Les Grognards ont été fondés en juin et suivent l’Union Saint-
Gilloise partout en D1A. Camp de base, Braine-l’Alleud.
E
n tête du classement
après un splendide
succès acquis contre
Seraing (4-2), un jeu
chatoyant, un coach charis-
matique (Felice Mazzu) et une
ambiance telle que mêmes les
moins adeptes du ballon rond
pourraient apprécier.
L’Union, c’est le tube du mo-
ment sur les ondes de la Pro
League. Un vent de fraîcheur
apporté par l’un des clubs les
plus iconiques de l’histoire du
football belge. Avec des tribu-
nes qui se garnissent tant et
plus de jaune et de bleu au fil
des victoires.
Dans ces tribunes, des fidèles,
évidemment. Des irréducti-
bles, qui étaient déjà là lors-
que le Matricule 10 végétait
dans les bas-fonds. C’est le cas
de Jean-Marcel Thienpont,
Patrick Lardinois et Olivier
Massaux. Trois Brabançons
wallons attachés au plus
vieux club de Bruxelles qui
ont décidé, en juin, de créer
Les Grognards, premier et
seul club de supporters de
l’Union Saint-Gilloise issu du
Brabant wallon. « L’idée de
créer Les Grognards est partie de
cette exigence de la Pro League,
qui veut que les supporters, en
déplacement, se rendent au stade
via le système combi + car
(NDLR : c’est-à-dire par l’in-
termédiaire d’un club de sup-
porters reconnu officielle-
ment et en car). Nous voulions
palier ce manque, explique
Jean-Marcel Thienpont, l’un
des trois membres fonda-
teurs. Aussi, via ce club de sup-
porters, et si le nombre de parti-
cipants est suffisant, on peut
effectuer les déplacements en car
pour les matches à domicile et
disposer d’un parking privilégié
à 200 m de l’enceinte. Ce n’est
pas rien quand on connaît les
difficultés de parking autour du
Parc Duden. Enfin, effectuer des
déplacements groupés, en car,
est une démarche écologique. Ce
dont le club est demandeur car il
est attaché à la démarche dura-
ble. D’ailleurs, on essaie de com-
biner nos déplacements, quand
cela s’y prête, avec des clubs de
supporters de la périphérie
bruxelloise en allant les chercher
sur notre itinéraire. Ce qui,
aussi, diminue les coûts. »
Premier périple à Genk,
un dimanche soir, à 21 h
Étant donné que les suppor-
ters ne sont autorisés en dé-
placement que depuis le
10 septembre, la vie active des
Grognards débute seulement.
« Notre premier périple, c’était à
Genk, le 12 septembre. On était
18, un dimanche, pour un
match qui débutait à 21 h. Le
deuxième, c’était au Cercle Bru-
ges, nous étions 12. Un troi-
sième voyage nous attend sa-
medi à Eupen. Actuellement,
nous comptons 61 membres ac-
tifs affiliés aux Grognards. »
Les départs en car se font de-
puis Braine-l’Alleud. « Nous
avons trouvé, au stade Gaston
Reiff, un parking assez grand
pour ne gêner personne. De plus,
c’est un endroit assez central
pour les gens qui viennent de
l’ouest du BW, du nord de la pro-
vince de Namur, ou même du
sud de Bruxelles. »
Mais pourquoi Les Gro-
gnards ? « Parce que c’est un
nom un peu passe-partout, qui
évite toute connotation. Puis
parce que notre club étant offi-
ciellement basé à Braine-l’Al-
leud, où se situe la Butte du
Lion, c’est un clin d’œil histori-
que aux soldats de la Vieille
Garde de Napoléon, que l’on ap-
pelait les Grognards. »
Les Grognards saint-gillois,
eux, espèrent se faire de plus
en plus nombreux. Dans un
état d’esprit familial, convi-
vial et où tout un chacun est
le bienvenu. Pourvu que ça
« grogne de plaisir » !
« Les gens s’identifient au club de l’Union
parce que celui-ci a gardé son ADN »
Jean-Marcel Thienpont a vécu son pre-
mier match au Parc Duden en… 1954. Il
avait cinq ans. « Sur les épaules de mon
oncle, raconte ce résidant de Hamme-
Mile. Mais j’ai cessé de suivre le foot en
1985, suite au drame du Heysel. Ce
n’était plus mon football, celui qu’on allait
voir en famille, pour passer un bon mo-
ment et sans penser qu’un drame pareil
puisse arriver. »
À cette époque, l’Union n’était plus ce
qu’elle a été. Elle tentait déjà de survivre.
« J’y suis retourné en 2015, l’année de ma
pension. Le club était dirigé par Jürgen
Baatzsch, un Allemand qui a repris la di-
rection alors qu’on était au bord du gouf-
fre, plus très loin des séries provinciales. »
Un tournant dans l’histoire récente du
club. « Jürgen Baatzsch mais aussi Jean-
Marie Philips, Marc Grosjean, Guy Bri-
son… Ces personnes-là ont grandement
contribué à redonner vie à l’Union. »
C’est en 2018, que Tony Bloom, proprié-
taire de Brighton, qui évolue en D1 an-
glaise, est arrivé pour donner l’impulsion
supplémentaire, nécessaire à l’accession
à la D1A. Ce nouveau propriétaire, qui a
fait fortune grâce au… poker, a eu l’intelli-
gence de ne pas dénaturer l’ADN du club.
Réussissant, ainsi, à faire adhérer les nos-
talgiques, voire les pessimistes, au nou-
veau projet unioniste. « Tony Bloom, c’est
quelqu’un qui est profondément attaché
à son football anglais, ses stades mythi-
ques et l’ambiance particulière qui y rè-
gne. Et il a, je pense, trouvé à l’Union, un
club où ces valeurs peuvent s’inscrire,
sans pour autant oublier l’ancrage saint-
gillois et tout ce que représente notre
club. C’est pour ça que les gens, et donc
les plus anciens, adhèrent et s’identifient
toujours au club d’aujourd’hui. Sans
compter qu’avec Felice Mazzu comme
entraîneur, c’est un entraîneur qui colle
parfaitement. C’est une véritable au-
baine de l’avoir pour l’Union ! »
Une Union qui n’a jamais porté aussi bien
son nom. « Celle d’avant-guerre, c’était
l’Union installée dans sa partie de Bruxel-
les et qui rivalisait avec l’ennemi de l’au-
tre côté du canal : le Daring. L’Union d’au-
jourd’hui, dans ses tribunes, c’est un club
où s’unissent les cultures, les classes so-
ciales, tous les âges, etc. C’est un club qui
dépasse les frontières de la capitale. »
Et qui fait naître ou renaître la passion
chez ceux qui avaient enfoui leur amour
jaune et bleu. Au point qu’ils rallient,
comme à l’époque, les travées d’un Parc
Duden qui ne demande qu’à vibrer. En-
core et encore.