Leaders autoritaires de la D1A, les joueurs de Felice Mazzù font de plus en plus figure de candidats crédibles au titre national. Faut-il vraiment croire en un épilogue heureux ? Décryptage. prevnext
Semaine après semaine, victoire après victoire, l’Union se rapproche inexorablement des playoffs 1. Un Top 4 qui ne devrait plus, sauf catastrophe, lui échapper. Et qui pourrait n’être qu’un objectif intermédiaire. Car au rythme où elle carbure, l’USG pourrait bien coiffer les lauriers nationaux en fin de saison… Cette hypothèse aurait relevé du fantasme chez les sympathisants unionistes il y a quelques mois de cela, mais elle paraît de plus en plus plausible. Pourtant, dans les rangs saint-gillois, on se refuse, encore et toujours, à parler de titre. « Si on est en position de remporter le championnat lors de la dernière journée des playoffs 1, alors oui l’objectif sera le titre », peut-on entendre. Ou encore : « Dans le vestiaire, on n’en parle pas, on reste concentré sur nos prestations. » Est-ce là un moyen de s’enlever de la pression ? Le titre n’est-il vraiment pas dans un petit coin de leur tête ? Quoi qu’il en soit, les chances de voir l’USG sacrée pour la douzième fois de son histoire, 88 ans après son dernier titre en 1935, sont bien réelles. Mais le chemin pour y parvenir est encore parsemé d’embûches
1 L’USG creuse l’écartsur ses poursuivants
En ce début d’année, rien – pas même le brouillard – ne semble pouvoir arrêter l’Union, si ce n’est Mignolet qui aura multiplié les parades jeudi dernier. On prédisait un mois de janvier dantesque aux Saint-Gillois. Au final, ils s’en seront admirablement sortis. Ils débutent 2022 par un 10 sur 12. Seul l’Antwerp fait aussi bien. Et ce, excusez du peu, face à Seraing (à 10 contre 11 durant la majorité de cette rencontre jouée en deux temps), Genk, Bruges et Anderlecht. Et tout cela, sans Mitoma qui peine à revenir après une blessure encourue à la toute fin du stage hivernal.À l’heure de faire les comptes, les troupes de Felice Mazzù peuvent s’apercevoir qu’elles possèdent neuf points d’avance sur leur plus proche concurrent, Bruges. Un Club que les Jaune et Bleu ont fait vaciller de son socle, dans son antre qui plus est, mais qu’ils ne seront toutefois pas parvenus à faire tomber.Les Saint-Gillois ont également une confortable avance sur le cinquième, Charleroi (17). Cela signifie que, dans trois rencontres, ils pourraient mathématiquement valider leur ticket pour les Playoffs 1. Un billet qui pourrait être composté… face à Charleroi le 19 février, soit six matches avant la fin de la phase classique ! Cela voudrait alors dire que les Bruxellois auraient… plus de deux mois pour se préparer à ce mini-championnat. Autant de temps à mettre à profit pour accroître encore leur avance sur leurs rivaux.
2 L’Union s’est amélioréeface aux grands
Le 21 janvier dernier, à quelques encablures de la rencontre face à Genk, Felice Mazzù avait affirmé que « l’objectif comptable lors des quatre prochains matches sera de faire mieux que lors de la phase aller ». C’est-à-dire faire mieux que 4 sur 12 face à Genk, Bruges, Anderlecht et l’Antwerp. Objectif déjà rempli puisque les Unionistes en sont à 7 sur 9 alors qu’ils doivent encore se déplacer au Bosuil samedi prochain. Comme si les Saint-Gillois avaient retenu les leçons des premiers matches… Car on se souvient qu’ils étaient ressortis particulièrement écœurés de leurs affrontements face à Bruges et l’Antwerp, douchés en toute fin de match après avoir loupé un nombre incalculable d’occasions. Ce qui avait récemment fait affirmer à Felice Mazzù que « parfois, il faut savoir se contenter d’un point ».Ses joueurs sont passés de la théorie à la pratique lors du dernier match de l’année 2021 face à Gand ainsi que la semaine dernière face à Bruges. À chaque fois, les Unionistes ont au moins assuré l’essentiel. S’ils ne sont, à ces occasions-là, pas parvenus à creuser leur avance, au moins l’ont-ils maintenue.Cette maturité pourrait s’avérer très précieuse en cas d’accession aux Playoffs 1 où il s’agira de gérer, au mieux, six matches d’affilée de haut niveau.
3L’Union s’en sortmême quand son attaquen’est pas au top
Si l’Union proposait un football flamboyant en début de saison, son jeu est désormais plutôt basé sur l’efficacité et l’organisation. « Si on regarde l’aspect défensif, on a réalisé un match parfait. Par contre, offensivement, je suis moins satisfait. On a eu trop de déchets », reconnaissait d’ailleurs Felice Mazzù après le derby bruxelloisLes deux dernières rencontres ont dès lors fait sauter aux yeux un constat : l’USG peut aussi s’en sortir lorsque son duo d’attaque Undav-Vanzeir, auteur tout de même déjà de 31 buts, est moins en forme. Et cela, grâce à une ligne médiane qui ne calcule pas ses kilomètres. Un milieu de terrain qui est emmené par un Casper Nielsen tout simplement en feu, le Danois ayant inscrit deux goals très importants face à Genk et au RSCA.Sans oublier la défense qui est de plus en plus imperméable. Une arrière-garde qui peut toujours compter sur Anthony Moris qui veille au grain, comme ce fut le cas ce week-end avec deux arrêts de grande classe. Sur les cinq derniers matches, il n’a d’ailleurs pris qu’un seul but (il en est à 11 clean-sheets). L’Union va être très difficile à bouger en cette fin de saison.
