ARMAND GRELLIER
Le portier est actuellement sans club.A.G.C ’est un Anthony Sadin souriant qui nous retrouve à deux pas de la Place Sainte Catherine sous une pluie estivale typiquement belge. Béret vissé sur la tête et tatouages saillants, celui qui était encore il y a peu le capitaine du RWDM a pris quelques vacances bien méritées après une saison éreintante. next
Ce qui ne l’a pas empêché de suivre l’Euro et les gardiens lors de la compétition et de nous confier que pour lui, « le meilleur gardien de l’Euro c’était Yann Sommer. C’est lui qui a livré le tournoi le plus complet. Mais il y a eu beaucoup d’erreurs tactiques et techniques des gardiens lors de cet Euro. Quand tu prends l’exemple d’un Neuer, il n’a pas été vraiment décisif pour l’Allemagne. Courtois non plus d’ailleurs pour la Belgique. Ça n’a pas été le meilleur Euro pour les gardiens. »De retour en Belgique, celui qui a été désigné meilleur gardien de D1B par Proximus cette année est à la recherche d’un nouveau challenge. À 32 ans, il a encore beaucoup à donner même s’il a été déçu par l’attitude de certains au RWDM ces dernières semaines. « J’ai eu une promesse du président en janvier pour un nouveau contrat. Il m’a annoncé qu’il allait faire venir un nouveau gardien mais il m’a tout de suite rassuré. J’avais une option dans mon contrat pour qu’il soit renouvelé mais je me suis rendu compte autour de la date limite de levée de l’option que tous les autres joueurs recevaient un recommandé pour la levée de l’option et moi de mon côté je ne recevais rien. Je me suis posé des questions et dans un premier temps le président m’a expliqué qu’il ne voulait pas lever l’option mais qu’il voulait absolument que je reste. On connaît la fin de cette histoire. Mais c’est comme ça, c’est le foot moderne », relativise Sadin.Une situation d’autant plus frustrante pour lui qu’il avait déjà vécu quelque chose de similaire à l’Union même si à l’époque, la situation était plus claire chez les Jaune et Bleu. « Ici, le président du RWDM renvoyait la balle au staff qui lui disait que c’est le président qui gérait ça. Je sentais que je n’étais pas voulu à 100%. Et c’est ce qui a fait qu’au final l’aventure s’est terminée », regrette-t-il.Pourtant, le portier avait une belle cote de popularité chez les supporters molenbeekois et avait même été désigné joueur de la saison par ces deniers. « Mon départ de l’Union a fait moins mal que celui de Molenbeek », nous confie-t-il. « Même si à l’Union ça a été difficile à vivre au départ car cela faisait 9 ans que je jouais là. Mais ce n’est plus le même club que j’ai connu en Division 3, les investisseurs ont changé et tout ce qui va autour. Je suis tout de même déçu de ne pas continuer cette aventure à Molenbeek. D’autant que je pense que j’ai très bien presté cette année. J’ai été élu gardien de l’année par Eleven/Proximus et joueur de l’année par les supporters. J’ai pris pas mal de points pour l’équipe. Sportivement, je ne pouvais pas faire mieux. »Actuellement, le dernier rempart ne ferme aucune porte même si le marché spécifique qu’est celui des gardiens nécessite des mouvements préalables pour créer des ouvertures. Sportivement parlant, Sadin a prouvé cette saison qu’il avait le niveau pour la D1B et pour lui l’ambition est claire : jouer le plus haut possible. « Si j’ai une proposition en Suède ? Mon sac est déjà dans la voiture (rires) », sourit-il. Une chose est sûre : le club qui le fera signer va récupérer un gardien qui aura à coeur de prouver sa valeur. Et ça, ça peut être précieux.
LE HUIS-CLOS ET LES MESURES SANITAIRES ONT PESÉ
ARMAND GRELLIER
Une saison 2020-2021 très particulière pour le gardien.
