une ambiance de
fou avec un stade archi comble. Mais je pen-
sais après ma blessure que ma compétition
était déjà terminée. Le staff médical a tout
fait pour que je puisse jouer le quart de fi-
nale contre le Nigéria (NdlR : défaite 2-0
avec un doublé de John Obi Mikel). J’ai
joué avec un double tape et ma cheville
devait être à 60 %… Dans ces mo-
ments-là, tu es prêt à prendre des ris-
ques car cela ne se passe qu’une fois
dans une vie.”
Près de six ans plus tard, Niel-
sen rêve de faire partie de
l’équipe demi-finaliste du der-
nier Euro. “C’est un rêve mais je
ne vais pas dormir chaque soir
en y pensant. Je m’en sors plutôt
bien avec l’Union et quand le sé-
lectionneur voudra m’appeler,
il m’appellera. Il y a beaucoup
de bons joueurs qui évoluent
en Premier League ou en Serie
A. Mais en jouant à un haut ni-
veau en Pro League, tu as le ni-
veau pour l’équipe nationale.”
Avec la Danish
Dynamite en mars ?
Le sélectionneur s’est dit prêt à intégrer de
nouveaux joueurs. Nielsen pourrait en être.
L e Danois inconnu qui fait
un tabac.” Perdu de vue
depuis qu’il a signé pour
l’Union en 2019, Casper Niel-
sen a refait surface dans l’ac-
tualité de son pays, grâce aux
performances épatantes
d’un promu qui fait parler de
lui aux quatre coins de l’Eu-
rope.
Fin octobre, c’est le grand
quotidien Ekstra Bladet qui se
penchait sur sa réussite,
comparant le parcours de
l’Union à celui de Kaiserslau-
tern, en 2003. “Avec le recul, je
me dis que j’ai bien fait de ve-
nir en Belgique”, expliquait-il
alors à ses compatriotes. “Les
Danois ont entendu parler de
Casper, mais ne savent pas
vraiment qui il est ni ce qu’il
vaut, car la D1 belge n’est pas
retransmise en TV”, nous expli-
que Kenneth Jensen, journa-
liste à Ekstra Bladet. “Ils ont
encore en tête l’image du
joueur de Superligaen, mais il
a bien évolué, depuis lors.”
En novembre, c’est Per Fri-
mann, qui a notamment
porté le maillot anderlech-
tois entre 1982 et 1988, qui y
allait de son avis sur le nu-
méro 6 de l’Union. Quelques
jours plus tôt, le sélection-
neur avait annoncé suivre de
près certains Danois qui
n’avaient encore jamais été
appelés. Frimann tweetait
alors : “Kasper Hjulmand a
mentionné de nombreux
joueurs qui réussissent bien à
l’étranger. Mais il a peut-être
oublié Casper Nielsen, qui se
débrouille très bien dans la li-
gne médiane de l’Union. Le
club bruxellois est en tête de-
vant le Club Bruges, dont nous
avons vu en Ligue des cham-
pions à quel point ils sont
forts.”
L’ancien international, qui
a 24 000 abonnés sur le ré-
seau social à l’oiseau bleu, a
un avis qui compte, d’autant
qu’il est consultant pour la
chaîne TV3.
“Je ne serais pas surpris qu’il
soit appelé en mars, pour les
amicaux contre les Pays-Bas et
la Serbie, poursuit Kenneth
Jensen. Je pense qu’il arrive
juste derrière ceux qui sont
dans la sélection maintenant.”
. Delaney, Hojbjerg,
Wass, Damsgaard, etc. :
une grosse concurrence
Car la concurrence est
rude chez le neuvième du
classement Fifa, qui avait
tenu la dragée haute aux Dia-
bles à l’Euro et compte dans
son entrejeu des joueurs évo-
luant en Serie A (Damsgaard,
Sampdoria), en Liga (Wass,
Valence et Delaney, Séville)
ou en Premier League (Nor-
gaard et Jensen, Brentford ;
Hojbjerg, Tottenham). “Il y a
aussi Eriksen, qui revient de
son problème cardiaque. Mais
c’est bien possible que Casper
soit appelé quand même, pour
voir ce qu’il vaut et parce que la
ligue belge est respectée”, con-
clut notre confrère.
Le téléphone de Nielsen est
en tout cas prêt à recevoir un
appel de Copenhague, cou-
rant mars.