La proposition de loi d’Annelies Verlinden
ne passe pas auprès des fans de football.
La plupart des suppor-
ters de football vous
le diront : les engins
pyrotechniques tels
que les fumigènes, les pé-
tards et les feux de Bengale
font partie intégrante du
folklore sportif et participent
à faire des matchs des mo-
ments à l’ambiance unique.
Ce n’est toutefois pas l’avis
de la ministre de l’Intérieur
Annelies Verlinden (CD&V)
qui a déposé un avant-projet
de loi proposant “une appro-
che plus ferme et plus large de
l’utilisation de moyens pyro-
techniques.”
Cet avant-pro-
jet de loi prévoit
notamment des
sanctions plus
sévères à savoir
une amende ad-
ministrative de
1 000 euros et
une interdiction
de stade de
deux ans pour la manipula-
tion de feux de Bengale et
une amende de 500 euros et
une interdiction de stade
d’un an pour les autres types
d’engins pyrotechniques.
La ministre souhaite égale-
ment que les clubs prennent
des mesures pour découra-
ger l’utilisation de ces engins
par leurs supporters. Selon
elle, l’utilisation de ces objets
représente en effet un dan-
ger pour toutes les person-
nes présentes dans les stades
et aux alentours.
“Nous voulons briser l’illu-
sion selon laquelle l’utilisation
de matériel pyrotechnique sym-
bolise l’ambiance dans le
stade. Un changement de men-
talité à cet égard est absolu-
ment nécessaire, car son utili-
sation peut provoquer de gra-
ves blessures”, indique en
effet la ministre dans
un communiqué.
Dans le monde des fans de
football “ultras”, l’avant-pro-
jet de loi de la ministre Ver-
linden fait l’effet d’une petite
bombe. Le secteur se dit in-
compris et accuse la ministre
de ne l’avoir pas consulté.
Patrick Prévot, député fédé-
ral PS s’oppose également au
projet. “Les supporters ultras
des différents clubs répètent les
appels au monde politique et
ont envoyé des courriers aux
différents partis afin d’avoir
une vraie discussion sur le su-
jet. Je les ai rencontrés et ce
que j’ai vu, ce sont des repré-
sentants très modérés qui veu-
lent être entendus parce qu’ils
craignent que le projet de loi
passe sans qu’ils soient concer-
tés. Je les soutiens dans ce sou-
hait, car à mon sens, rien ne se-
rait pire qu’aller encore
un cran plus loin dans la ré-
pression car ça ne fonctionnera
pas, explique-t-il. Les ultras
fans de foot sont souvent amal-
gamés à des hooligans, mais ce
sont juste des gens qui vivent
leur passion à fond pendant les
90 minutes d’un match de foot
et contribuent à l’ambiance
unique qu’on trouve dans les
stades. Si on les muselle avec
des mesures répressives, on va
se retrouver avec des stades
complètement aseptisés. Cette
loi va tuer l’esprit du football
alors que je suis persuadé
qu’en collaborant avec les sup-
porters et avec les clubs, on
pourra trouver une solution.
Mais stigmatiser les supporters
n’est pas une bonne méthode
pour avancer”, poursuit le dé-
puté.
. Des sanctions
“démesurées”
Patrick Prévot estime par
ailleurs que la ministre su-
restime le danger des engins
pyrotechniques. “Il y a eu des
bus endommagés par des sup-
porters et quelques blessés,
mais les supporters sont cons-
cients qu’une utilisation non
appropriée n’est
pas dans leur in-
térêt. De plus, il
n’y a eu aucun
recensement du
nombre d’acci-
dents causés par
ces engins en Bel-
gique. La minis-
tre ne s’appuie
sur aucun chiffre”, déplore-t-il.
Un collectif de supporters
dénonce de son côté des
sanctions “démesurées.” “Les
fumigènes font partie du pay-
sage du supporter depuis
50 ans. On ne comprend pas
non plus pourquoi les princi-
paux concernés n’ont pas été
consultés. Il existe des solu-
tions alternatives à la répres-
sion qui sont beaucoup plus ef-
ficaces et permettent de garder
le côté festif et populaire du
football. Interdire la pyrotech-
nie ne marchera pas.”