Felice Mazzù est un
coach heureux. L’en-
traîneur de l’Union,
leader du champion-
nat, a pu compter sur un
stage sous le soleil espagnol
pour préparer au mieux la
deuxième partie de saison.
Entre bilan, mercato et am-
bition, Mazzù s’est livré avant
de clôturer cette belle se-
maine avec ses joueurs autour
d’un bon repas.
. LE STAGE
Quel bilan tirez-vous de ce
stage ?
“Globalement, c’est un stage
positif même si nous attendons
des nouvelles pour Kaoru Mi-
toma (NdlR : le Japonais est
sorti blessé lors du match
amical face au Cercle et souf-
fre d’une entorse de la che-
ville). Nous sommes dans la
continuité de ce que nous avons
fait précédemment. Les deux
nouveaux (NdlR : Koki Ma-
chida et Kacper Kozlowski)
ont pu être intégrés à l’équipe,
tout comme certains jeunes
U21.”
Vous sentez que cela a permis
de souder encore plus le
groupe ?
“Je l’espère car c’était l’objec-
tif. J’ai dit aux joueurs que les
treize derniers matchs de la
phase classique seront guidés
par la mentalité du groupe.
C’est ce qui a fait notre force
jusqu’à aujourd’hui et cela doit
le rester. Dans l’ensemble, ce
stage a permis de relancer la
machine.”
. LE MERCATO ENTRANT
Quel regard portez-vous sur Koki
Machida, le premier transfert
entrant de ce mercato hivernal ?
“Il est déjà presque prêt car il
s’est arrêté de jouer avec son
club japonais il n’y a pas si
longtemps. Nous avons la
meilleure défense du champion-
nat mais nous devons penser
aux possibles blessures, aux
suspensions et à l’avenir.”
Kacper Kozlowski est lui vu
comme une vraie pépite en
Pologne…
“On a déjà pu voir ses quali-
tés dans son toucher de balle et
sa technicité avec le ballon. Il
avait l’habitude de jouer dans
un 4-3-3 mais évoluait en nu-
méro 8 derrière les deux atta-
quants en équipe nationale, ce
qui est d’après moi sa meilleure
position. Il est encore jeune et il
lui faudra un temps d’adapta-
tion. D’autant qu’il n’est pas
encore prêt physiquement.
Comme avec Koki, il faut lui
permettre de s’intégrer calme-
ment pour qu’il comprenne bien
la philosophie et le système de
jeu.”
Peut-on s’attendre à l’arrivée
prochaine d’un attaquant ?
“C’est une certitude car on ne
peut pas terminer la saison
avec seulement deux atta-
quants. Concernant son profil,
j’aimerais une association de
Vanzeir et Undav, c’est-à-dire un
gars qui peut jouer entre les
lignes en sachant garder le
ballon et qui peut aussi jouer
dans la profondeur. Mais ce
n’est pas un profil facile à
trouver… L’important sera
d’avoir quelqu’un prêt à entrer
dans une concurrence à trois et
qui est conscient que nos deux
attaquants fonctionnent bien.
Même si cela ne veut pas dire
qu’il va tout le temps s’asseoir
sur le banc.”
Où en est le dossier de Cameron
Puertas, ce milieu de terrain qui
intéresse l’Union ?
“La direction sait ce que je
pense par rapport à cela : nous
avons déjà un entrejeu très
fourni et ma priorité va à l’atta-
quant. Si ce joueur qui a de la
qualité technique et de bonnes
capacités de perforation devait
arriver, on travaillera avec lui
dans le présent mais aussi dans
le futur car tout le monde sait
qu’il y aura l’une ou l’autre
vente en fin de saison. Dans un
groupe qui fonctionne bien,
comme c’est le cas, il faut ame-
ner de la concurrence mais pas
à trop grande échelle. Avoir un
apport en quantité trop élevé
est un risque car cela pourrait
nuire à la mentalité du groupe.
J’ai souhaité trois joueurs, un
dans chaque ligne, et c’est pour
moi suffisant.”
. LE MERCATO SORTANT
Même si la direction répète
qu’aucun cadre ne partira cet
hiver, n’avez-vous tout de même
pas une petite appréhension de
voir un joueur-clé quitter le
club ?
“Il y a d’abord une certaine
fierté d’entendre les joueurs
dire qu’ils veulent achever ce
qu’ils ont commencé avec
l’Union. Mais jusqu’à la ferme-
ture du marché des transferts, il
y aura toujours cette petite
crainte. Si un club vient avec
des millions et des millions, il y
aura certainement des discus-
sions… Mais je ressens que
dans le fond de leur cœur qu’ils
ont envie de continuer la saison
tous ensemble. Cela veut dire
qu’ils ont de l’ambition et qu’ils
croient en quelque chose.”
Avenatti a quitté l’Union pour le
Beerschot : quel regard portez-
vous sur son passage ?
“Il sait pourquoi il n’a pas eu
de temps de jeu. D’abord, à
cause de son retard physique en
début de saison puis à cause du
super fonctionnement de nos
deux attaquants et enfin par
rapport à son profil. Nous en
avons discuté et il était d’ac-
cord. La meilleure solution pour
lui était de retrouver du temps
de jeu.”
. LES AMBITIONS
Que répondez-vous à ceux qui
disent que viser les playoffs 2
est un manque d’ambition ?
