VINCENT MILLER
Qui dit Union dit aussi Charles Picqué. En effet, le Bourgmestre de Saint-Gilles depuis 1985 n’a jamais caché son attachement pour le matricule 10, dont il a d’ailleurs été le président durant les années 90. L’occasion n’était donc que trop belle d’aller à sa rencontre, nous donnant au passage l’opportunité d’évoquer avec lui le rôle que joue la commune par rapport au club, ainsi que l’avenir du stade Marien. next
Monsieur Picqué, l’Union de retour en Division 1, cela ne peut que vous réjouir…Évidemment ! Mais mes premières pensées vont directement à tous ces supporters et bénévoles du club qui nous ont quittés. Le destin de la vie fait que, pour le premier match de l’Union en Division 1 depuis 1973, nombreux ne seront plus là. Je pense notamment à une personne à côté de qui j’ai été assis au stade durant de très nombreuses années, aujourd’hui décédée, qui me disait souvent : « Les années passent et je ne connaîtrai malheureusement plus jamais la gloire de l’Union ».Et pour vous personnellement, que représente l’Union ?Beaucoup de choses. Il faut savoir que j’ai vu mon premier match de l’USG lors de la saison 1963-1964. C’était face à Tilleur. Au terme de cette campagne, on était remonté en Division 1. J’ai ensuite suivi avec attention l’évolution du club. Je me souviens des problèmes de l’année 1973 et de la descente. C’est marrant car le hasard fait que, cette même année, je suis venu habiter à Saint-Gilles, dans cette commune où mes parents se sont mariés et ont habité. J’ai connu également les années où le club évoluait en Promotion. Je me souviens qu’on jouait contre des équipes comme Bas Oha, Mormont, etc. Et également de cette campagne 1992-1993 où on a évité la relégation en Promotion sur tapis vert.Dans la foulée, vous avez également été le président du club…Oui, j’ai pris la succession de Jean Godfroid, un homme d’affaires, en 1994.Quels souvenirs en gardez-vous ?Celui qui m’a le plus marqué est la montée en Division 2 au terme de la saison 1995-1996. Je me souviens qu’on avait fêté la remontée grâce à un succès face à Herentals. On était enfin parvenu à se sortir de l’ornière de la Promotion (NDLR : entre 1981 et 1983) et de la Division 3 (NDLR : où l’USG végétait depuis 1986). Malheureusement, on est redescendu immédiatement l’année suivante. L’Union d’aujourd’hui doit le savoir – mais je pense que les investisseurs en sont totalement au fait- : on ne survit pas à l’étage supérieur avec le même budget.Vous parlez des nouveaux investisseurs arrivés en 2018. Justement, quelle relation entretenez-vous avec eux ?Je tiens tout d’abord à souligner les mérites de Jürgen Baatzsch qui a permis à l’Union de s’internationaliser. Il a ouvert des portes à de nouveaux partenariats. L’Union a pu s’ouvrir à des gens qui ont su relever le défi du retour en D1. Aujourd’hui, mon principal interlocuteur est Philippe Bormans (NDLR : le CEO du club). Mais je ne m’immisce pas plus que cela. Car il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’une entreprise privée.Quel est alors le rapport entre la commune et le club ?Celui-ci est basé sur une seule volonté : que ce club continue à vivre et à incarner l’histoire du sport à Bruxelles.Est-ce pour cette raison que la commune conserve un petit pourcentage de parts du club ? À quoi cela lui sert-il exactement ?En fait, les statuts de l’Union sont fondés sur plusieurs exigences de la commune. Premièrement, le club ne peut pas changer de nom. Et deuxièmement, il ne peut pas délocaliser ses activités sans autorisation. La commune a également soutenu le club via des subsides, même si elle n’a jamais été son principal soutien financier. L’Union a toujours dû aller chercher de l’argent autre part.La commune met également le stade à disposition…Quand j’ai pris le mayorat de Saint-Gilles, le stade était loué à la Donation