L’équipe bruxelloise voit de plus en plus
de supporters venir dans le Stade Marien.
Chaussée de Bruxelles,
à Forest, deux heures
avant Union – Stan-
dard : les abords du
Stade Marien sont déjà rem-
plis de supporters unionistes,
une bière à la main, dans une
ambiance bon enfant.
La même chaussée, deux
heures après Union – Stan-
dard : les abords du Stade Ma-
rien sont à nouveau remplis
de supporters unionistes, une
voire deux bières à la main,
dans une ambiance toujours
aussi amicale.
Depuis son titre en D1B et
son magnifique début de sai-
son en Jupiler Pro League,
l’Union Saint-Gilloise attire
les regards. Plus de 6 000 per-
sonnes ont pris place dans les
travées de l’enceinte mythi-
que lors du match face aux
Liégeois, il y a maintenant 12
jours.
Comment expliquer ce phé-
nomène autour d’un club qui
comptabilise déjà plus de
4 200 abonnés alors qu’une
cinquantaine de supporters
se déplaçaient pour suivre
l’équipe en D3 il y a moins de
vingt ans ?
. Une ambiance
si particulière
Pour Yannick, Unioniste de-
puis sept ans, l’ambiance si
particulière du parc Duden
est l’une des principales expli-
cations.
“La première fois que je me
suis retrouvé en tribune, l’Union
avait perdu et pourtant les sup-
porters n’avaient pas arrêté de
chanter, se souvient ce trente-
naire bruxellois. Peu importe
le résultat, les supporters sont là
pour faire la fête dans la bonne
humeur. On se dit qu’on ne va
pas se bousiller la soirée pour
une défaite (sourire). Un jour,
j’ai emmené ma sœur qui n’est
pas du tout fan de football. Très
vite, elle m’a dit : ‘en fait, le plus
important n’est pas le match
mais bien tout ce qu’il y a
autour’. Elle n’a pas mis une mi-
temps avant de chanter car elle
a été rapidement prise par ce
côté festif. Il y a toujours un bon
esprit et une ambiance très fa-
miliale. Beaucoup de parents
viennent par exemple au stade
et laissent leurs enfants jouer en
bas de la tribune.”
Cette ambiance si particu-
lière est due à un mode de
“supportérisme” qui ne se re-
trouve pas ailleurs.
À l’Union, les fans suppor-
tent leur équipe… sans jamais
prendre à partie l’équipe ad-
verse.
“Nous avons une singularité
dans notre façon de supporter
notre club, analyse Fabrizio,
Unioniste depuis toujours.
Nous aimons vivre notre pas-
sion à 100 % sans tomber dans
l’insulte ni l’agressivité. Il y a
une certaine fierté à vivre le
football de cette manière et il y a
la volonté de partager cela.
Quand un nouveau supporter
vient en tribune, nous avons le
réflexe d’aller discuter avec lui,
de lui offrir une bière et de lui
raconter ce que représente notre
club. L’Union est quelque chose
qui se partage. Il se peut que
certains se sentent parfois inti-
midés quand ils arrivent dans
un nouveau stade au milieu de
nouveaux supporters. Mais à
l’Union, il n’y a pas besoin de ce
temps d’adaptation, car l’ac-
cueil se fait naturellement.”
Pour certains observateurs
extérieurs, cette façon de sup-
porter l’équipe dans la bonne
humeur, peu importe le résul-
tat, est parfois vue comme de
la naïveté. Pour Fabrizio, il
faut retourner dans le passé
pour comprendre cet état
d’esprit si particulier.
“Cela s’explique en partie par
les dizaines d’années de disette
connues par le club, explique-
t-il. Je pense que les fans
d’autres clubs sont plus exi-
geants et ont de grosses attentes
par rapport à leur équipe. Il ne
faut pas oublier qu’il y a une
quinzaine d’années, nous nous
battions contre la relégation en
Promotion… Vu notre passé,
c’est donc logique de continuer
à chanter, qu’on gagne ou qu’on
perde : ce n’est de toute façon
que du bonheur, ce qu’on est en
train de vivre.”
. Un cadre unique
Et ce bonheur se vit en plus
dans un cadre superbe : situé
au cœur du parc Duden et
inauguré en 1919, le Stade Ma-
rien à lui seul est une raison
suffisante pour se rendre à
l’Union.
“Quand on arrive face à ce
stade, on rentre dans une autre
dimension”, commente Yan-
nick. “Il y a un caractère qui se
dégage de cette enceinte, pour-
suit Fabrizio. C’est un cadre
unique et singulier par rapport
aux autres stades de D1. Pour un
vrai amateur de foot, peu im-
porte son équipe de cœur, venir
au parc Duden sera une expé-
rience à part. Cette authenticité,
mais aussi l’histoire du club,
sans oublier les récents résultats
sportifs forment un tout qui fait
que les gens se sentent bien ici.”
À tel point que certains fans
anderlechtois, curieux, vien-
nent eux aussi se fondre dans
la masse (“Il faut croire qu’ils
retrouvent une ambiance qu’il
n’y a pas au Lotto Park”, lance
Yannick). Pendant 90 minu-
tes, ils vivent une expérience à
part. Et comprennent alors
mieux cette phrase souvent
entendue dans les travées du
Stade Marien : “Nous, nous n’al-
lons pas au football. Nous al-
lons à l’Union.”