Le président Dailly aux côtés de Textor.
Thierry Dailly et tous les fans du club peuvent souffler avec l’arrivée de John Textor comme nouvel actionnaire majoritaire. Le businessman américain a racheté 80 % des actions du RWDM. prevnext
C’était dans l’air et cela s’est confirmé ce mercredi sur le coup de midi au stade Edmond Machtens. Un nouvel investisseur débarque au RWDM en la personne de John Textor, milliardaire américain ayant fait fortune dans l’industrie du cinéma et de la technologie.Après plusieurs mois de galères et de recherches infructueuses, cette rencontre, arrivée « par hasard » selon Thierry Dailly, aura donc changé la donne du club molenbeekois qui pourra vivre plus sereinement dans les années à venir avec la venue de l’homme d’affaires floridien. « C’est la seule personne à qui j’ai accepté de donner la majorité des actions. Humainement, John Textor colle à notre vision. Dans le football, il manque des gens comme lui », précisait d’ailleurs Thierry Dailly en conférence de presse.Pourtant, en janvier 2021, la donne aurait pu être bien différente à en croire les propos du président actuel de la formation bruxelloise qui a raconté une anecdote incroyable à la presse. « Il y a environ un an de cela, un énorme groupe mondial était sur le point de racheter le club. Cela a finalement capoté pour une histoire de douane à l’aéroport. Cela s’est joué à très peu de choses… Un Américain a fait le déplacement à Bruxelles en pleine pandémie et il ne lui manquait qu’un petit papier pour entrer sur le territoire. À cause de cela, il est resté 24 heures dans les services de la douane avant de faire demi-tour et de rentrer aux USA. Il n’a plus jamais voulu remettre les pieds ici », détaillait Thierry Dailly sur cet ex-potentiel acquéreur du RWDM.Comme le hasard fait bien les choses, il a fallu que cela soit un autre Américain qui devienne l’actionnaire majoritaire après des négociations plus faciles cette fois-ci… John Textor, qui a fait le déplacement en personne pour se présenter personnellement face aux nombreux médias présents pour l’occasion, a fait très bonne impression pour sa première apparition officielle au stade Machtens.Retour sur les moments forts de sa première interview en tant que nouvel homme fort de la maison rouge et noire.Monsieur Textor, quelles sont vos impressions en tant que nouvel actionnaire majoritaire du RWDM ?« Je suis ravi de pouvoir rejoindre un club comme le RWDM. J’ai parlé à plusieurs reprises du fait que le football belge était devenu incontournable. Pour moi, c’est un pays qui est devenu une référence en la matière. »Quelle sera la structure mise en place ?« Je serai l’actionnaire majoritaire du club et Thierry reste l’autre actionnaire. Il conserve également son fauteuil de président. Une personne de Crystal Palace, un associé, viendra m’épauler dans mon travail ici au RWDM et entrera dans le conseil d’administration. Mais elle n’est pas encore définie. »Quelles seront vos premières missions au RWDM ?« Je pense que la chose la plus importante n’est pas de parler de collaboration et de partenariats entre Crystal Palace et le RWDM pour le moment mais d’établir les premiers liens entre les différentes parties. Faire en sorte que tout le monde se sente bien et à l’aise dans ce nouvel environnement. Je ne parle pas que des gens qui travaillent au club ou des joueurs mais aussi des supporters. Je ne pense pas qu’à monter en D1A, je pense à faire en sorte de construire et consolider cette famille. L’intégration de ces nouvelles relations constituera donc ma première mission à Molenbeek. Le fait de devenir un plus grand club passera par cela. Ensuite, il faudra suivre nos différents projets. Je suis un homme de projets et j’y accorde beaucoup d’importance. J’ai envie de consolider notre Académie et d’améliorer nos infrastructures pour les jeunes et pour le noyau A. Je veux mettre l’accent là-dessus : nos jeunes, nos installations et tenter d’arranger tout ce qui est lié aux terrains. Si l’on veut voir de la magie sur la pelouse, cela doit passer par certains aménagements. »Pourquoi avoir jeté votre dévolu sur Molenbeek ?