C’ était au temps où
Bruxelles chantait. Ce-
lui où les clubs belges étaient
capables de faire mal aux
grands d’Europe. En cette sai-
son 1962-1963, Anderlecht éli-
minait d’ailleurs le grand Real
Madrid en Coupe des clubs
champions. L’Union Saint-
Gilloise prenait régulièrement
part à la Coupe d’Europe des
villes de foires, une compéti-
tion sur invitation pour les
clubs qui étaient issus d’une
métropole abritant une foire
internationale.
Cette saison-là, il y a tout
juste soixante ans, le club de la
Butte disputait la quatrième
campagne européenne de son
histoire. La première, en-
tre 1958 et 1960, reste la plus
accomplie. Lors de la
deuxième édition de cette pe-
tite Coupe d’Europe qui s’éta-
lait sur deux saisons : victoires
face à Leipzig (6-1, 0-1) et l’AS
Roma (2-0 et 1-1 au Stadio
Olimpico) avant l’élimination
face à Birmingham en demi-fi-
nale (2-4 à l’aller et au retour).
Ensuite, après deux campa-
gnes où les Saint-Gillois ca-
laient dès le premier tour, con-
tre l’AS Roma (1960) et Heart
of Midlothian (1961), ils vi-
vaient en 1962-1963 une qua-
trième aventure continentale
qui les voyait sortir Marseille
au premier tour. Après avoir
perdu 1-0 au Vélodrome face à
une équipe tout juste promue
en division 1, l’Union prenait
sa revanche au retour (4-2),
avec des buts de Roger Van
Cauwelaert, Lucien Mertens
(2x) et de Julien Kialunda.
Au tour suivant, face au Di-
namo Zagreb, l’équipe entraî-
née par le Français Edmond
Delfour s’imposait 1-0 au re-
tour sur un but de Roger Van
Cauwelaert après avoir perdu
2-1 l’aller en Croatie. Pas de
prolongations, à l’époque,
mais un “test-match” pour dé-
partager les deux équipes, sur
terrain neutre en Autriche, en
février 1963 : l’Union s’incli-
nait 3-2… après avoir mené 0-2
pourtant. “C’était une autre
époque, juste avant le déluge”,
plaisante aujourd’hui Paul
Vandenberg, 86 ans, qui a pris
part à toutes ces campagnes.
“Sur un match, on parvenait à
tenir la dragée haute à certaines
équipes européennes. Il y avait
plutôt une bonne ambiance
dans l’équipe. Mais c’était diffé-
rent : un match de Coupe d’Eu-
rope, même de Coupe des villes
de foires, c’était un petit événe-
ment… il n’y avait pas autant
de matchs qu’aujourd’hui.”
La Coupe des clubs cham-
pions et la Coupe des villes de
foires avaient été lancées en
1955 et la Coupe des vain-
queurs de Coupes suivit en
reste notre victoire sur l’AS
Roma (2-0) après un très bon
match de notre part. L’intérêt
médiatique représentait le
dixième de ce qu’il est
aujourd’hui, mais c’était un
beau parcours avec une demi-fi-
nale au bout. À l’époque, nous
étions des amateurs qui rece-
vaient un peu d’argent pour les
matchs, même pas vraiment des
semi-professionnels.”
Contrairement aux Anglais
de Birmingham, qui sortiront
les Unionistes. Le paradoxe,
c’est que l’Union sera relé-
guée en D2 au terme de cette
saison 1962-1963. “On était un
groupe qui savait donner le
maximum en Coupe d’Europe.
Disons qu’on jouait peut-être
mieux dans cette compétition
qu’en championnat… un peu
comme Bruges aujourd’hui”,
conclut Vandenberg.
Le deuxième volet de
la campagne euro-
péenne de l’Union
Saint-Gilloise dé-
marre ce jeudi 9 mars avec
un huitième de finale de Li-
gue Europa qui verra les
Jaune et Bleu retrouver les Al-
lemands de l’Union Berlin
qu’ils avaient déjà rencontrés
en phase de groupes. Il y aura
pas mal de choses à gagner, à
plusieurs niveaux, pour le
club saint-gillois, lors de
cette double confrontation,
voire au (x) tour(s) suivant(s)
en cas de qualification.
FINANCES
De 2 à 13 millions €
en plus
À chaque tour sa récom-
pense financière, versée par
l’UEFA. Jusqu’ici, l’Union a
déjà touché un beau pactole
pour son inattendu parcours
en Ligue Europa, même si les
sommes versées sont sans
commune mesure avec celles
de la Ligue des champions.
