Charles Morren, qui a été le chouchou
du public unioniste, croit en son ex-équipe.
Certains footballeurs
marquent tellement
les esprits durant
leur passage au sein
d’un club que la simple évoca-
tion de leur nom donne le
sourire aux supporters. Char-
les Morren fait partie de ces
joueurs-là. Le milieu de ter-
rain de 29 ans, passé à l’Union
de 2014 à 2019, est devenu au
fil du temps une véritable
icône du club.
Un club qu’il suit encore de
manière assidue depuis le
Luxembourg, où il a trouvé re-
fuge depuis deux ans et demi.
“En début de saison, j’avais dit
que la possibilité d’accrocher le
top 3 était réelle, s’exclame-t-il.
À mon départ, je sentais les
grosses ambitions des diri-
geants. Le club a réalisé un gros
mercato et le fait d’avoir été
champions aussi facilement
était de bon augure. Et puis le
coach, que je n’ai pas eu la
chance de côtoyer au quotidien,
correspond parfaitement à l’es-
prit de l’Union.”
Malgré leur défaite face à
OHL, les Unionistes sont tou-
jours confortablement en tête
de la Division 1A. Avec quatre
unités d’avance sur leurs con-
currents, ils sont même cer-
tains de garder la place de lea-
der à la fin de la prochaine
journée de championnat.
“Quand on connaît une défaite
après une superbe période, il y a
le risque de tomber dans une
spirale négative. L’équipe va de-
voir essayer de se relever assez
rapidement et elle a les armes
pour le faire. Même s’il ne faut
pas tomber dans l’excès de con-
fiance, l’Union peut battre tout
le monde cette saison. J’espère
que le club sera champion, il a
en tout cas les qualités pour
l’être.”
De son époque saint-
gilloise pas si lointaine, seuls
deux joueurs font encore par-
tie de l’équipe : Ismaël Kan-
douss et Teddy Teuma. En arri-
vant, la direction a fait entrer
l’Union dans une nouvelle
ère… tout en se passant des
services de certains lieute-
nants.
“Dès leur arrivée, nous avons
dû changer de centre d’entraî-
nement, se souvient Charles
Morren. Cette nouvelle avait
abattu plusieurs joueurs qui fai-
saient la route jusqu’à Bruxelles
et qui devaient du jour au len-
demain aller jusqu’à Lier… Le
club nous avait loué un van,
pour qu’on puisse faire du co-
voiturage, tout en nous mettant
devant le fait accompli : soit
vous venez, soit vous trouvez un
autre travail… À partir de ce
moment-là, nous avons compris
que si un joueur lâchait prise,
un autre le remplacerait immé-
diatement. On sentait que la
nouvelle direction avait envie
d’un renouvellement. Mais avec
le recul, on peut dire que leurs
choix ont été payants.”
. Moins de temps de jeu
Au bout d’une saison en de-
mi-teinte, le milieu de terrain
a finalement quitté le club de
son cœur, non sans difficulté.
“La direction voulait que je reste
mais m’a expliqué que je ris-
quais de n’obtenir que quelques
montées en championnat et du
temps de jeu en Coupe. À 27 ans,
j’avais encore faim de football
et la proposition luxembour-
geoise est tombée à point
nommé. Mais je dois aussi être
honnête : quand j’ai commencé
à moins jouer, la plupart de mes
coéquipiers à mon poste étaient
d’une qualité supérieure. J’ai
énormément appris sous la di-
rection de Luka Elsner et je suis
content de la tournure qu’a
prise ma carrière même si
j’aurais préféré prendre part à
l’aventure actuelle. Nous avons
fait partie du début de l’histoire
et je pense que, sans les anciens,
tout cela n’aurait pas été possi-
ble.”
Pour Charles Morren, l’his-
toire est d’autant plus belle
qu’il évoluait encore quel-
ques saisons auparavant en…
deuxième provinciale. “Je n’ai
jamais pensé gagner ma vie
avec le football, lance-t-il. Un
jour, je reçois un coup de télé-
phone de Jacques Urbain
(NdlR : directeur sportif du
club à l’époque) qui me dit que
l’Union est intéressée par mon
profil. Venant de Tournai, je ne
connaissais pas le club… Mon
colocataire a rapidement fait
une recherche sur Internet et
m’a dit qu’il s’agissait d’un club
de D3 à l’époque. J’ai accepté le
défi, j’ai réalisé une bonne pré-
paration et j’ai entamé la sai-
son comme titulaire sans plus
jamais quitter le terrain. Ma
carrière est inouïe, de la P2 à
l’Europa League. Et c’est en
grande partie grâce à l’Union.”
“Retrouver l’Union en Europe avec Dudelange serait mon rêve”
Avec Dudelange, Morren a vécu une belle
campagne en Europa League.
A près sa belle aventure à
l’Union, Charles Morren
s’est lancé un nouveau défi
en rejoignant Dudelange, en
D1 luxembourgeoise en 2019.
“Un agent m’a contacté alors
que j’étais dans une période de
transition, explique-t-il.
L’Union m’avait clairement dit
que si je voulais partir, il n’y
avait pas de problème (sou-
rire). Depuis que je suis arrivé,
le niveau du championnat n’a
fait qu’augmenter. Aujourd’hui,
Dudelange militerait en milieu
du classement de Division 1B.”
Si le club se bat chaque sai-
son pour le titre, c’est surtout
la possibilité de jouer l’Eu-
rope qui a convaincu le
joueur originaire de Lessines.
Et son départ vers le Luxem-
bourg lui a permis de vivre
une aventure incroyable en
Europa League il y a deux ans.
“Déjà, la qualification a été in-
croyable avec beaucoup de
matchs, beaucoup de stress et
finalement un dénouement aux
tirs au but (NdlR : face aux Ar-
méniens du FC Ararat). Une
fois qualifiés, nous avons fait
bonne figure en empochant
quatre points. Il y a même le pe-
tit regret de ne pas s’être quali-
fiés pour le tour suivant car
nous aurions presque pu pas-
ser… Le déplacement au FC Sé-
ville était incroyable, l’am-
biance à l’APOEL Nicosie était
folle. Ce sont des souvenirs
inoubliables.”
Cette saison, Dudelange est
en tête de son championnat à
l’instar de… l’Union saint-
gilloise. “Comme l’Union, nous
sommes dans une année de
confirmation après une grosse
saison, explique Morren. Le
but est d’être champion et nous
avons toutes les cartes en
mains pour l’être. Le champion
luxembourgeois est reversé
dans les qualifications de la Li-
gue des champions puis dans
celles de l’Europa League en cas
d’élimination. Pourquoi ne pas
retrouver l’Union en Europe ?
Ce serait mon rêve (sourire) !
En tout cas, je crois à une quali-
fication européenne des deux
clubs.”
À 29 ans, Charles Morren se
plaît au Luxembourg et se
voit bien prolonger son aven-
ture là-bas, lui qui est sous
contrat à Dudelange jusqu’en
faire notre vie ici avec ma com-
pagne, conclut celui qui est
diplômé en kinésithérapie.
La famille et les amis ne sont
qu’à deux heures de route donc
ce n’est pas le bout du monde.
Je ne pense pas à un retour
dans un club belge car je me
sens très bien au Luxembourg.
En tout cas, ce n’est pas moi qui
irais me proposer à des clubs
en Belgique.”