La saison dernière vécue par les joueurs de D1A et de D1B a été pour le moins agitée. Entre tests Covid, quarantaines, matches déplacés et absence de public, les inconnues étaient nombreuses. Pour Sadin, qui avait déjà goûté à la D2 avec l’Union, l’expérience a été spéciale. D’autant que la nouvelle réforme de la division est venue aussi s’immiscer dans le tout à 4 ou 5 journées de la fin. « C’était une saison éprouvante physiquement et mentalement », nous confie-t-il. « Pour pouvoir prester, il fallait faire un test 48h ou 72h avant le match. Et ça chaque semaine ou deux fois par semaine. Il y a un stress en plus puisque tu fais la préparation du match puis tu fais ton test covid et si tu es négatif tu peux jouer. Et comme ça toute la saison. »« Spécial de se retrouver dans un stade vide »Mais pour lui, le facteur qui aurait pu tout changer dans la saison des Molenbeekois, c’est la présence ou non du public dans les travées. « C’est ce qui fait le charme du RWDM », appuie-t-il. « C’était spécial de se retrouver à domicile dans un stade vide où les cris des joueurs résonnaient. Je suis curieux de voir ce que notre saison aurait donné avec du public. Certains matches auraient peut-être tourné différemment avec les fans. Pour nous, ils sont très importants. Pour un gardien, l’absence du public peut parfois être un avantage pour communiquer mais en Division 1B, à part l’Union, le RWDM et peut-être Westerlo, il n’y a pas de public très fervent. »Néanmoins, pour certains jeunes, la situation a pu être plus facile à vivre. Faire ses débuts dans le monde professionnel sans la pression d’un public fervent, c’est un poids en moins pour certains. « Et surtout à Molenbeek où le public est très particulier. Cela va peut-être jouer cette année puisque ça ajoute une pression », renchérit le keeper bruxellois.Premier élément de réponse dès le 14 août prochain avec la réception du Royal Excel Mouscron pour un choc qui sent déjà bon la Division 1.
LA RÉACTION DU CLUB
A.G.prev
Contacté par nos soins, Thierry Dailly n’est pas étonné par les déclarations de son ancien capitaine. Le président molenbeekois confirme qu’un accord avait été trouvé avec le portier mais que la situation en fin de saison avait changée et que l’option n’a pas pu être levée. « On voulait garder Antony mais pas à n’importe quel prix », lance-t-il. « Anthony travaillait encore et le club est quant à lui devenu professionnel à 100%. Pour le garder, on devait faire passer son contrat du simple au double et c’était compliqué. D’autant que sur le plan sportif, il ne faisait plus complètement l’unanimité au sein du staff. Sur le plan sportif, j’ai mis des gens en place qui font un boulot exceptionnel mais de mon côté, je me charge du plan financier et parfois il faut faire des choix. Ils ne sont pas faciles à faire mais ils sont nécessaires. Oui, Anthony a fait une grande saison même si son second tour était moins bon. Mais cela n’a rien à voir. C’est un choix qui a été dur à prendre, ce n’est pas toujours évident d’être dirigeant et il faut parfois mettre le côté émotionnel de côté. Mais c’est aussi peut-être pour ça que le club est encore là et qu’il est à ce niveau. »« Il sera toujours le bienvenu au club »Le dirigeant bruxellois évoque également certaines choses qui se seraient passée en interne mais qu’il ne souhaite pas divulguer, sans donner plus de détails sur ce point. Il met également en avant une certaine incertitude sportive avant la fin de saison qui aurait poussé le club à choisir Theo Dufourny. « Avant la fin du championnat, Sadin a eu des contacts avec d’autres clubs comme Beveren ou le Lierse », ajoute-t-il. « Nous devions aussi faire un choix. Mais Anthony gardait encore sa place au club. S’il veut revenir demain, il peut le faire. Même si nous avons trois gardiens et je ne vois pas trop comment il s’intégrerait. Quoiqu’il arrive, Sadin garde une grande place dans le cœur du club et il sera toujours le bienvenu au RWDM. »