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Mazzù : « Le temps passe et on   m’a certainement oublié à Charleroi »
Mazzù : « Le temps passe et on m’a certainement oublié à Charleroi »

Après avoir fait la pluie et le beau temps à Charleroi durant six ans, c’est l’Union que l’entraîneur enchante depuis un an et demi.   Nous l’avons longuement rencontré avant ses retrouvailles avec son ancienne équipe… qu’il n’a jamais battue en trois confrontations. next

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Felice Mazzù, rencontrer Charleroi, est-ce toujours aussi spécial ?

Oui car j’y ai vécu six années extraordinaires. J’y ai grandi et y ai appris mon métier. C’est le club où Mehdi (NDLR : Bayat) m’a permis de connaître le monde professionnel. Cela me fera dès lors quelque chose. Mais cela s’arrête là. Car le temps passe et on m’a certainement oublié. Et ce, à juste titre car de très bonnes choses se sont faites après moi. On ne vit pas avec le passé.

Au-delà d’avoir entraîné le Sporting, vous êtes également Carolo…

Effectivement. J’ai habité à Charleroi durant toute mon enfance et mon adolescence. Et même pendant mes études universitaires. Mon père habite également juste à côté du stade. Vu que je retourne très souvent le voir, je passe dès lors régulièrement devant l’enceinte des Zèbres.

Vous avez déjà rencontré Charleroi à trois reprises (deux fois avec le White Star et une fois avec le Racing Genk avec autant de défaites à la clé). Mais y connaissez-vous encore des joueurs ?

Lorsque j’avais rencontré le Sporting avec Genk, il y avait encore facilement 60 à 70 % du groupe que j’avais eu sous mes ordres. Car cela ne faisait que quelques mois que j’avais quitté le club. Aujourd’hui, il n’y a plus grand monde. Il y a encore Gholizadeh, Ilaimaharitra, Morioka et Fall.

Comment jugez-vous l’évolution de Charleroi depuis votre départ ?

Le club grandit d’année en année, avec des moyens financiers différents de mon époque, ainsi qu’avec une structure et des méthodes de travail tout à fait différentes. Il ne lui manque que le nouveau stade pour être aussi performant que Mehdi le voudrait (sourire).

Auriez-vous aimé travailler avec de tels moyens lorsque vous étiez à Charleroi ?

C’est clair que c’était différent, surtout au moment où je suis arrivé. Si j’étais toujours là-bas, j’aurais apprécié tout cela. Et notamment des moyens mis au niveau de l’analyse des données. C’est un domaine qui a énormément évolué à Charleroi.

Et ce, notamment sous l’impulsion d’Edward Still. Que pensez-vous de ce jeune entraîneur ?

Il travaille d’une manière très perfectionniste avec des méthodes nouvelles. Certes l’apparition des datas n’est pas nouvelle. Mais on les utilise aujourd’hui à une autre échelle. Je n’ai jamais travaillé avec lui mais son travail démontre que c’est le meilleur choix que Mehdi pouvait faire. Car les résultats sont là. C’est l’une des meilleures équipes de D1. Dans la longueur, cette équipe fera mal dans le championnat.

Depuis votre départ du Sporting de Charleroi, estimez-vous avoir évolué tactiquement ? On a l’impression que vous êtes devenu un entraîneur plus offensif.

À Charleroi, on a souvent dit que j’étais un entraîneur défensif. Mais je ne suis pas d’accord avec cette analyse. Il faut savoir qu’avant le Sporting, j’étais au White Star où on a été champion en D3 et on a ensuite gagné une tranche en D2 dans l’optique de la montée en D1. On a joué pendant plus de trois saisons dans un 4-4-2 avec deux attaquants. À cette époque-là, on avait la meilleure attaque de nos différentes séries. En fait, j’essaye de m’adapter aux profils des joueurs que j’ai. À l’époque de Charleroi, j’ai estimé qu’on devait être plus dans un système d’organisation.

Depuis votre arrivée à l’Union, vous jouez en 3-5-2. Un système connu de vos adversaires mais qui fonctionne toujours !

Oui, mais il y a deux paramètres à prendre en compte. Tout d’abord, il y a la qualité des joueurs qui me permet de rester dans le même dispositif. Et puis, il y a leur toute grosse mentalité. Sans cette mentalité, on ne serait même pas en train de parler de dispositif ou de quoi que ce soit.

Cette mentalité extraordinaire vous a permis de passer de la D1B à la première place en D1A. Auriez-vous imaginé cela lors de votre arrivée à l’Union Saint-Gilloise il y a un an et demi ?

