RECUEILLI PAR SÉBASTIEN HELLINCKX
Le coach des Bruxellois au comble du bonheur.BelgaLe derby entre l’Union SG et le RWDM a permis aux Jaune et Bleu de décrocher les lauriers ce samedi. L’occasion pour Felice Mazzù de vivre un troisième sacre en tant qu’entraîneur et de lui permettre de réussir son pari ; celui de ramener l’Union en Division 1A. prev
Felice Mazzù, vos larmes en disent long sur la joie qui vous anime !C’est fantastique de pouvoir vivre de pareils moments. Dans un match engagé, avec de la tension, mes joueurs ont su, une nouvelle fois, faire la différence. À la pause, je leur ai demandé de se libérer, de jouer leur jeu. Ce n’était sans doute pas notre meilleur match, mais il nous a permis de réussir notre pari, notre projet.Une chose est certaine : l’Union Saint-Gilloise mérite ce titre.Jusqu’à aujourd’hui, je le pense, oui. La manière dont nous avons évolué tout au long de la saison me fait dire que nous le méritons. Certes, nous avons connu quelques moments de flottement, mais nous avons toujours su trouver les armes pour réagir.19 victoires en 23 matches : vos statistiques sont impressionnantes. Vous attendiez-vous à pareille saison ?J’espérais, en tout cas, qu’elle soit belle. Avoir signé pour un an était l’unique manière de faire fonctionner la machine. Notre objectif a toujours été la montée. Cependant, s’attendre à dominer le championnat de cette manière, ce n’est pas possible. Ce serait faire preuve d’un manque d’humilité coupable. Nous avons travaillé et récolté les fruits, tout en ayant nos planètes bien alignées.Quel fut, à vos yeux, le tournant de cette folle saison ?Notre défaite au RWDM (NDLR : le 26 septembre dernier, 3-1). Nous évoluions encore en 4-3-3, sans arrières latéraux à disposition. Les projections médicales n’étaient pas bonnes et la défaite nous a permis de prendre conscience que nous devions changer notre fusil d’épauler afin d’utiliser nos forces vives de la meilleure manière possible. Si nous avions remporté ce match, peut-être que nous n’aurions rien changé et nous n’aurions pas connu une telle saison.Vous avez, alors, décidé de passer à un 3-5-2, quittant votre habituel 4-3-3. Une bonne trouvaille, non ?Avec Charleroi et Genk, je m’y étais déjà aventuré avec parcimonie. Ce n’était donc pas un système inconnu. Ici, avec nos défections, cela s’avérait être un bon choix, d’autant que cela libérait nos milieux et nos avants. À partir de là, Dante Vanzeir et Deniz Undav sont constamment montés en puissance, confirmant que ce système de jeu nous convenait peut-être mieux.Il y a dix mois, nombreux étaient ceux qui estimaient que le choix de signer en D1B était risqué. Avez-vous douté ?Le seul risque qu’il y avait, c’était ce contrat d’un an. En rejoignant l’Union, je voulais me sentir bien avec des gens autour de moi qui montraient du respect, qui avaient confiance en moi et, surtout, me donnaient carte blanche. J’avais besoin de cela pour retrouver une énergie positive après ce passage manqué à Genk.Dans un certain sens, vous devez donc être rassuré d’avoir réussi votre pari, non ?Quand on prend un tel risque, il faut être capable de l’assumer. Je n’ai pas envie de dire que je suis rassuré, ou non. Simplement que je suis toujours passionné et capable, avec un staff, de réaliser de belles choses.Sans faire de vieux os en Division 1B cependant.Je l’ai souvent répété, ce n’était pas un pas en arrière. Cela m’a permis de retrouver des sensations, du bonheur avec les gens qui m’ont épaulé. J’ai souvent trouvé qu’on dénigrait trop la D1B, un milieu qui m’a pourtant plu.Aucune rancune, aucun sentiment de revanche ne vous a donc animé tout au long de la saison ?Honnêtement, non. Je ne vis pas à travers le passé, mais bien avec l’accomplissement de choses que je suis capable de faire. Cela fait 26 ans que je suis entraîneur et j’ai connu bien plus de moments positifs que de négatifs. Et ce sont les premiers cités que je souhaite retenir. La période à Genk m’a fait réfléchir et m’a permis de changer, peut-être, la manière de porter le regard sur les autres. Mais je ne suis pas un nouveau Felice.