Il y a près de trois ans, les Malinois
empêchaient l’Union d’atteindre la finale.
Le souvenir est encore
frais dans la tête des
supporters de l’Union.
Et la déception pas en-
core effacée. Il y a presque
trois ans, Malines détruisait
les espoirs de finale de Coupe
de Belgique des Bruxellois.
Trois acteurs de la rencon-
tre (Thibault Peyre, Kevin Kis
et Mathias Fixelles) sont reve-
nus sur l’un des épisodes les
plus douloureux de l’histoire
récente du club.
. Le parcours
jusqu’à la demi-finale
Pour atteindre le dernier
carré de la compétition, les
hommes de Luka Elsner com-
mencent par écarter, dès les
seizièmes de finale, Ander-
lecht (0-3). “Nous connaissions
nos qualités, explique Mathias
Fixelles, désormais à Courtrai.
Nous savions que notre secteur
offensif pouvait rivaliser avec la
D1A. Juste avant le match contre
Anderlecht, le coach nous avait
rappelé que nous étions large-
ment capables de faire un bon
résultat là-bas.”
Pour Kevin Kis, un déclic
s’est opéré ce soir de septem-
bre 2018, face au grand frère
bruxellois. “Tous les joueurs du
noyau ont ouvert les yeux sur le
potentiel de l’équipe, avance
l’actuel défenseur de Lommel.
Il y a eu un déclic mental car on
s’est rendu compte que nous avi-
ons les capacités pour faire
quelque chose de grand cette
saison-là.”
Après un huitième de finale
remporté face à Knokke (3-2),
Genk se place au milieu de la
route. Dans un stade Marien
plein à craquer, les Unionistes
surprennent tout le monde
en éliminant le futur cham-
pion de Belgique au terme
d’une séance de tirs au but.
“Après ce match, on s’est dit qu’il
y avait moyen d’aller chercher la
Coupe, lance Thibault Peyre.
Nous venions quand même
d’écarter la meilleure équipe de
Belgique…”
“Nous avions réalisé un
match complet, rajoute Ma-
thias Fixelles. Après la rencon-
tre, on s’est dit qu’on pouvait
vraiment aller jusqu’au bout.
Quand on a vu qu’on devait af-
fronter Malines en demi-finale,
on s’est posé pas mal de ques-
tions car il s’agissait de notre
bête noire en championnat cette
saison-là (sourire). Mais en
même temps, nous avions les
qualités pour accéder en finale.”
. La demi-finale aller
La première manche a lieu
en terres malinoises. En
championnat, les locaux sont
en tête de la D1B quand ils re-
çoivent l’Union, une équipe
qu’ils viennent d’écarter (1-2)
quelques jours plus tôt. “Nous
avions le statut d’outsider, com-
mente Peyre. Nous savions qu’il
fallait surtout ne pas perdre
pour pouvoir croire en l’exploit.
Je me souviens bien de la jour-
née avant le match : nous étions
arrivés très tôt au club, nous avi-
ons fait notre sieste sur place,
nous avions mangé et fait les
meetings avant de nous rendre
au stade.”
Pour Kevin Kis, les deux
équipes se valaient vu leurs
prestations dans l’anticham-
bre de l’élite. “Les deux clubs
cartonnaient, se souvient-il.
Peut-être un peu plus Malines
donc nous partions avec un lé-
ger retard mais il y avait cette
fougue, cette envie de marquer
le coup aux yeux de tous. Nous
n’étions pas là par chance et
Malines non plus. Je me rappelle
avoir dit au groupe avant le
match que le vainqueur de cette
demi-finale remporterait la
Coupe. Cela s’est vérifié par la
suite (sourire).”
Après une première période
sans but, un fait de match va
changer le cours du jeu : averti
une seconde fois pour un ta-
cle dangereux, Thibault Peyre
est exclu alors qu’il reste en-
core près de 45 minutes à
jouer. “Je savais bien qu’en lais-
sant mon équipe à dix toute une
mi-temps, en plus à Malines, ça
allait être compliqué. J’ai
d’abord essayé de regarder le
match derrière une porte vitrée
mais les stewards m’ont obligé à
rentrer dans le vestiaire. Je trem-
blais, je ne voulais pas rentrer à
l’intérieur… J’ai fini par suivre le
fil de la rencontre sur mon télé-
phone. J’entendais les suppor-
ters depuis le vestiaire et quand
j’ai entendu l’arbitre siffler la fin
du match, j’ai compris que nous
avions réussi à arracher le
match nul.”
Un match nul qui satisfait
les Unionistes même si ceux-ci
auraient pu revendiquer plus
sans l’intervention du VAR.
“Ce qui nous a tués sur l’ensem-
ble des deux matchs, ce n’est pas
la carte rouge de Peyre mais
bien les deux goals annulés de
Percy Tau, lance Kevin Kis. Ce
sont des petits détails qui ont
joué en notre défaveur. En ren-
trant aux vestiaires, il y avait de
la déception car nous aurions
pu faire un meilleur résultat à
peu de choses près.”
