Le Japonais Kaoru Mitoma a claqué un triplé en 45 minutes
Àcouper le souffle ! Cet
Union-Seraing restera
très certainement dans
les annales du côté
saint-gillois. Une rencontre
spectaculaire qui a permis de
faire exploser au grand jour le
talent de Kaoru Mitoma. Le
Japonais, monté à la pause
alors que l’USG était en ballot-
tage très défavorable, a littéra-
lement fait voler en éclats la
défense sérésienne, s’offrant un
incroyable triplé.
Il est 17h ce samedi et les Saint-
Gillois rentrent la tête basse
dans leur vestiaire, situé dans
les catacombes du stade Ma-
rien. À la pause, ils sont menés
de deux buts et réduits à dix,
Lazare ayant écopé d’un
deuxième carton jaune pour
un applaudissement ironique
envers l’arbitre. Bien malin qui
aurait alors pu prédire la suite.
Car une heure plus tard, quel
contraste ! Ce même stade Ma-
rien est en ébullition, il vient
d’assister à une incroyable re-
montada. Entre ces deux mo-
ments, un homme a fait son
apparition et a tout changé :
Kaoru Mitoma. Le Japonais a
très clairement marqué les es-
prits avec un parfait coup du
chapeau. Et parmi ses trois
buts est venu se loger un véri-
table petit bijou lorsque, à la
89e minute, il passe en revue
toute la défense sérésienne
avant d’ajuster le pauvre
Dietsch. « Durant la semaine
dans la presse, mon homo-
logue sur le banc, Jordi
Condom, avait déclaré que
l’Union était la même que celle
de l’année dernière en D1B,
mais qu’elle avait Mitoma en
plus. Ce samedi, ses propos ont
été relayés », déclarait Felice
Mazzù après la rencontre. « Il a
été phénoménal », rajoutait
son coéquipier Casper Nielsen.
« C’est un joueur très rapide,
qui court beaucoup et qui ne
s’arrête que lorsqu’il a trouvé
le goal ! »
Et dire que le joueur du Pays
du Soleil Levant n’a pas encore
été titulaire une seule fois en
championnat cette saison…
Arrivé en prêt à l’Union en pro-
venance de Brighton dans le
courant du mois d’août, après
avoir disputé les Jeux olym-
piques avec son pays, il n’a en
effet, pour
l’heure,
dispu-
té que
des
bribes
de
matches
(à l’excep-
tion d’une
titularisa-
tion en
coupe de Bel-
gique face à
Lebbeke). Mais
malgré ce faible
temps de jeu, il avait
à chaque fois laissé entre-
voir de très belles disposi-
tions, distribuant d’ailleurs dé-
jà un assist contre le Cercle il y
a deux semaines. « J’ai vu dans
la presse et sur les réseaux so-
ciaux que tout le monde s’at-
tendait à ce qu’il démarre un
match beaucoup plus tôt »,
poursuit le coach saint-gillois.
« Mais il ne faut pas oublier
qu’on a une équipe et un bloc
qui fonctionnent bien depuis
un an et demi. Et que vous
avez un joueur qui arrive avec
une culture différente (NDLR :
il s’agit de sa première expé-
rience européenne, lui qui évo-
luait au Japon la saison der-
nière) et qui ne maîtrise pas en-
core correctement l’anglais. Ce
n’est dès lors pas simple pour
lui de directement bien saisir
tous les paramètres de notre
philosophie et système de jeu.
On a donc décidé d’attendre
jusqu’au moment où on au-
rait des faiblesses dans le
groupe. Ce samedi, il y
en a eu et, à la mi-
temps, on a pris la
bonne décision. »
DES CHOIX DE LUXE
POUR MAZZÙ
Une question se pose dès lors
irrémédiablement. Après ce
qu’il a montré, ne devrait-il pas
devenir un titulaire en puis-
sance ? Si oui, à la place de
qui ? De Lapoussin qui ne dé-
mérite pas depuis le début de
la saison ? D’un des deux atta-
quants de pointe -Vanzeir et
Undav- qui font chacun parler
la poudre ? Un choix cornélien
en perspective pour
Felice Mazzù.
« En amical
contre Dunkerque (NDLR : il y
a dix jours), on l’a fait jouer 85
minutes sur le côté gauche et il
a fait tout le flanc. Lors de ce
match, et contre Seraing, il a
prouvé qu’il pouvait évoluer à
cette position-là. Donc il est
tout à fait envisageable de l’ali-
gner de concert avec Vanzeir
et Undav. Mais il est aussi
capable d’évoluer en
pointe. »
Cette question, quel-
qu’un d’autre
pourrait se la po-
ser : le sélection-
neur de l’équipe na-
tionale japonaise, qui
était présent au stade
pour le visionner !
L’Union doit aussi sa victoire à son gardien Anthony Moris
7 MORIS : si l’Union a empoché
les trois points, c’est aussi grâce à
son portier luxembourgeois au-
teur d’une parade miraculeuse à
la 78e alors que le score était de
3-2. Il a sorti le grand jeu sur une
volée à bout portant de Jallow.
