Cédric Fauré revient
sur ses deux passages en jaune et bleu.
Clap 80. Pour la 80e
fois de son histoire,
l’Union va affronter
le Cercle Bruges. Et
pour Cédric Fauré, ancien bu-
teur saint-gillois, l’un de ces
duels, joué en octobre 2016,
restera à jamais marqué dans
son esprit. “Je m’en rappelle
bien, j’ai marqué mon dernier
but avec l’Union… et mon seul
de la saison”, sourit celui qui
est actuellement établi dans
sa région toulousaine.
Le moins que l’on puisse
écrire est que l’histoire entre
le Français et l’Union a connu
plusieurs rebondissements.
Une histoire qui débute à l’été
2015 après une non-reconduc-
tion de son contrat du côté de
Charleroi. “Un agent m’expli-
que qu’un projet se met en place
à Bruxelles avec un club qui
vient de monter en deuxième di-
vision”, se souvient l’homme
de 42 ans. “Avant de signer
quelque part, j’ai toujours l’ha-
bitude de regarder l’histoire du
club. Et avec l’Union, je n’ai pas
été déçu… J’avais l’impression
de voir un phénix renaître de
ses cendres. Vu son passé glo-
rieux, je savais que l’équipe al-
lait revenir un jour ou l’autre au
devant de la scène. Je suis vite
tombé d’accord avec la direc-
tion saint-gilloise car je cher-
chais plus un projet qu’un club
où m’enrichir financièrement.”
Rapidement, Cédric Fauré
devient un pilier de l’équipe.
Le joueur passé par Guin-
gamp et Toulouse se fait re-
marquer en inscrivant onze
buts en dix-huit rencontres
lors du premier tour de Divi-
sion 1B. “J’ai connu de grands
moments durant cette période
tout d’abord parce que l’équipe
jouait pour moi et me permet-
tait d’empiler les buts. Mais
aussi grâce aux supporters : cer-
tains sont devenus de réels amis
que j’ai encore au téléphone
aujourd’hui. J’ai vécu avec les
fans de l’Union des
moments que je n’ai
jamais connus autre
part durant toute ma
carrière. Tout allait
donc pour le mieux…
jusqu’à ce que l’An-
twerp vienne mettre
son petit grain de sa-
ble.”
. La caricature du
Président
Bien décidés à
monter en D1A au
bout de la saison, les Anver-
sois s’intéressent au profil de
Fauré. L’Union est alors troi-
sième et sur une bonne dyna-
mique, en grande partie
grâce à son attaquant. “J’ai dit
aux dirigeants anversois qu’ils
allaient se casser les dents.
L’Union avait des ambitions et
j’étais un joueur important pour
l’équipe. Dans ma tête, il y avait
99 % de chances que je reste…
mais les dirigeants bruxellois
ont accepté mon départ. Guy
Brison (NdlR : alors directeur
sportif) m’a expliqué que mon
transfert allait aider à renflouer
les caisses. J’avais dit à mon
agent et à ma femme que si
l’Union me prouvait qu’elle me
voulait vraiment, je serais resté.
Mais je n’ai jamais eu de ré-
ponse tandis que l’Antwerp a
continué à faire le forcing…”
Ce départ au beau milieu de
la saison, quelques mois seu-
lement après son arrivée, ne
passe pas pour une grande
partie des supporters. Pour
beaucoup, Cédric Fauré n’a
été attiré que par l’argent an-
versois. “Les gens ignoraient
que je perdais de l’argent au ni-
veau du salaire et des primes en
passant de l’Union à l’Antwerp,
lance-t-il. J’y allais vraiment
pour le projet sportif et avec la
volonté de regoûter à la D1. Je
me rappelle que Jürgen
Baatzsch (NdlR : le président
de l’époque) avait posté sur Fa-
cebook une caricature de moi :
on me voyait de face en train de
dire : ‘je suis triste de partir de
l’Union’. Puis de dos, on me
voyait dire : ‘tout compte fait
non’, avec des liasses de billets
en mains. En plus, j’étais moche
sur cette caricature (rires). Je ne
lui en veux pas mais s’il avait
été au courant de mon contrat,
il n’aurait jamais posté cette ca-
ricature. Tout cela a amené de la
frustration chez les supporters.”
. Un retour
quelques mois plus tard
Après une demi-saison en
demi-teinte et un petit but en
huit rencontres avec l’An-
twerp, Cédric Fauré surprend
tout le monde en signant à…
l’Union Saint-Gilloise. Un
deuxième passage qui ne res-
tera pas dans les annales du
football. “J’avais le choix entre
l’Union et le RWDM. Guy Brison
et le Président me voulaient
mais pas le coach de l’époque
(NdlR : Marc Grosjean). Même
si je ne veux pas vivre avec des
regrets, il m’a pourri la fin de
ma carrière. Lors des PO2, je
suis allé le voir dans le vestiaire.
