UN REPORTAGE D’ALEX BARRAS ET STÉPHANE MARCHESANI
Au surlendemain de la dernière journée de Division 2, nous avons rencontré Frank Defays au restaurant Don Antonio à Jambes pour faire le bilan de la saison mouvementée des Gaumais en Division 2 (12e, 34 points). La descente, le mercato, sa licence pro, la future D1 amateurs, les adieux de Guy Blaise… L’entraîneur virtonais n’a éludé aucun sujet.
Frank, quel est votre sentiment sur cette saison, votre 5 e en Gaume ?
On a vécu une saison particulière pour plusieurs raisons. Il y a d’une part les résultats, et d’autre part le sentiment d’avoir joué un championnat dont l’issue était déjà décidée avant de commencer. Dès l’annonce de la réforme j’avais émis des craintes concernant les critères qui permettraient de figurer dans la D1B. Au début, on nous avait assuré que le sportif serait prioritaire et, en février, on apprend que c’est l’administratif qui va primer. En clair, si Virton avait terminé 3e et demandé la licence D1B, nous n’aurions quand même pas eu accès au monde pro. Et d’un côté c’est logique. Vu que la réforme prévoit que les 2e, 3e et 4e de D1B participent aux playoffs 2 avec les équipes de D1A, tu ne peux pas le faire si tu n’as pas de stade de pour la D1.
Ce constat atténue-t-il la déception de cette saison ?
Même si les dés étaient pipés dès le départ, cela n’enlève en rien la déception sportive de cette saison. Dans un championnat classique, il n’y aurait pas eu de déception. Tu étais en reconstruction, tu te sauvais, cela restait correct. On peut se demander si c’était raisonnable de viser le top 8 quand on voit les grosses machines qu’il y avait en face de nous. Mais le challenge était quand même excitant. De se dire qu’avec nos petits moyens et nos joueurs inconnus on pouvait se hisser dans le top 8. Histoire de montrer que même si c’est plus facile avec, l’argent ne fait pas tout dans le football.
Comment expliquer ces mauvais résultats?
Je pense que nous n’avons jamais vraiment su trouver le bon équilibre dans l’équipe. À aucun moment, je n’ai senti de la sérénité. Moi qui ne suis pas un adepte du changement, j’ai été servi. Entre les méformes et les blessures à répétition, je pense avoir eu plus de soucis en une saison que sur les quatre précédentes. Je pense que notre entame de compétition nous a fait mal. On démarre par un 6/6 contre un White Star qui était à 30 %, et le Patro où on a bien négocié le match. On avait passé du temps à répéter aux nouveaux que ce championnat était très difficile avec de très bons adversaires. Quand ils ont vu ces deux matches, ils ont dû se dire que le coach racontait des conneries (sic). J’ai dit à Laurent Deraedt, mon entraîneur des gardiens, que nous venions de jouer des matches de D3 voire de Promotion, que les vrais matches de D2 allaient arriver.
C’était en fait l’effet inverse par rapport à la saison précédente ?
Cette saison-là, on avait entamé le championnat en étant confiant et on s’était pris un claque 3-0 à Saint-Trond. Cela avait remis tout le monde les pieds sur terre. Cette fois-ci, on avait beaucoup d’interrogations et, pourtant, on a démarré par deux victoires. Mais, derrière, il n’y a pas eu cette remise en question. Je l’avais déjà dit à l’époque que ces succès ne masquaient pas nos lacunes.
Pour vous, quel est le meilleur match de Virton cette saison ?
Le plus abouti est certainement celui gagné 0-3 à Roulers. On tentait un nouveau système (NDLR : avec un flanc droit qui rentrait fort dans le jeu pour laisser tout le couloir à Thiam) pour jouer le tout pour le tout et les gars se sont transcendés. Par contre, on a joué avec le même système contre Dessel (NDLR : défaite 1-4) et là, au bord du terrain, j’étais quasi gêné de ce que j’ai vu. Un oeil extérieur qui voit ce match devait penser qu’il n’y avait aucun travail derrière.
Dessel (1-4) est-il le plus mauvais match ?
Celui qui me reste en travers de la gorge, c’est celui à l’Union (NDLR : défaite 3-1). On est rentré au vestiaire à la pause avec un but d’avance alors qu’on aurait pu en mettre trois ou quatre. Au final, on est reparti avec… rien. En revoyant les images, j’ai constaté que notre adversaire n’avait pas trouvé les solutions pour nous battre mais que l’arbitre s’en était chargé…(NDLR: en offrant un penalty aux Bruxellois après une faute de Rajsel sur Valette).
Pour vous, il y a la place pour un club pro à Virton ?
Si je dois répondre avec le cœur je dis oui ! Je suis convaincu que Virton en D1A, avec un projet qui tient la route, jouerait quatre ou cinq fois à guichets fermés et qu’il y aurait entre 3000 et 4000 personnes contre Westerlo. Pour y arriver, il ne faut plus que le club repose sur les épaules d’une poignée de personnes. Au niveau du fonctionnement et de la gestion, il faudra épauler Philippe Emond. Les gens ne se rendent pas compte de l’investissement en temps du président alors qu’il a déjà un emploi du temps inhumain.