7 KANDOUSS : comme l’en-
semble de la défense, il est passif
sur le premier but de Seraing.
Mais il a livré une toute grosse
prestation après la pause, étant au
four et au moulin.
5 BURGESS : il se fait totalement
prendre de vitesse par Mikautadze
sur le second but sérésien. Dom-
mage car, pour le reste, il est à
créditer d’une rencontre sérieuse.
7 VAN DER HEYDEN : il retrouvait
une place de titulaire pour la
première fois depuis le 22 août. Et
il n’a pas manqué ses retrou-
vailles, étant souvent bien placé
défensivement et apportant égale-
ment offensivement.
5 NIEUWKOOP : il est la victime
collatérale de l’exclusion de La-
zare puisque c’est lui que Mazzù
décide de sortir à la mi-temps.
4 LAZARE : il se fait bêtement
exclure en prenant un deuxième
carton jaune pour un applaudis-
sement ironique à l’arbitre.
7 TEUMA : il est à la base du
premier but de Seraing car il perd
la balle au milieu du jeu. Mais il
se rattrape de maîtresse manière
après la pause. Le capitaine a
augmenté son niveau de jeu, et
cela a rejailli sur toute l’équipe.
6,5 LAPOUSSIN : après une pre-
mière mi-temps quelque peu
timide, il est monté en puissance.
7 NIELSEN : il a été extrêmement
précieux en seconde période,
Mazzù décidant de le cantonner à
un rôle défensif afin de laisser les
autres offensifs s’exprimer. Un
poste qu’il a tenu à merveille.
7,5 VANZEIR : goal numéro 8 pour
le jeune attaquant belge en cham-
pionnat qui aurait même pu
s’offrir un doublé sans un sauve-
tage miraculeux de Dietsch à la
61e
. Il délivre aussi un assist, son
quatrième de la saison.
7 UNDAV : l’Allemand a beau-
coup travaillé et donné une passe
décisive à son compère Vanzeir.
Son sixième assist déjà de la
saison.
LES REMPLAÇANTS :
9 MITOMA : rentré à la mi-temps,
le Japonais a inscrit un fantas-
tique triplé. Son troisième but est
un véritable bijou puisqu’il passe
toute la défense en revue. Une
prestation phénoménale, tout
simplement.
NC MARCQ, BAGER, FRANÇOIS,
AVENATTI. –
« Irrationnel, inexplicable… »
Une déroute. Une faillite. Une
débâcle. Seraing a pris une
gifle monumentale à l’Union.
Les Sérésiens maîtrisaient leur
sujet. Ils étaient supérieurs du-
rant les 45 premières minutes.
L’Union ne trouvait jamais la
solution. Le 0-2 était mérité à la
pause. Lazare exclu pour des
protestations aussi ridicules
qu’inutiles, tout le monde
croyait les Sérésiens sur le ve-
lours. Tous, sauf les Unionistes
qui sont remontés sur la pe-
louse déterminés comme ja-
mais alors que les Rouge et
Noir n’ont plus fait que pa-
raître. 4 buts plus tard, les têtes
étaient basses. Entre honte et
rage. « C’est inexplicable »,
lance Jordi Condom. « Nous
méritions cette avance puis, à
la pause, nous avons insisté sur
le fait qu’il fallait rester
concentré, que l’Union allait
montrer sa grinta, et que nous
devrions sortir les ballons par
les flancs. Mais rien ne s’est
produit. Nous n’avons plus
joué, nous avions presque
peur. Avant le match, si on
m’avait dit qu’on perdrait 4-2 à
l’Union, je me serais dit que
c’était pas mal face à une
équipe supérieure à la nôtre,
cela aurait voulu dire que nous
étions restés dans le coup. Mais
0-2 à la mi-temps, avec un
homme en plus et perdre…
Impossible ! C’est très difficile
pour moi. Je suis plus bas que
terre. C’est la première fois de
ma vie d’entraîneur qu’il m’ar-
rive une chose pareille. »
« PAS UN MANQUE
DE CARACTÈRE »
Les Sérésiens ont quitté le stade
Marien sans un mot, ou
presque. Yahya Nadrani avait
le regard vide, pareil à celui
d’un boxeur qui vient de subir
un K.-O. et qui cherche un re-
père. « Il n’y a pas d’explica-
tion », souffle-t-il. « C’est irra-
tionnel. Nous sommes bien
dans le match, nous l’avons en
main… si on m’avait dit la
suite, je ne l’aurais jamais
cru… Nous n’aurions pas dû
subir de la sorte. Peu importe
le contexte, public ou pas, ce
n’est pas normal. Nous en
avons mis 5 à Zulte Waregem.
Il faut accepter d’en avoir pris
4 contre l’Union. Je ne sais pas
pourquoi nous nous sommes
effondrés ainsi. Je ne pense pas
qu’il s’agisse d’un manque de
caractère, nous avons prouvé
dans le passé que nous en
avions… Le caractère, ce sera
de montrer au prochain match
que cette deuxième mi-temps
n’est qu’un accident.