Le club bruxellois a déjà ga-
gné près de 10 millions € :
3,63 millions € de prime de
participation et 132 000 € de
prime de coefficient ; 2,73 mil-
lions € pour ses résultats en
poule ; 1,1 million € pour sa
première place du groupe D.
Sa participation aux huitiè-
mes de finale a rapporté à
elle seule 1,2 million € supplé-
mentaire. Son montant de
droits médias, le “market
pool”, est lié à plusieurs para-
mètres qui peuvent encore
évoluer, mais il est déjà cer-
tain qu’il dépassera le mil-
lion d’euros.
Et si l’Union parvient à éli-
miner Berlin, quels que
soient les résultats des deux
matchs, elle toucherait en-
core 1,8 million € supplémen-
taire de prime UEFA pour une
participation aux quarts de
finale et verrait son “market
pool” grossir un peu plus en-
core. Il y a donc 2 millions €
supplémentaires à aller cher-
cher à ce tour pour un total
de revenus UEFA qui serait
alors d’environ 12 millions €.
Pas mal pour un club dont le
budget avoisine les 20 mil-
lions €.
Chaque demi-finaliste de la
Ligue Europa touchera
2,8 millions € en plus, alors
que les deux finalistes rece-
vront 4,6 millions € supplé-
mentaires et que le vain-
queur final touchera une der-
nière prime de 4 millions €,
soit un total potentiel de
13,2 millions supplémentai-
res, sans parler d’une enve-
loppe “market pool” qui gon-
flerait de quelques millions
d’euros, elle aussi.
COEFFICIENT
Devant Anderlecht et,
bientôt, le Standard ?
Vu l’inexistence de son
passé récent en Coupe d’Eu-
rope, l’Union a démarré cette
saison avec un coefficient
UEFA de 0, mais la qualité de
sa campagne lui permet de
déjà compter 14 points. Con-
séquence : le club saint-gillois
a dépassé Anderlecht (12,5
points) et est revenu à deux
longueurs du Standard (16)
qu’il dépassera s’il se qualifie
pour les quarts ou égalera s’il
remporte un de ses deux
matchs contre Berlin ou si-
gne deux partages mais est
éliminé.
Anderlecht, toujours en
lice en Ligue Conference,
pourrait évidemment encore
dépasser l’Union en fonction
des résultats européens des
deux équipes cette saison.
Plus ce coefficient sera
grand, plus l’Union aura de
chances d’être tête de série
lors d’un tirage de tour préli-
minaire de Coupe d’Europe la
saison prochaine, si elle se
qualifie à nouveau, ce qui est
en bonne voie vu sa
deuxième place actuelle au
classement.
Les résultats de l’Union
nourrissent également le
coefficient belge, évidem-
ment. Celui-ci est très bon,
cette saison (11,4 points, soit
le sixième total) et les résul-
tats des clubs belges encore
en lice peuvent nous permet-
tre de renforcer notre hui-
tième place.
TICKET EUROPÉEN
La Ligue des champions
au bout
La plus grosse des récom-
penses à aller chercher au
bout de cette campagne est
un titre européen, évidem-
ment, même si cela semble
utopique pour l’équipe qui
était dernière dans le qua-
trième chapeau au moment
du tirage au sort. Ce serait
un coup double, pour
l’Union : une première
Coupe d’Europe au palma-
rès, mais aussi un ticket di-
rect pour la Ligue des cham-
pions, puisque le vainqueur
de la Ligue Europa est direc-
tement qualifié pour les pou-
les de la C1 2023-24, quoi
qu’il fasse en championnat.
À noter que si l’Union accom-
plissait ce petit miracle, cela
n’empêcherait pas le cham-
pion et le vice-champion de
Belgique d’être qualifiés
pour les préliminaires de C1,
si l’Union ne terminait pas
dans le top 2 belge.
Une remarque qui vaut
également pour Anderlecht
et Gand : s’ils remportaient
la Conference League, ils ob-
tiendraient un ticket direct
pour les poules de la Ligue
Europa 2023-24. Et s’ils ne
terminaient pas dans les pla-
ces européennes à la fin du
championnat, cela procure-
rait alors un sésame conti-
nental supplémentaire à la
Belgique. Pas s’ils termi-
naient à une place euro-
péenne, par contre.