VINCENT JOSÉPHY
L’international équatorien prend ses marques à l’Union.Belga
L’attaquant de l’Union a enfin trouvé le chemin des filets, dimanche face à Courtrai, et même à deux reprises. Retour sur le parcours atypique d’un joueur équatorien dont on n’a sans doute pas fini de parler. next
Auteur de ses deux premiers buts sur le sol belge, face à Courtrai, Kevin Rodriguez est apparu soulagé. Ovationné par un public qui lui a pardonné son penalty raté face à Bruges, l’attaquant équatorien de l’Union est reparti dans son pays le cœur léger et la tête pleine de bonnes vibrations afin de défier le Venezuela et le Chili. Quand il reviendra, cela risque de se bousculer au portillon offensif avec les retours attendus de Nilsson et Amoura conjugués aux présences d’Eckert et de Kabangu. « On sait qu’on dispose de beaucoup de bons attaquants et Kevin en est assurément un », explique Mathias Rasmussen. « On a vu sa puissance, son jusqu’au-boutisme dans des conditions parfois guère évidentes. Il ne lui manquait juste qu’un petit but pour être totalement heureux et c’est désormais chose faite. Et de quelle manière, en plus ! »
Alors que Puertas lui avait ‘offert’ ce penalty qu’il avait provoqué face au Club, Alexander Blessin le défendait également à l’issue de ce match de qualité. « Il n’est jamais évident pour un joueur extra-Européen de s’imposer loin, très loin de son pays d’origine », expliquait-il.
De la D2 au Mondial qatari
« C’est le cas pour lui comme pour Mac Allister qui l’aide beaucoup. Quand il voyait que les autres marquaient et pas lui, on sentait qu’il était triste. Et puis, n’oubliez pas qu’il est encore jeune (NDLR : il a 23 ans) et il doit encore se développer. Il fera encore ces erreurs qui font partie d’un apprentissage classique. »
Quand on se penche sur le parcours de Kevin Rodriguez, on se rend rapidement compte qu’il a été atypique et fulgurant. Originaire d’Ibarra et formé dès ses 13 ans au club local d’Imbabura, il y a effectué ses débuts à 17 ans, en D3. Ayant aidé le club à être promu en D2, le « Léopard », comme on le surnomme là-bas en raison de son explosivité, se fait remarquer en inscrivant un but aussi somptueux que capital en 8 e de finale de Coupe d’Équateur face à LDU Quito, l’une des équipes le plus emblématiques du pays. Ce jour-là, un quotidien national, la Nacion, titre même « Maintenant, ils savent qu’il existe ! » au sujet du jeune attaquant. Et là, l’improbable se produit : Kevin Rodriguez tape dans l’œil du sélectionneur national, l’Argentin Gustavo Alfaro, qui n’a lui-même connu que la D2 colombienne au cours de sa carrière de joueur. Il surprend tout le monde en le reprenant une première fois en octobre 2022 puis en l’emmenant avec lui au Mondial qatari, où il disputera quelques poignées de secondes lors de la victoire face au pays organisateur et lors du partage contre les Pays-Bas. Des 45 joueurs sélectionnés issus de divisions inférieures présents à Doha, il était le seul Sud-Américain dans le lot ! « Quand il m’a appelé, c’était irréel », raconta Rodriguez à l’époque. « Je me suis senti béni des dieux. Jamais je n’aurais pu m’imaginer que tout irait aussi vite. »
Avec son profil atypique mêlant combativité, vitesse, sens du but et short remonté « à la Jean-Mi », Rodriguez gagne un transfert dans un club de D1, Independiente del Valle. Après une bonne saison riche de 25 matches et 5 buts, il tape dans l’œil des dirigeants de l’Union, qui le recrutent contre 4 millions d’euros, soit le 2e transfert entrant le plus cher de l’histoire du club derrière Victor Boniface. Aujourd’hui, après des débuts difficiles, il commence enfin à s’épanouir totalement. Vu son pedigree, il ne lâchera rien…