“Le manque d’ambition serait
de dire aujourd’hui que notre
saison est finie car le maintien,
objectif fixé par la direction en
début de saison, est acquis.
Nous devons rester raisonna-
bles vu nos moyens, nos infras-
tructures ou notre noyau.”
Viser les PO1 mettrait trop de
pression sur les joueurs ?
“Nous en avons discuté avec
les joueurs et nous savons que
la pression va s’installer. J’ai
encore récemment lu un com-
mentaire de Ritchie De Laet
(NdlR : joueur de l’Antwerp)
qui disait qu’il ne restait plus
que trois places pour une quali-
fication en PO1, sous-entendant
que l’Union était déjà qualifiée.
Ce sont des manœuvres pour
nous mettre la pression. Il Il y a
une grande différence entre
“vouloir” et “devoir” : nous
voulons achever ce moment
historique mais nous ne devons
pas nécessairement le faire.”
Quel prochain petit objectif
pourriez-vous fixer à vos
joueurs ?
“Si nous sommes toujours
dans les deux ou trois premiè-
res positions au début du mois
de février, nous pourrons nous
permettre de continuer à rêver
de quelque chose.”
. LA SITUATION COVID
Comment voyez-vous la reprise
de la saison, avec les contami-
nations au Covid-19 qui aug-
mentent significativement ?
“Certains parlent de remettre
des matchs mais je ne vois pas
pourquoi on ferait cela. Cer-
tains clubs sont en train de
pousser à la Fédération car ils
ont d’autres intérêts, comme la
Can (NdlR : plusieurs clubs ne
peuvent pas compter sur des
joueurs partis à la Coupe
d’Afrique des Nations). En
réalité, je ne comprends plus
rien. On ne peut plus remettre
un match si une équipe a 7 cas
de Covid puis on peut à nou-
veau le faire. Je ne comprends
pas très bien ce mécanisme qui
fait qu’on change constamment
les règles. Il n’y a pas de règle-
ment clair et puis on s’étonne
qu’il y a constamment des
problèmes juridiques et des
attaques de club à club…”
Un report pourrait jouer en la
défaveur de l’Union ?
“Je n’ai pas envie de dire que
cela jouera en notre faveur ou
en notre défaveur. J’ai juste
envie de dire que, quand un
mécanisme est mis en place, il
faut le respecter jusqu’au bout.
Si nous avons des cas de Covid
en deuxième partie de janvier
quand nous jouerons trois
matchs en une semaine, est-ce
qu’on va nous permettre de ne
pas jouer ces matchs ? S’il n’y a
pas de solutions définitives qui
sont prises, il y aura constam-
ment des problèmes. Je ne suis
pas en train de trouver de
fausses excuses mais on nous
oblige à nous vacciner, à passer
des tests Covid avant les matchs
et tout cela ne sert finalement à
rien.”
“Je n’ai pas envie
d’avoir de projections”
L’entraîneur revit en
même temps que
son équipe.
S i la réussite de l’Union
est souvent liée aux
joueurs, elle doit être aussi
rattachée à son coach, Felice
Mazzù. L’ancien entraîneur
de Charleroi et de Genk vit
un rêve éveillé depuis son ar-
rivée à Bruxelles il y a un an
et demi. “Faire une aussi
bonne première partie de sai-
son m’a donné envie de repar-
tir vers une nouvelle ère dans
le monde du football profes-
sionnel, explique le T1 unio-
niste. Même si je n’ai jamais
adhéré à ce monde-là dans le-
quel il y a beaucoup d’égoïsme,
de mensonges et de malhonnê-
teté. Je sais qu’on me traite
parfois de personne trop gen-
tille. Pour moi, nous sommes
des privilégiés et nous devons
agir pour donner du plaisir
aux gens, dans la plus grande
honnêteté possible.”
Felice Mazzù ne veut pas
s’emballer malgré son statut
d’entraîneur de l’équipe en
tête du championnat. “J’ai
pris beaucoup de recul par
rapport à tout cela. 2017 avait
été une bonne année avec le
prix Raymond Goethals et celui
d’entraîneur de l’année au
Gala du Soulier d’Or. Mais je
n’avais pas bien géré ces mo-
ments car je m’étais préparé à
voir plus grand pour la suite.
Le prix Raymond Goethals ga-
gné en 2021 me pousse simple-
ment à remercier les gens qui
ont permis au club d’être aussi
bien classé et cela s’arrête là. Je
n’ai pas envie d’avoir de pro-
jections. La seule ambition que
j’ai est celle de finir le plus
haut possible avec l’Union.”
. L’émotion face à
Seraing
À l’heure de jeter un re-
gard dans le rétroviseur de
cette saison 2021-2021, l’en-
traîneur de 55 ans se rap-
pelle de plusieurs moments
qui l’ont fortement marqué.
Dont la remontada face à Se-
raing qui lui a donné le plus
d’émotions. “C’est le genre de
match pour lequel vous êtes
vraiment content d’être entraî-
neur de football. Pour le reste,
les moments-clés de la pre-
mière partie de championnat
ont été après chaque défaite.
Chaque fois, les joueurs ont su
relancer la machine avec une
victoire. Le fait de ne jamais
avoir enchaîné deux défaites
en championnat permet aux
joueurs de garder cette énergie
positive.”