Royale. On a alors décidé de reprendre l’emphytéose, la concession du stade. Car il faut savoir que l’Union a joué à ses débuts juste devant le bâtiment de l’hôtel de Ville (NDLR : place Maurice Van Meenen). C’était dès lors en quelque sorte normal qu’il revienne dans le giron de la commune.On entend parler depuis un petit temps de la construction possible d’un nouveau stade pour l’Union, un stade qui serait plus conforme aux nouvelles ambitions du club. Voyez-vous cette éventualité d’un bon œil ?La question centrale derrière ce dossier est celle de la survie de l’Union. Si à terme -car ce ne serait pas pour tout de suite –, l’Union souhaitait déménager, nous voudrions qu’elle conserve des activités dans son stade actuel. On pourrait par exemple y faire jouer l’équipe Réserve, y disputer des matches de gala, de préparation, voire même certaines rencontres de championnat. Je ne peux pas vraiment me prononcer sur cette volonté de construction car ça, c’est du ressort du groupe qui a repris l’Union. C’est l’affaire de l’actionnaire. Si celui-ci estime que l’USG ne sait pas survivre dans ce stade, il faudra l’accepter. Mais l’Union restera, d’une manière ou d’une autre, attachée au stade actuel.Des rénovations y ont d’ailleurs été réalisées en 2017 et 2018 pour qu’il réponde aux normes de la Pro League. Est-il encore possible de le transformer ou d’améliorer le confort du public ?L’extension territoriale du stade avec atteinte au Parc Duden n’est pas facile car il se situe dans un site classé. Par contre, le confort du stade peut en effet être amélioré. À un certain moment, on a eu des discussions avec des fonctionnaires de l’urbanisme par rapport à la couverture de la tribune debout. C’est négociable. Mais c’est à l’actionnaire de voir si un stade avec une capacité limitée de spectateurs (NDLR : à l’heure actuelle, le Marien peut accueillir jusqu’à 9.500 personnes) mais confortable peut suffire. Ou s’il lui faut une enceinte de 25.000 places. Mais en tout état de cause, tout le monde est d’accord pour dire que le Marien doit rester la base arrière de l’Union.Ce stade est situé sur la commune de Forest. Quelles sont vos relations avec celle-ci ?En fait, on est propriétaire d’un bien situé sur la commune voisine. Mais nos relations sont très bonnes car beaucoup de Forestois sont également supporters de l’Union. Et les choses sont facilitées car on est dans la même zone de police (NDLR : la zone de police Midi qui comprend également la commune d’Anderlecht).Justement, l’Union en D1 drainera probablement plus de spectateurs, ainsi qu’un plus gros contingent de supporters visiteurs. Sachant que vous êtes à proximité de Forest National et du stade du RSCA, comment allez-vous vous organiser pour assurer la sécurité aux alentours du stade ?Je pense que cela ne posera pas trop de problèmes. La zone de police est d’ailleurs déjà en train de plancher sur un plan de sécurisation du quartier. Mais il faudra évidemment être attentif à l’intérêt des riverains qui, pour certains, n’en ont rien à faire du football. L’idée est de les embêter le moins possible.Pour terminer, revenons à ce titre. Les supporters n’ont malheureusement pas pu faire la fête comme ils le voulaient. Avec la commune, avez-vous prévu quelque chose de votre côté ?Je souhaiterais qu’on fasse faire des médailles avec, par exemple, des inscriptions telles que « 1973-2021 : le renouveau de l’Union ». On les distribuerait lors d’une réception à l’Hôtel de Ville de Saint-Gilles à tous les supporters, les bénévoles et les volontaires qui ont œuvré à la survie puis au redressement du club durant toutes ces années. Ils auraient ainsi un souvenir tangible de cet événement. Il s’agira d’une grande fête populaire. Mais hélas, c’est un événement qu’on ne peut pas encore programmer aujourd’hui en raison de la situation sanitaire.