Êtes-vous dès lors parti pour rester du côté de l’Union, votre contrat se prolongeant automatiquement à la suite de ce titre ?Il n’y a pas encore eu de discussions avec la direction, car je voulais que le groupe se concentre sur l’objectif commun. Tous les paramètres correspondant à la D1 devront être présents. Le professionnalisme y est, la direction dispose de moyens structurels et financiers suffisants pour vivre une belle saison. Mais n’oublions pas que d’un jour à l’autre, la page blanche peut devenir noire, qu’il n’y a aucune certitude dans le monde du football. Mais ce qui est certain, c’est que je n’aime pas changer constamment de club, que je suis quelqu’un de fidèle. Si le club a confiance en moi et qu’on arrive à plusieurs accords, il n’y a pas de raison de ne pas continuer.L’expérience que vous avez acquise en D1A parlera toutefois pour vous.J’ai vécu six ans et demi en D1, mais cela ne fera pas tout. Il faudra avoir de la cohérence, un groupe qui a envie et ce petit brin de chance. Et on ne parle pas uniquement de moyens. Lommel ou Westerlo ont aussi mis les moyens pour monter cette saison. Cela ne suffit pas, il faut pouvoir jouer à un haut pourcentage de ses capacités. Le groupe l’a fait cette saison, mais n’oublions pas que rares sont les joueurs qui ont l’expérience de la D1…Votre dévouement, en bord de terrain, n’a d’ailleurs pas changé d’un iota depuis votre période à Charleroi.J’aime bien mettre de l’énergie, être proche de mes joueurs. Ces derniers comptent énormément pour moi et je ne veux pas les traiter comme des objets. C’est pour cela que je vis le match à 100 à l’heure, avec eux. J’ai essayé d’être comme ça à Genk et Charleroi. Les résultats, on ne peut les atteindre qu’à travers le groupe, d’où l’importance de l’aspect humain, du respect. J’ai envie d’être moi ; être actif en bord de terrain, cela me caractérise. Je ne sais pas rester assis pendant 90 minutes !L’épisode de Genk ne vous a donc pas desservi.Ce fut un moteur, c’est vrai. Quand on essuie un échec, cela doit servir de leçon, d’en comprendre les raisons. J’ai compris que j’étais peut-être un peu trop naïf dans ma manière d’aborder les gens dans le monde du football.Ce titre vient s’ajouter à votre palmarès. Vous souvenez-vous de vos premiers sacres ?Oui. Quand même. (rires) La première fois, c’était avec Braine-L’Alleud en P2, en 2002. J’ai également connu ce bonheur avec le White Star en 2011, lors de notre montée de D3 en D2. Être champion ce sont des sensations fortes, l’accomplissement d’un travail de longue haleine. Des moments qu’il faut savourer.Votre dernier titre, c’était donc, déjà, en terres bruxelloises…Oui. Je me rappelle d’ailleurs avoir dit en signant à l’Union, en voyant ce stade, que j’avais cette nostalgie des moments extraordinaires passés au White Star, de cette ambiance bruxelloise. Le titre que nous venons d’acquérir vient s’ajouter à mes meilleurs souvenirs d’entraîneur, après ce titre avec le WS et la qualification pour l’Europe avec Charleroi.On retrouve, en tout cas, un Felice Mazzù heureux.Heureux par rapport au choix que j’ai fait, au groupe qui m’a entouré et à la manière dont nous avons évolué. Quand les résultats sont présents, c’est plus facile, oui. Mais cela ne va changer en rien mon avis sur le monde du football. Cela reste un milieu d’égoïstes, d’égocentriques, ou le partage et la réflexion ne sont pas souvent présents.À l’Union, vous avez toutefois été bien entouré, non ?C’est en effet impossible de réussir un tel projet sans staff. Tout mon processus se fait avec eux et cela a très bien fonctionné. Si cela se fait en parfaite harmonie, c’est 50 % de bénéfices en plus pour le coach. Cela n’avait pas été le cas à Genk notamment. Je suis fier de mon groupe, de mon staff, tout simplement.