« J’ai appris beaucoup de choses positives sur le club grâce à un bon ami à moi, le propriétaire du KV Ostende (Chien Lee). Dans le foot, vous devez parfois faire confiance à certaines personnes même si c’est parfois compliqué dans ce milieu. Vous devez avoir des liens solides avec certains partenaires et c’est ce qu’il s’est passé ici. Comme j’habite en Floride, je n’avais pas eu l’occasion de pouvoir connaître toutes les choses nécessaires sur le pays, la culture ou même le club tout simplement. On m’a donc conseillé un maximum et j’ai pu ensuite me rendre compte des choses avec Thierry Dailly, qui est un homme plus que compétent dans son domaine. Il a d’ailleurs très bonne réputation. C’est un gars qui est simple, cohérent, honnête et qui aime son club. C’est plus facile de pouvoir construire quelque chose avec ce genre de personnes. Nous avons besoin de stabilité afin de bâtir quelque chose de plus grand en deuxième ou en première division. Et puis, autre chose importante, il y a une proximité avec Crystal Palace (NdlR : club dont il détient 18 % des parts qui a envoyé plusieurs personnes importantes de sa structure pour suivre sa présentation officielle) ou plutôt Londres, qui n’est seulement qu’à deux heures de train de Bruxelles. Les probabilités que la collaboration entre Palace et le RWDM seront meilleures, je l’espère, grâce à cette proximité entre les deux formations. En tout cas, je ne serais pas ici si Thierry Dailly était parti (rires). »Est-ce votre ambition de monter en D1A avec le club ?« Bien entendu. Je rejoins le club en milieu de saison mais j’ai vu plusieurs matches du RWDM et j’ai aimé la manière dont l’équipe jouait. On a les ressources nécessaires pour faire de bonnes choses. J’espère connaître différents succès avec le club. »Avez-vous un message à adresser aux supporters qui se mettent à rêver désormais d’un retour en D1A ?« Les gens du club m’ont demandé de faire attention à ce genre de prédictions (sourire). Je ne vais pas encore parler de ce come-back en Division 1A. Le principal est de d’abord tisser les liens et de faire du RWDM une plus grande famille qu’auparavant. On espère revenir le plus vite possible dans l’élite, c’est certain ! Cela pourrait être cette saison mais il faut garder les pieds sur terre et avancer dans les autres projets qui englobent le RWDM. Ma stratégie est de me focaliser sur le club désormais et d’améliorer ce réseau et les joueurs qui pourront transiter entre les clubs. »
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L’émotion était palpable lors du discours de Thierry Dailly.
Ce mercredi 12 janvier 2022 marquera un tournant important de l’histoire du RWDM, c’est certain. L’arrivée d’un investisseur, espérée depuis tant d’années, s’est enfin concrétisée. Pour le plus grand plaisir du président Thierry Dailly qui depuis 2014 dirige son navire en bon père de famille. Qui, seul, a fait face à de nombreuses marées hautes, sans jamais couler. Sans perdre le nord. Mais ce mercredi, il a bel et bien légué 80 % des parts du club à John Textor. Comme un symbole. Le RWDM est donc en passe de franchir un nouveau cap, d’entrer dans une nouvelle ère. Mais toujours avec Thierry Dailly aux commandes, puisqu’il demeurera le président du club, l’investisseur américain étant le nouveau propriétaire. « Il était important que je puisse rester », relatait le Bruxellois. « John Textor réside de l’autre côté de la planète, à plus de 9.000 kilomètres d’ici, il est logique que quelqu’un soit en Belgique pour être à la tête du bateau. Son arrivée ne peut être que positive ; nous ne devons pas changer grand-chose, mais il est nécessaire d’avancer et de progresser dans tous les secteurs. De structurer le club. Nous souhaitons faire grandir le club sur le plan sportif et sociétal. »Et, forcément, Thierry Dailly se réjouissait d’avoir -enfin- trouvé l’oiseau rare, un homme qui collait parfaitement à l’idée qu’il se faisait d’un investisseur après en avoir vu défiler des dizaines ces dernières années. « J’ai eu beaucoup de contacts, avec différents profils », reconnaissait Dailly. « Mais John est le seul à qui j’ai finalement accepté de donner la majorité des parts du club. Tout simplement car le feeling est directement passé entre nous. Lors de notre premier échange, au début du mois de décembre, ce n’est pas l’aspect financier qui