Jean-Thierry Lazare est l’homme en forme de l’Union en ce début d’année.Photo News/Peter De Voecht.Le milieu de terrain ivoirien de l’Union place la barre très haut en ce début d’année 2022. À 23 ans, il saisit pleinement sa chance, lui dont le parcours de vie n’a pas été un long fleuve tranquille. next
En ce début d’année, Jean-Thierry Lazare Amani a le sourire. Et il y a de quoi puisqu’il vient d’enchaîner quatre titularisations de rang à la pointe du triangle médian de l’Union, livrant autant de prestations de haut vol. Tellement qu’il a même été élu homme du match contre Anderlecht. Le joueur ivoirien saisit des deux mains l’opportunité qui lui est enfin donnée de se montrer, lui dont le parcours est on ne peut plus atypique.C’est à 13 ans que les choses sérieuses ont débuté pour Lazare. Il y a dix ans (il en a 23), il prend part à des sélections organisées par Aspire, l’académie sportive du Qatar, dans sa ville natale de Oumé. « Et j’ai été retenu, ce qui m’a permis d’aller passer de nouveaux tests à Abidjan », se souvient-il. « À nouveau, cela s’est bien passé et je suis allé au Qatar pour une nouvelle batterie de sélections. »Jugé apte au service, il pouvait dès lors définitivement intégrer l’académie basée au Sénégal. « J’y ai suivi une formation jusqu’à mes 18 ans. Il y avait des jeunes de plusieurs nationalités ainsi que de différentes générations. Le matin, on avait entraînement. Ensuite, c’était école et repos. Le soir, on avait un nouvel entraînement et des cours. C’était la routine mise en place. Et régulièrement, je faisais également des allers-retours entre le Sénégal et le Qatar. »Durant son passage au sein de l’académie, il côtoiera du beau monde, dont deux joueurs marquants. « Il y avait Moussa Wagué, qui joue aujourd’hui à Barcelone, et Henry Onyekuru, actif à Galatasaray. Ce dernier était mon meilleur ami, même s’il appartenait à la génération avant la mienne. D’ailleurs, lorsqu’on jouait à Eupen, on habitait ensemble. »À 18 ans, le moment est venu pour Jean-Thierry Lazare de faire le grand saut et de prendre la direction de l’Europe, et des Cantons de l’Est plus précisément. En 2016, il débarque à Eupen où il jouera trois saisons et demie. « Mon acclimatation s’est bien déroulée car j’y ai retrouvé des joueurs qui sont également passés à un certain moment par l’académie. Outre Onyekuru qui était arrivé à Eupen un an avant moi, il y avait Samuel Asamoah et Eric Ocansey. »Avec les Pandas, il disputera un total de 99 matches. « Mon aventure à Eupen s’est bien passée dans l’ensemble, même si la fin fut quelque peu compliquée avec la direction et le coach. Alors que je devais jouer mon 100 e match, j’ai été enlevé de la liste à la dernière minute. »En janvier 2020, il quitte finalement le club germanophone et prend la direction du Sporting de Charleroi. Mais au Mambourg, il ne disputera pas la moindre minute de jeu. « Quand je suis arrivé, l’équipe se portait bien et il fallait attendre son tour. Et puis, en mars, la compétition s’est arrêtée à cause du coronavirus. Lorsque la nouvelle saison est arrivée, j’ai perdu mon père et suis rentré deux semaines en Côte d’Ivoire pour les funérailles. À mon retour, j’ai été infecté par le Covid et suis resté deux semaines de plus sur la touche. Cela m’a donc fait quasiment un mois sans jouer. »Rapidement, Charleroi décide de le prêter et c’est en… D2 portugaise que le milieu de terrain se refera une santé la saison passée, à Estoril Praia. « Ce fut une très belle expérience pour moi qui n’avais connu que la Belgique depuis mon arrivée en Europe. J’y ai découvert une nouvelle culture, une nouvelle langue et aussi un nouveau climat (sourire). Sportivement parlant, cela s’est très bien passé puisqu’on a été champion et donc promu en D1. Le coach voulait me garder mais, personnellement, je voulais revenir en Belgique. Car j’avais le sentiment d’être resté sur ma faim et d’avoir donc encore des choses à prouver. »Et c’est donc à Saint-Gilles (toujours en prêt de Charleroi) qu’il pose ses valises durant l’été 2021. Un club avec lequel il allait passer par tous les états. Le 25 juillet, il allait réaliser des débuts tonitruants face au Sporting d’Anderlecht, inscrivant un superbe but à un quart d’heure de la fin de la rencontre, quelques minutes après sa montée au jeu. « Il s’agissait de mon 100 e match en D1 belge et de mon match de retour en Belgique. L’occasion était parfaite. J’étais vraiment très content. Ce sont des souvenirs qui resteront à jamais gravés dans ma mémoire. »Quelques semaines plus tard, il allait toutefois déchanter lorsqu’il se faisait exclure juste avant la mi-temps face à Seraing (le 16 octobre) pour sa toute première titularisation avec l’Union. « Seraing, c’est mon pire souvenir. La situation de l’équipe n’était pas agréable car on était mené 0-2. Je prends une rouge un peu stupide, même si je pense que l’arbitre a mal interprété mon geste. J’ai eu du mal à digérer le fait d’avoir attendu aussi longtemps ma chance et que, lorsque celle-ci s’est présentée, je n’ai pas su la saisir. D’autant que, par la suite, je me suis à nouveau retrouvé sur le banc. »Mais son statut change en ce début d’année 2022 puisqu’il vient d’enchaîner quatre matches comme titulaire. Autant de rencontres lors desquelles il a crevé l’écran, comme ce fut le cas ce week-end face à Anderlecht où il a réussi 84 % de ses passes et 75 % de ses tacles ! « Mais je ne me dis pas pour autant que je dois absolument saisir ma chance, que c’est le moment. Car ce serait me mettre une pression supplémentaire. Je ne veux pas jouer avec cette idée ancrée dans ma tête. J’essaye surtout de prendre du plaisir, et de gagner ! »D’ici quelques mois, le prêt de Lazare à l’Union viendra à échéance. De quoi son avenir sera-t-il fait, sachant qu’il est sous contrat avec le Sporting de Charleroi jusqu’en juin 2023 ? « Je suis prêté à l’Union mais avec une option d’achat. Donc tout peut arriver. Je pourrais rester à l’USG, tout comme retourner à Charleroi. Mais pour le moment, il n’y a pas encore d’orientation claire quant à la suite de ma carrière. Personnellement, je reste concentré sur l’aspect football. »Car il le sait, s’il continue à évoluer de la sorte, il pourrait bien un jour attirer le regard des Éléphants de Côte d’Ivoire, l’équipe nationale. « Jouer pour la sélection, c’est un rêve d’enfant. C’est le summum. Et maintenant que je suis professionnel, j’en suis plus proche. Mais il faut dire qu’il y a beaucoup de joueurs de qualité à ma position. Donc il n’y a pas de secret, il faut continuer à travailler. » Et à livrer des grosses prestations. À voir si Felice Mazzù lui fera à nouveau confiance ce samedi face à l’Antwerp lors d’un match de la plus haute importance pour l’Union.