En un mois, l’Union
est passée par toutes
les émotions. Défaits
par le Standard le
18 février, les Bruxellois ont
enchaîné avec deux autres dé-
faites dont une élimination
terriblement cruelle en demi-
finale de la Coupe de Belgique
face à l’Antwerp. Dans la fou-
lée, ils ont battu Genk puis se
sont qualifiés pour les quarts
de finale de l’Europa League
en battant Berlin.
Durant ces 30 jours assez
fous, l’Union est passée d’une
mini crise au plus grand ex-
ploit de son histoire récente.
Retour sur une période mou-
vementée de laquelle l’équipe
de Karel Geraerts est ressortie
avec le sourire…
. Une claque liégeoise
difficile à avaler
Avant d’accueillir le Stan-
dard au Stade Marien, tous les
feux étaient au vert. Mais les
Liégeois ont été le premier
grain de sable à enrayer la
machine bruxelloise. En com-
mettant trop d’erreurs indivi-
duelles, l’Union chute face à
son public. “La façon avec la-
quelle l’Union a joué ce soir-là
ne lui ressemblait pas, se sou-
vient notre consultant foot,
Alex Teklak. Les Bruxellois
avaient donné trop d’occasions
en commettant beaucoup d’er-
reurs et le Standard avait été
d’une efficacité clinique. On ne
peut pas dire que c’était un non-
match de la part de l’Union, car
cela aurait pu basculer des deux
côtés.”
Tout n’est peut-être pas à je-
ter, mais une certaine fébrilité
est présente chez certains
joueurs comme Teuma, Lynen
ou Burgess, moins impérial
qu’à son habitude. “Il a claire-
ment été dans le dur, avance
Teklak. Il a fait des erreurs inha-
bituelles et était moins présent
dans les duels. Il y avait peut-
être un surplus de confiance
chez lui comme chez d’autres
joueurs.”
Cela se confirme lors du dé-
placement à Westerlo une se-
maine plus tard. Après s’être
retourné quatre fois face au
Standard (2-4), Anthony Moris
encaisse quatre nouveaux
buts en terres campinoises
(4-2). Après le match, quelque
chose semble s’être cassé. Fait
rare, certains joueurs refu-
sent même de répondre aux
questions des journalistes.
“En football, parfois on gagne et
parfois on perd, explique Vic-
tor Boniface. Après la lourde
défaite contre Westerlo, il a fallu
relever la tête et rester soudés.
C’est ce qu’on a fait. Nous nous
sommes dit que des défaites
comme celles-là pouvaient nous
coûter le titre. J’ai bien aimé la
façon avec laquelle nous nous
sommes battus pour revenir au
sommet.”
. Sentiment de crise
après l’Antwerp
Avant un retour à l’avant-
plan, l’Union a d’abord essuyé
une grosse désillusion à l’An-
twerp en étant éliminée en
demi-finale de la Croky Cup,
aux tirs au but. Une troisième
défaite de suite qui plonge
l’équipe dans une petite crise,
même si aucun joueur ou
membre du staff ne veut l’ad-
mettre. “C’est logique de parler
de crise quand une équipe en
surperformance est dans une
mauvaise dynamique, analyse
Alex Teklak. Mais il n’y avait
rien de dramatique non plus.
Cela peut paraître spectaculaire
de perdre trois fois de suite
mais, sur l’ensemble de la sai-
son, le nombre de points pris
par l’Union est représentatif de
sa saison. Je n’étais pas inquiet
pour cette équipe, même si on
voyait de plus en plus de signes
de nervosité.”
“Il y avait des problèmes dans
l’organisation, analyse Karel
Geraerts. Nous avons dû trou-
ver des solutions, car nous pre-
nions trop de buts. Il a aussi
fallu trouver les bonnes paroles
et garder tout le monde ensem-
ble. Ce n’est pas parce que nous
avions perdu trois matchs de
suite que le niveau global
n’était pas bon.”
Comme souvent depuis son
retour en D1A, l’Union réussit
à se sortir de cette situation
compliquée grâce à son état
d’esprit. En remportant
d’abord un match piège face à
Eupen trois jours seulement
après l’élimination en Coupe.
“Les joueurs sont suffisamment
matures pour se rendre compte
quand ils sont moins bons, con-
tinue Teklak. Ce ne sont pas des
gamins qu’il faut remettre sur le
droit chemin. C’est la marque de
fabrique de cette équipe. Ils sont
retournés sur le terrain avec un
esprit très revanchard et en se
nourrissant des critiques.”
. Un coup à jouer à Berlin
De quoi attaquer le hui-
tième de finale d’Europa Lea-
gue en confiance. À Berlin,
l’Union a osé jouer son jeu au
contraire du match retour
face aux Glasgow Rangers ou
contre l’Antwerp en Coupe.
“L’Union a directement senti
qu’il y avait un coup à jouer et
elle l’a bien fait. La qualité rela-
tive de Berlin a mis les joueurs
en confiance. Ils ont compris
qu’il était possible de passer, car
la tactique et les qualités indivi-
duelles des Allemands mat-
chaient bien avec leur style de
jeu. Et l’Union a la chance
d’avoir des joueurs imprévisi-
bles capables de marquer aux
bons moments. À Berlin, Boni-
face ne fait pas une bonne pre-
mière demi-heure… puis inscrit
un magnifique but.”
