L’image est forte. Après la raclée infligée par l’Union à Charleroi, Felice Mazzù lève les poings vers ses supporters. Comme s’il avait décidé de se lâcher dans cette ambiance surchauffée. C’est une scène qu’on a déjà vue avec ce coach aux racines italiennes. Mais cette fois, plus que jamais, on le sentait complètement libéré. Tout à sa joie, il s’est également tourné vers les supporters de Charleroi, un club dont il a occupé le banc durant six ans. Et les fans des Zèbres le lui ont superbement rendu. De belles images à une époque où les supporters oublient d’être calmes et ont pris l’habitude de se révolter. À ce moment-là, Mazzù a-t-il repensé à son passage plus que compliqué à Genk, une équipe du top où il s’était risqué après ses belles années au Sporting? À l’époque, le Carolo souhaitait se défaire de son étiquette d’entraîneur qui était le plus souvent dans la réaction, mais dès son premier jour dans le Limbourg, on a eu du mal à comprendre où il voulait en venir. Au Racing, il a multiplié les changements sans jamais trouver ce qu’il cherchait.
La médaille des succès de l’Union a elle aussi un revers.
Après son licenciement, il s’est accordé du temps pour faire le point. Une pause qui lui a permis de devenir un entraîneur différent. Mazzù a fait monter l’Union Saint-Gilloise avec la manière et aujourd’hui, après quatorze journées, son équipe est en tête de la D1A. Au point que la question se pose de plus en plus: l’Union pourrait-elle coiffer les lauriers? On avait déjà raisonné comme ça l’année dernière à propos du Beerschot, quand le club anversois avait lui aussi pris un départ tonitruant. Mais Mazzù sait que dès le mois de janvier, plusieurs joueurs de l’Union seront convoités sur le marché des transferts. Il est conscient que le succès d’aujourd’hui aura probablement un revers dès demain. On a aussi vu ça chez les Rats quand TarikTissoudali était à parti à Gand en janvier. Il avait suffi de cela pour que l’équipe anversoise perde la tête.
La semaine dernière, les spots se sont de nouveau braqués sur Charles De Ketelaere. On se demande maintenant combien de temps encore Bruges pourra le conserver. Ce joueur parvient à se mettre en évidence en Ligue des Champions et n’arrête pas de franchir des paliers. Encore faut-il avoir le flair pour franchir ces caps aux bons moments. Avoir le nez pour trouver une équipe susceptible de vous faire progresser encore et encore. Pour ça, De Ketelaere pourrait s’inspirer de Kevin De Bruyne, qui avait été recruté par Chelsea, mais avait profité de ses prêts à Brême et surtout à Wolfsburg pour faire des pas de géant. De Ketelaere est suffisamment intelligent et humble pour ne pas viser trop haut trop vite.
Tout autre chose… la situation de l’Antwerp. On entend que l’entraîneur veut y être l’ami de tout le monde, à défaut de briller par sa tactique. Quand des rumeurs pareilles partent du coeur du club, ça ne fait que fragiliser la position du coach. Après le camouflet contre Fenerbahçe, en fin de semaine passée, la tête de Brian Priske semblait ne plus tenir qu’à un fil. Il faut dire que le Danois n’a pas fait une forte impression depuis qu’il a rejoint la métropole. Le football proposé est assez moyen, on a du mal à y trouver des lignes directrices, et les nombreuses blessures ne sont pas une excuse valable à partir du moment où Priske dispose d’un très large noyau. Le bilan comptable de l’Antwerp en championnat se défend, cette équipe est désormais à la hauteur de Bruges au classement. Mais ce qu’on voit sur le terrain ne correspond pas aux ambitions XXL de la direction. Et le grand patron, Paul Gheysens, n’est pas réputé pour être le décideur le plus patient du foot belge. Le Bosuil sera toujours synonyme de turbulences. Les nuages se sont un peu dissipés grâce à la victoire de dimanche contre Anderlecht. Mais pour combien de temps?