“À ce moment-là, on se dit
quand même qu’on a fait le bou-
lot au terme d’un match compli-
qué, continue Mathias Fixel-
les. Il y a ce sentiment de satis-
faction même si nous aurions
pu faire mieux. Le match nul
était de bon augure pour le
match retour.”
. La demi-finale retour
Une semaine plus tard, une
grosse ambiance attend les
deux équipes à Bruxelles.
Comme c’était déjà le cas lors
du quart de finale face à Genk,
l’Union joue devant un stade
sold out. “Nous sommes partis
de Lier pour arriver au stade
Marien et les supporters étaient
déjà présents à la sortie de
l’autoroute, glisse Kevin Kis.
Nous les avons vus durant tout
le trajet jusqu’au Duden, cela
donnait des frissons. Cette ren-
contre a été celle qui m’a pro-
curé les meilleures émotions de
ma carrière grâce au public.”
C’est depuis la tribune que
Thibault Peyre, suspendu, as-
siste sous tension au match
décisif. “Je me rappelle que
j’avais eu des difficultés à at-
teindre le stade tellement il y
avait du monde dans les rues,
sourit l’actuel Malinois. Sur la
rencontre, nous avions senti que
Malines avait plus d’expérience
que nous pour gérer ce genre de
match. En face, il y avait quand
même des joueurs de la trempe
de De Camargo, de Kaya ou en-
core de Tainmont. Malines nous
avait eus à notre propre jeu
sans qu’on puisse dire pour
autant que nous avons été mau-
vais.”
Après un but d’Igor De Ca-
margo à la demi-heure de jeu,
Clément Tainmont double la
mise à 25 minutes du terme
avant que Max Besuschkow ne
réduise l’écart, sans aucune
conséquence sur la qualifica-
tion malinoise (1-2). “Il faut
être honnête : Malines a été un
cran au-dessus de nous, ce
soir-là, affirme Mathias Fixel-
les. Leur équipe était rodée et
était dans une dynamique in-
croyable de victoires. De notre
côté, nous avions un groupe
plus jeune qui ne se connaissait
pas encore parfaitement. Pour
se qualifier en finale de Coupe
de Belgique, il ne suffit pas seu-
lement d’avoir des bons joueurs,
il faut aussi une réelle cohésion.
Les joueurs de Malines l’ont
montré en demi-finale et en
montant en D1A dans la foulée,
l’Union l’a montré la saison der-
nière en survolant la D1B.”
Après cette défaite, les
Bruxellois se rendent bien
compte qu’ils sont passés à
côté d’un énorme exploit et
d’une finale de Coupe que Ma-
lines remportera face à la
Gantoise (1-2). “Le fait d’en re-
parler me donne un petit pince-
ment au cœur, avoue Kevin Kis.
Avec le recul, il n’y a pas de tris-
tesse car le parcours a été ma-
gnifique mais nous sommes
conscients d’être passés à côté
de quelque chose de grand. Ma-
lines a été plus mature, plus ma-
lin dans sa gestion et méritait sa
qualification. Mais je pense que
l’Union aurait aussi mérité d’ac-
céder à cette finale.”
Une finale que jouera… Thi-
bault Peyre, l’Unioniste passé
dans le camp malinois deux
jours après la demi-finale. Un
transfert qui a fait couler
beaucoup d’encre chez les
supporters unionistes…
“Quand je suis rentré à la mai-
son après la demi-finale retour,
j’étais complètement abattu, se
souvient Thibault Peyre. Notre
saison était quasiment terminée
car nous n’allions pas gagner la
deuxième tranche de D1B et
nous n’allions pas jouer la finale
de Coupe. Cela promettait une
fin de saison en roue libre. Et le
lendemain matin, à 8 h, mon
agent m’appelle pour me dire
que Malines veut me transférer.
Je n’ai jamais caché que j’ai di-
rectement été chaud. J’ai tou-
jours été correct avec tout le
monde ce qui a fait que l’Union
ne m’a pas bloqué. Vu le timing
de mon départ, nous savions
que cela allait faire du bruit.
Mais peut-être pas autant…”
Pendant que Malines ter-
mine sa saison en montant en
D1A et en soulevant la Coupe,
l’Union termine de son côté
sur la troisième marche du
podium de D1B. “C’était bien
évidemment frustrant d’avoir
battu des équipes comme An-
derlecht et Genk avant de perdre
contre un club de D1B, conclut
Mathias Fixelles. Mais ma plus
grande frustration a eu lieu
moins d’un mois après la demi-
finale quand nous sommes allés
battre Malines 0-5 en champion-
nat. Cela montrait bien que
nous avions les qualités pour
faire mieux aussi bien en Coupe
qu’en championnat. Au bout du
compte, nous avons fait une très
bonne saison mais sans rien ga-
gner.”