Composition D1A & D1B | Tribune | Forum

Une alliance des 7 clubs les plus puissants du pays (Anderlecht, Bruges, Gand, Genk, le Standard plus l’Antwerp et Charleroi) veut forcer l’intégration de 7 à 8 équipes U23 dans le championnat de D1B, la saison prochaine. En contrepartie d’un accord du K11, ils pourraient lui concéder la prolongation d’une D1A à 18 jusqu’en juin 2023.
Belgique, plus que jamais terre de compromis. Et de bras de fer institutionnel. Biberonné aux intérêts sportifs et financiers, le football ne se positionne jamais très loin de la politique. Ou il n’a, en tout cas, que très peu de leçons à recevoir sur le plan de la stratégie, comme en témoignent les luttes d’influence qui, depuis des semaines et des semaines, contribuent à la détérioration du climat à la Pro League. Un climat devenu tendu, si pas délétère sur certains sujets. Entre le management opérationnel et le conseil d’administration, entre ledit conseil d’administration et les membres de l’assemblée générale, et, par capillarité, entre le football professionnel et le football amateur, puisque les séries nationales sont susceptibles d’être impactées par le plan d’intégration des équipes U23 de la D1A dans les premiers échelons de la pyramide (D1B, Nationales 1 et 2).
Ce mardi, l’ordre du jour de l’AG de la Pro League promet donc de susciter quelques belles envolées, qui ne seront pas uniquement lyriques. C’est tout juste si le remplacement de Karel Van Eetvelt (Jos Donvil d’Anderlecht, Harm Van Veldhoven, pour Lommel, et Walter Danen, au nom du Beerschot, sont candidats) ou la prolongation du contrat de Pierre François (adoptée sur le principe à l’unanimité du dernier conseil d‘administration, le 16 février dernier) ne passeront pas pour des points de détail au cœur des luttes intestines. Qui, à un moment ou à un autre, vont forcément finir par sortir du cadre de la civilité.
Passage en force
L’enjeu est double et, selon nos informations, se négociera plus que probablement au gré des interactions qu’offrent les divers scénarios. D’un côté, il y a la problématique du moratoire réclamé par les plus petits budgets de la D1A pour qu’il n’y ait pas trois descendants la saison prochaine et que la série reste composée de 18 équipes, au moins jusqu’au terme de la campagne 2021-2022. De l’autre, se dissimule (mal) l’impatience des clubs du G5, rejoints dans leur démarche par l’Antwerp et Charleroi, pour forcer les portes d’une intégration massive (sept à huit équipes en fonction de l’obtention de la licence par Virton) de leurs formations Espoirs, à savoir les U23.
Un passage en force que souhaite effectuer le G7, en le négociant auprès de certains clubs du K11, soucieux de sauver leur peau en D1A une saison de plus. En clair, l’AG de ce mardi devrait consister en un troc qui peut se résumer comme suit: «Nos U23 en D1B contre une année supplémentaire à 18 en D1A.» Pour ce faire, un quorum de deux tiers des voix (32 sur 48) est nécessaire. Tout sauf une mission impossible: le G5 représente 15 voix et le duo Antwerp-Charleroi 4. A ces 19 voix vont venir s’ajouter celles d’une majorité de petits clubs ouvertement favorables à une compétition à 18 si pas 20 clubs: Zulte Waregem, Eupen, Saint-Trond, Malines, Courtrai, Waasland-Beveren et le Beerschot. Soit 14 voix supplémentaires, qui constituent une majorité suffisante à 33 voix sur 48. Avec la marge de sécurité supplémentaire que négociera le Lierse (pas de relégation avec une D1B à 14 ou 16) ou Deinze (contre un sursis d’un an pour la mise en conformité de ses installations).
Une vision à court terme
Un scénario promis à contrecarrer deux autres options: celle d’une tournante à quatre équipes U23 en D1B, proposée par le management de la Pro League. Et celle d’une D1A à 20 clubs, avec la suppression pure et simple de la D1B, ce que ne tolérera pas le foot amateur, ACFF comme Voetbal Vlaanderen, pas disposés à recueillir cinq équipes surnuméraires.
Bref, le double vote mis à l’ordre du jour de l’AG de la Pro League sera celui de l’égoïsme du football belge. Une vision à court terme, doublée de la protection de petits intérêts personnels, contre laquelle le seul recours possible réside dans les mains d’Eleven. Après les décisions prises par la Pro League, la chaîne détentrice des droits TV jusqu’en 2025 devra se positionner par rapport au changement de format qu’une telle entente entre clubs professionnels aurait sur le format de la D1B. Passée de 8 à 14 voire à 16 équipes. Avec le manque d’enjeu et d’intérêt télévisuel pour les matchs comptant une ou deux équipes NXT des sept ou huit (avec OHL) cadors de la D1A.