Je ne demandais pas à être titu-
laire mais je voulais juste finir
ma carrière en beauté. Il ne m’a
finalement jamais pris dans le
groupe sauf lors du dernier
match durant lequel il m’a fait
jouer neuf minutes… Je lui ai
dit, en le tutoyant, qu’il avait gâ-
ché mes derniers moments
comme footballeur.”
. Felice Mazzù,
le coach devenu ami
Malgré cette triste fin, Cé-
dric Fauré continue à suivre
l’évolution de l’Union Saint-
Gilloise depuis son départ.
“On sent un réel enthousiasme
dans cette équipe, analyse le
Toulousain. Il y a l’élan positif
de la montée mais il y a aussi
énormément de qualité dans le
groupe. On sent qu’il y a une
vraie harmonie entre les
joueurs et le staff. Offensive-
ment, Undav et Vanzeir sont très
complémentaires et sont mis en
confiance par Felice Mazzù.”
Un coach que Fauré a
connu à Charleroi entre jan-
vier 2014 et juillet 2015 et qui
lui a laissé de bons souvenirs.
“J’ai toujours eu un énorme res-
pect pour Felice. Il m’a énormé-
ment apporté et c’est devenu, au
fil du temps, un ami. Il a l’étoffe
pour réussir dans un grand club
belge ou à l’étranger. À Genk, on
ne lui a pas laissé le temps. Il est
pour moi au même niveau que
Philippe Clement et pourrait
faire aussi bien que lui à Bru-
ges.”
Toujours en tête à deux
matchs de la fin de l’année ci-
vile, l’Union est sur une dyna-
mique ultra positive. De là à
penser au titre en fin de sai-
son ? “Ils doivent surtout pren-
dre du plaisir en se disant que
ce qui est pris n’est plus à pren-
dre, conclut-il. Dans la dernière
ligne droite, la pression va s’ac-
centuer et c’est là qu’on verra si
l’équipe est assez costaude. Les
joueurs de Bruges ou de l’An-
twerp ont l’habitude de ces mo-
ments. Si l’Union parvient à
maîtriser ses émotions et à
avoir la maturité suffisante
pour continuer à jouer comme
d’habitude, tout est possible.
Mais parfois, la pression d’un ti-
tre peut faire déjouer une
équipe…’
“En tant que coach, je prends exemple sur Felice”
Le Français veut lancer sa carrière
dans le coaching en Belgique.
D epuis la fin de sa car-
rière, Cédric Fauré s’est
tourné vers le coaching.
Dans sa région natale, près
de Toulouse, l’ex-buteur a re-
pris en mains l’équipe de
Tournefeuille qui évolue en
R1, soit le sixième échelon
français. “En un an et demi,
j’ai pris cinq ans d’expérience,
explique-t-il. Mais nous som-
mes un peu livrés à nous-mê-
mes : nous n’avons par exem-
ple pas de kinés et nous devons
nous occuper nous-mêmes des
collations des joueurs. Je vou-
drais rejoindre un club qui me
donne les moyens de pouvoir
gérer un groupe et qui m’ac-
compagne dans la progression
de l’équipe.”
Et ce club, Fauré aimerait
le trouver en Belgique, lui
qui a passé de nombreuses
années dans notre pays.
“Malgré le soleil du sud-ouest
de la France, la Belgique me
manque (sourire). Je suis en
train d’obtenir mon diplôme
UEFA A et en fin de saison, je
reviens en Belgique pour y
commencer réellement ma car-
rière de coach. Je passerai des
coups de fils à gauche et à
droite pour savoir si certains
clubs pourraient être intéres-
sés.”
Conscient qu’il n’est qu’au
début de sa nouvelle vie, Cé-
dric Fauré est prêt à com-
mencer en bas de l’échelle
pour apprendre, sans brûler
les étapes. “Il me faudra évi-
demment une période d’ap-
prentissage, avance-t-il. Je sais
que je ne vais pas commencer
très haut. Dans le milieu ama-
teurs, je préférerais être T1.
Mais si on me propose un poste
de T2 ou d’entraîneur des atta-
quants dans le monde profes-
sionnel ou même en D1 ama-
teurs, je serais stupide de ne
pas accepter.”
Avec pour modèle un en-
traîneur qui l’a fort marqué
durant son passage à Charle-
roi : Felice Mazzù. “J’essaye de
prendre exemple sur Felice, as-
sure-t-il. Je suis très proche de
mes joueurs mais quand il le
faut, j’ose dire les choses. Je
suis un coach qui aime jouer
au football et qui n’a pas envie
que ses joueurs dégagent le
ballon devant. Je pense avoir
laissé en tant que joueur
l’image d’un gars qui n’a ja-
mais lâché. J’ai envie d’avoir la
même image en tant que
coach.”