4 L’Union a la culturede la gagne
Au-delà de toute considération technique ou tactique, l’arme la plus redoutable de l’Union est très certainement son mental. Depuis que Felice Mazzù est arrivé à la Butte en mai 2020, il a inculqué la culture de la gagne à ses joueurs. On a notamment pu s’en apercevoir en préparation de la présente saison. Durant l’été 2021, l’Union avait remporté pratiquement tous ses matches amicaux. Alors que certains coachs se satisfont, à ces occasions, uniquement du contenu proposé par leurs ouailles, Mazzù, lui, donnait également de l’importance au résultat. « Je veux que mes joueurs aient envie de tout gagner, peu importe qu’on joue contre une équipe amateur de D3 ou bien contre une équipe confirmée de D1A », avait-il alors confié. Son discours n’a, depuis lors, pas changé d’un iota. Ses joueurs ne lâchent jamais rien et peuvent faire la différence jusqu’au bout, même à quelques secondes de la fin. Genk a encore pu récemment s’en apercevoir.Sous Mazzù, l’Union en est à 46 victoires en 53 matches de championnat (D1B et D1A compris), soit 87 % de succès ! On voit mal cette mentalité de gagnant s’évaporer tout d’un coup.
1 L’Antwerp pourjouer les trouble-fête
L’avance de l’Union est confortable sur Bruges (9 points) et – très- conséquente sur Anderlecht (15 points). Mais peut-être est-ce oublier un peu rapidement l’Antwerp. Sans faire de bruit, le club de la Métropole réalise un excellent début d’année 2022 et s’est placé en embuscade, à la troisième place du classement. Les hommes de Brian Priske comptent, certes, dix points en moins que ceux de Felice Mazzù. Mais ce retard pourrait fondre comme neige au soleil. En effet, ils comptent un match remis qu’ils joueront mercredi contre Courtrai, avant de recevoir l’Union samedi. Si le matricule 1 gagne donc ses deux prochaines rencontres, il reviendra à quatre unités de l’USG, soit virtuellement deux vu que les points sont divisés par deux en Playoffs 1. L’avance saint-gilloise ne serait plus que minime.Le match de ce samedi soir vaudra dès lors son pesant d’or. À cette occasion, l’Antwerp pourra, de plus, compter sur le soutien de ses vibrants fans. Un paramètre qui pourrait avoir toute son importance. Felice Mazzù avait d’ailleurs lui-même fait remarquer que le retour de « ses » supporters lors du derby avait été bénéfique à son équipe. « J’avais dit aux joueurs qu’on aurait une énergie supplémentaire car le public allait nous pousser jusqu’au bout. » Cela fut le cas.
2 Un noyauqui reste étroit
Cette dernière semaine, les Saint-Gillois auront dû aller puiser dans leurs ressources les plus profondes. Car Mazzù a aligné à trois reprises exactement le même onze de base. Contre Genk et Bruges, il n’a en outre effectué qu’un seul changement. Contre Anderlecht, il en a par contre effectué quatre, mais dans les dix dernières minutes de jeu.Le succès de l’Union se construit donc avec un groupe restreint de joueurs. Mais que se passerait-il si le coach devait composer sans l’un de ses cadres durant une longue période ? Depuis le début de la saison, l’USG touche du bois et est fortement épargnée par la poisse. Car finalement, outre Lynen, personne ne s’est gravement blessé. Mais la question doit tout de même – encore et toujours – tarauder l’esprit du staff saint-gillois. Le banc sera-t-il capable de pallier l’absence d’un joueur majeur ? Et plus globalement, le groupe sera-t-il capable de tenir une telle cadence physique ? Car les joueurs saint-gillois font partie de ceux qui courent le plus par match de toutes les équipes de D1A.
3 La pressionva s’intensifier
Jusqu’à présent, la pression ne semble pas affecter Felice Mazzù et ses joueurs. Un coach qui a d’ailleurs adressé un « Fuck the pression » aux caméras de télévision à la mi-temps d’Union-Anderlecht. Mais en sera-ce ainsi jusqu’au bout ? L’attention médiatique, déjà forte, ne va forcément faire que grandir à mesure que l’USG se rapproche des Playoffs 1. Mazzù a eu beau dire en conférence de presse vendredi dernier, en forme de clin d’œil, que « la plupart de mes joueurs ne comprennent pas le néerlandais ni le français et ne lisent donc pas la presse », les Saint-Gillois ne peuvent toutefois passer à côté de l’engouement qui entoure leur club. Un engouement qui dépasse d’ailleurs largement les frontières de la Belgique puisque leur épopée a déjà été relayée dans le monde entier. Ce week-end, c’était au tour de la télévision publique allemande « ZDF » de consacrer un reportage à l’Union.Et qui dit attention médiatique dit également convoitises. Le mercato hivernal vient de fermer ses portes. Mais celui d’été pourrait bien faire tourner la tête de certains joueurs.