Quelques jours plus tard,
les hommes de Karel Geraerts
confirment leur retour à
l’avant-plan en battant Genk
sur son terrain. Et en redistri-
buant au passage les cartes
pour le titre de champion de
Belgique. “Nous avons montré
que nous faisons partie des fa-
voris pour le titre, commente
Teddy Teuma. Après notre pé-
riode plus compliquée, nous
nous sommes relevés au bon
moment. On savait que tous en-
semble, nous pouvions renver-
ser n’importe quelle situation
même à Genk.”
. Switch mental
Une fois la qualification
pour les quarts de finale ac-
quise, le mot “crise” semblait
bien loin. Encore en course
sur deux tableaux, les Bruxel-
lois vont désormais se recon-
centrer sur le championnat
dès ce dimanche avec un
match face à Malines qui
pourrait officialiser leur qua-
lification en Champions
Playoffs. “Le plus dur dans ces
beaux moments est de retomber
sur terre et d’enchaîner, avance
Teuma. Ce ne sera pas facile
contre Malines, il faut absolu-
ment opérer un switch mental.”
“Je ne pense pas que le dan-
ger de l’euphorie les guette, con-
clut Alex Teklak. Les joueurs
ont faim et la qualification
européenne va leur donner de la
confiance en championnat. Ce
ne sont pas des starlettes qui
vont commencer à se la racon-
ter. J’attends avec impatience les
Champions Playoffs. Le titre va
se jouer entre Genk, l’Antwerp et
l’Union, qui devra essayer de ne
pas perdre trop d’énergie et de
points avec l’Europa League.”
Un mois après la claque re-
çue face au Standard, l’Union
est à nouveau debout. Et peut
continuer à rêver en grand
d’ici la fin de saison, en cham-
pionnat tout comme en Eu-
rope…
“On garde Manchester
et la Juve pour la finale”
L’ Union est décidé-
ment abonnée à
l’Allemagne. Après
avoir tiré en huitiè-
mes de finale l’Union Berlin,
déjà affrontée en phase de
groupes, les Bruxellois af-
fronteront le Bayer Leverku-
sen en quarts de finale de
l’Europa League. De quoi
créer une petite déception
dans le groupe sachant que
la Juventus ou Manchester
United et Seville étaient
d’autres adversaires proba-
bles ? “Le plus grand danger
est de se dire qu’on peut passer
facilement car Leverkusen est
moins bien classé que Berlin en
Bundesliga, avance Karel Ge-
raerts, le T1 unioniste. Mais ce
ne sera pas le cas, le Bayer est
un grand club de tradition en
Allemagne. Il n’y a de toute fa-
çon que des grands clubs en
quarts de finale. Ce sera du
50-50, je ne suis vraiment pas
déçu.”
Malgré son actuelle neu-
vième place en champion-
nat, le Bayer Leverkusen
reste un gros morceau
même si le club a connu une
première partie de saison
compliquée. Versés dans le
même groupe de Ligue des
Champions que Bruges, les
Allemands ont fini in extre-
mis à la troisième place de-
vant l’Atletico Madrid, leur
permettant de passer l’hiver
au chaud. En barrages de
. Leverkusen s’est qualifié en éliminant les Hongrois de Ferencvaros au tour précédent. © AFP
l’Europa League, le Bayer a
éliminé Monaco aux tirs au
but. En huitièmes de finale,
Leverkusen a connu moins
de difficultés en écartant les
Hongrois de Ferencvaros (2-0
puis 0-2).
. Une star
sur le banc de touche
Le changement d’entraî-
neur réalisé en octobre der-
nier a certainement donné
un second souffle à cette
équipe. D’autant que le nou-
veau T1 n’est pas n’importe
qui puisqu’il s’agit de Xabi
Alonso qui vit sa première
réelle expérience en tant que
coach principal. L’ex-milieu
défensif passé par Liverpool,
le Real Madrid et le Bayern
Munich a gagné la Ligue des
champions, l’Euro et la
Coupe du monde en tant que
joueur. À la fin de sa carrière,
il a entraîné les jeunes du
Real avant de prendre en
mains l’équipe B de la Real
Sociedad. Arrivé en Allema-
gne pour remettre le Bayer
sur les bons rails, l’Espagnol
a un bilan de 12 victoires, 4
matchs nuls et 7 défaites en
23 rencontres.
“Nous gardons le match con-
tre Manchester ou la Juventus
pour la finale”, souriait Phi-
lippe Bormans, le CEO du
club, à l’issue du tirage.
“L’équipe peut rêver de quel-
que chose mais nous restons
les underdogs. Il faudra se
transcender et garder les pieds
sur terre.”
Sur le terrain, un nom re-
tient l’attention du côté alle-
mand : Florian Wirtz. Sa rup-
ture des ligaments croisés en
mars 2022 a coïncidé avec le
début de la moins bonne
passe du Bayer Leverkusen.
Resté sur la touche durant
toute la première partie de
saison, le joueur de 19 ans a
fait son retour au début de
l’année 2023 avec depuis lors
un bilan de 2 buts et 6 assists
en 12 rencontres. Vu comme
l’une des grandes pépites du
football allemand, Wirtz a
déjà participé à quatre ren-
contres avec la Mannschaft
en s’offrant au passage deux
assists. Le milieu de terrain
offensif, qui peut aussi jouer
comme ailier droit, a la plus
grosse valeur marchande du
noyau de Leverkusen, qui
compte aussi Diaby (ex-PSG)
et Hudson-Odoi (prêté par
Chelsea), avec une valeur es-
timée à 70 millions d’euros.