À partir du moment où on accepte un projet, c’est qu’on a des espoirs de faire du gros boulot, de franchir des étapes, de gravir des échelons et d’aller le plus haut possible. Mais c’est clair que, ce que les joueurs donnent depuis un an et demi, c’est fabuleux. Et c’est très rare.

Jusqu’où peut aller l’Union. Le titre est envisageable ?

Il n’y a qu’une chose qui est envisageable, c’est de gagner le match suivant. Il faut rester les pieds sur terre. Les équipes favorites aux Playoffs 1 ont quasiment le double de notre noyau en termes de quantité et de qualité. Et elles ont un budget bien supérieur. Fanfaronner aujourd’hui, faire rêver les gens et dire que le titre est envisageable, ce serait se mettre en avant pour rien. Mais on ne va pas se mentir, on essaye de s’accrocher, de gagner tous les matches et de rester le plus longtemps possible en haut.

Qu’est-ce qui pourrait venir gripper la machine ?

La fatigue, des blessures, une mauvaise mentalité qui s’installerait dans le groupe et des départs. Il faut pouvoir les envisager et les respecter. S’il devait y en avoir, il faudrait continuer à travailler avec les joueurs qui sont en place et leur montrer qu’on leur fait confiance. Mais en tant qu’entraîneur et personne ambitieuse, j’espère garder tout mon groupe le plus longtemps possible et, donc, jusqu’en fin de saison. Je suis certain que, si on le garde jusqu’au bout, on peut réussir quelque chose. Et on pourra alors se fixer un autre objectif.

Espérez-vous des arrivées durant le mercato hivernal ?

S’il y a la possibilité financière de le faire, c’est certain que l’un ou l’autre joueur ne nous ferait pas de tort. Et ce, pour la concurrence, pour pallier aux blessures, à la fatigue, aux baisses de niveau de certains…

Pour en revenir à votre carrière personnelle, peut-on dire que Felice Mazzù est fait pour les clubs familiaux comme le Sporting de Charleroi et l’Union Saint-Gilloise ? Car cela s’était moins bien passé pour vous à Genk…

Il ne faut pas tirer des conclusions trop vite. Ce passage à Genk m’a permis d’évoluer, de faire mon analyse, mon auto-critique. C’est certain que le mode de fonctionnement de Charleroi et de l’Union me convient bien. Ce sont deux clubs similaires. Mais cela ne veut pas dire qu’un autre club, avec un autre mode de fonctionnement, ne me conviendrait pas. Et puis, tout le monde ne retient que le négatif du Racing Genk. Mais demandez les analyses statistiques de datas à notre président concernant ma période dans le Limbourg. Vous pourrez voir qu’elle n’est pas si noire que ça, surtout quand on prend en compte les départs, les arrivées, les gens qui veulent partir, les coefficients de réussite avec tels joueurs, sans tels joueurs…

Gardez-vous toutefois un goût amer de cette période ? Avant de signer à l’Union, vous aviez tout de même évoqué la possibilité de reprendre votre métier d’enseignant…

À un moment donné, tu dois faire vivre ta famille, tu as une maison et une voiture à payer, tu dois manger. Ne voyant rien venir, sachant que, si je ne rentrais pas à l’école, je perdais ma place définitivement dans l’enseignement, cela m’a fait réfléchir. Mais, maintenant, cette période est oubliée. Elle est derrière moi et je ne vis pas avec le passé. Cela m’a permis d’avoir un déclic. Cela, ainsi que la mort de ma maman il y a trois mois. Cela m’a fait énormément relativiser. Il peut dorénavant m’arriver n’importe quoi, je ne serai plus inquiet.

Justement, le week-end du décès de votre maman, vos joueurs étaient venus vous sauter dans les bras après le but rapide face à Malines. Que cela vous a-il fait ?

Ce moment-là restera inoubliable. Ainsi que ce groupe qui restera gravé à jamais dans ma mémoire. C’est un acte unique qu’ils ont posé. Car tu ne perds ta maman qu’une fois dans ta vie. Cela mérite le plus grand respect. Par contre, j’ai transmis des émotions négatives à mes joueurs par rapport à cette situation. Cette défaite à Malines m’appartient dès lors entièrement.

Comment envisagez-vous la suite de votre carrière. Retenteriez-vous l’aventure plus haut ?

Tout est envisageable. Mais j’ai 55 ans et je sais que je ne resterai pas 20 ans encore dans le milieu. Car, malgré les apparences, c’est un milieu qui te détruit peu à peu. C’est un milieu qui demande beaucoup de travail, de réflexion, de stress, de fatigue, de gestion. À un moment donné, j’aurai envie d’autre chose. Après, tout est évidemment possible. Mais, aujourd’hui, ma seule ambition est de faire grandir l’Union.

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