l’intéressait. Mais tout le reste. Et cela montre que c’était l’homme qu’il nous fallait. Sa vision, son approche sociétale, c’est aussi cela dont nous avions besoin. Des gens comme lui, cela manque dans le football moderne. »S’il se montrait excité et heureux d’enfin être épaulé à la hauteur de ses attentes, le président molenbeekois était d’autant plus ému. Au bord des larmes, Thierry Dailly savait qu’il venait, sans doute, de permettre à son « bébé » de passer à la vitesse supérieure. « Quand on veut, on peut et aujourd’hui, je suis un président heureux. Très heureux », convenait-il.Une émotion compréhensible puisque c’est lui qui, en 2014, n’a pas hésité à se lancer dans un projet fou : faire renaître le RWDM de ses cendres. Malgré les nombreuses turbulences, il était parvenu, en 2015, à concrétiser ses rêves, le club repartant de D3 amateurs. Sept ans plus tard, après un impressionnant chemin parcouru, il ne peut être que fier de faire partie des 24 clubs professionnels et de tenter de le rendre encore plus puissant. « Nous avons très bien travaillé tout au long de ces années. En Division 1B, avec un petit budget comme le nôtre, nous pouvons nous maintenir. Nous l’avons prouvé. Mais pour franchir le pas, c’est une nécessité d’avoir un actionnaire ; d’autant plus avec le Covid qui nous met en difficultés. Désormais, nous pouvons ambitionner de gravir un nouvel échelon à terme. »De là à dire -ou écrire- que le matricule bruxellois intégrera l’élite dans les prochains mois, il y a un pas que personne n’osera franchir. « Nous voulons avant tout que le club grandisse dans son ensemble. Nous nous sommes battus pour en arriver là et nous serons dans la continuité et la stabilité à l’avenir. Tout en sachant que de grandes choses nous attendent. »Si le montant exact de la transaction n’a pas été dévoilé, on parle bien évidemment de plusieurs millions d’euros. Qui seront bien évidemment investis avec minutie par John Textor et Thierry Dailly. « De nombreux dossiers sont déjà sur ma table : stade, terrains pour les seniors ou les jeunes, structure, etc ; les projets ne manquent pas. »La question qui est évidemment sur toutes les lèvres, c’est de savoir si certains joueurs du giron de Trextor -qui est actionnaire à Crystal Palace et détient aussi Botafogo- débarqueront au Machtens. « Si demain il me dit que Kouyaté ou Benteke viennent au RWDM, je signe des deux mains (rires). Plus sérieusement, ce n’est pas à l’ordre du jour. Nous prendrons le temps qu’il faut, d’autant qu’ici, John investit à son propre compte, pas au travers de ses sociétés, comme il le fait à Crystal Palace. »
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Dailly, Textor et Moureaux.
Sportivement, socialement et économiquement, le RWDM fera sans aucun doute possible un bond en avant dans les prochains mois, les futures années. Une excellente chose pour Bruxelles, qui pourrait bien voir un troisième club se hisser au niveau de l’élite aux côtés d’Anderlecht et de l’Union, mais aussi pour la commune de Molenbeek. « Cela nous fait effectivement plaisir de voir un investisseur débarquer, ce qui devrait assurer l’avenir du club », jugeait Catherine Moureaux, la bourgmestre molenbeekoise. « Pour la commune, propriétaire du stade et qui a toujours apporté un soutien indéfectible au club, il était important de se retrouver dans un tel projet, de sentir que nous allions de l’avant. »Chose qui, au regard des différentes interventions de ce mercredi, devrait bel et bien être le cas, John Textor ayant répété à l’envi sa volonté de faire grandir le club. « Ce qui m’a le plus touchée, c’est l’importance qu’il conservera pour l’école des jeunes du club. C’était capital de pouvoir travailler avec quelqu’un qui partage les mêmes valeurs, dont l’ADN est proche de ce que nous connaissons ici. Qui plus est, cette école des jeunes est formidable et tourne très bien depuis plusieurs années. Cela ne peut donc être que positif. »Véritable passionné de sports, l’investisseur américain a donc trouvé un port d’attache qui semble lui convenir et où les portes ont été grandes ouvertes. « Il comprend la passion et l’émotion que l’on vit en regardant un match de football, que les fans ont. C’est le ciment même d’une communauté. »