VINCENT MILLER
Christian Burgess, le patron de la défense saint-gilloise, a remobilisé les troupes durant la semaine.Belga
Le moment est historique pour l’Union qui espère atteindre la finale de la Coupe de Belgique pour la première fois depuis 1914. Il faudra retrouver la sérénité affichée lors de l’aller (1-0) contre l’Antwerp. next
L’indécision est totale à quelques heures du coup d’envoi de cette demi-finale retour. Car si les Unionistes partiront avec un léger avantage (ils l’avaient emporté 1-0 au match aller), ils ne respirent plus la même forme qu’il y a un mois. Les hommes de Karel Geraerts restent en effet sur trois matches d’affilée sans victoire, dont deux sévères défaites face au Standard (2-4) et à Westerlo (4-2). Pour autant, ils n’ont pas perdu leur motivation. Loin de là même. Car ils savent qu’ils ont l’occasion d’écrire l’histoire de leur club, le matricule 10 patientant depuis … 109 ans pour vivre une finale de Coupe de Belgique. Une éternité !
Conscients de l’enjeu, les cadres de l’équipe, à l’instar de Christian Burgess, ont d’ailleurs sonné la révolte cette semaine. « Il est temps pour les gars plus expérimentés comme moi de faire en sorte qu’on réagisse après les deux défaites », a lancé le défenseur anglais, fin prêt à partir au combat.
Les Saint-Gillois le savent. S’ils ne resserrent pas les rangs derrière, ils n’auront aucune chance de se rendre au stade Roi Baudouin et d’y retrouver Malines le 30 avril prochain, date de la finale. Car ils viennent de prendre huit buts en deux matches, encaissant dès lors un quart de leurs goals en championnat cette saison lors des 180 dernières minutes. «
La seule chose que je puisse dire, c’est que c’est le foot
», réagit le patron de la défense, Christian Burgess. «
Ce genre de choses arrive. C’est le résultat d’une combinaison de facteurs. On a commis trop d’erreurs individuelles et on a été moins bien organisé que d’habitude. Et pour leur part, nos adversaires ont parfaitement exploité leurs occasions. Ce qui fait que nous avons dû courir après le score. Nous voulons dès lors réagir. Et ce, pour nous, mais également pour le staff, nos fans ou nos familles.
»
D’autant que les Unionistes connaissent la force de frappe offensive des Anversois. Et de Vincent Janssen plus particulièrement, auteur de seize buts toutes compétitions confondues depuis le début de la saison. «
C’est évidemment un excellent joueur qui est passé par Tottenham en Premier League. Il a des bons mouvements et est bien positionné. Contre lui, vous devez regarder derrière votre épaule toutes les cinq secondes car vous ne savez jamais où il est. Il vous surprend souvent dans votre dos. Et ce qui ne gâte rien, il sait aussi très bien conserver le ballon. C’est vraiment un des grands dangers du côté de l’Antwerp. Espérons qu’on puisse le tenir tranquille.
»
Comment l’Union va-t-elle aborder cette rencontre
? Forte d’un avantage d’un but (marqué par Bart Nieuwkoop à six minutes du terme), elle se retrouve quelque peu assise entre deux chaises. Devra-t-elle défendre sa courte avance
? Ou bien aller de l’avant et tenter de rembourrer son léger matelas de sécurité
? «
La première manche était très tactique, très stratégique
», se rappelle Christian Burgess. «
Et je pense que la deuxième sera similaire. L’Antwerp devra probablement sortir plus tôt dans le match et prendre plus de risques. Pour notre part, nous devrons être bien organisés et rester ensemble, quoi qu’il puisse se passer. Il va falloir garder la tête froide dans les moments plus compliqués, surtout dans cette grosse ambiance. Nous avons une stratégie, que je ne dévoilerai pas évidemment. Nous savons juste que nous avons une petite avance mais que nous ne pourrons pas non plus nous reposer dessus. Il va falloir trouver le juste équilibre.
»
Et ce, afin de rejouer le même mauvais tour à des Anversois qui s’étaient montrés très critiques envers l’arbitrage il y a un mois… ainsi qu’envers les installations de l’Union. Toby Alderweireld et Vincent Janssen avaient notamment déploré la vétusté des vestiaires du stade Marien. «
Mais c’est vrai que les vestiaires sont terribles
!
», sourit Christian Burgess. «
Je ne trouve pas que ce fut un manque de respect de leur part. C’est juste un état de fait. Ces joueurs ont évolué en Premier League où les standards étaient naturellement plus élevés. Cela montre juste à quel point l’Union vient de loin et a grandi vite ces quatre ou cinq dernières années. Certaines choses suivent moins vite que le sportif. Personnellement, je pense plutôt qu’on peut prendre ces critiques pour des compliments.
»
Ils sont peu à l’Union à avoir déjà remporté une Coupe dans leur carrière. Parmi les quelques chanceux qui peuvent en placer une dans leur vitrine à trophées, il y a Christian Burgess qui avait remporté l’EFL Trophy (une compétition regroupant les clubs de League One et League Two, soit de D3 et D4 anglaise) en 2019 lorsqu’il évoluait à Portsmouth. «
Je me rappelle qu’on avait gagné en finale face à Sunderland devant 85.000 spectateurs à Wembley. C’était un des plus grands moments de ma carrière. Mais cela ne vaudrait pas une Coupe de Belgique remportée avec l’Union.
»
Christian Burgess a donc l’expérience des grands moments. «
Ce que je peux dire, c’est qu’il faut rester calme. Je me rappelle lors de cette finale que nous étions menés 1-0 à la mi-temps. Nous avions beaucoup discuté dans le vestiaire pour savoir quel plan nous allions appliquer en seconde période. Et nous l’avons parfaitement exécuté.
»
Portsmouth allait revenir à 1-1 au terme du temps réglementaire. Tandis que le score au bout de 120 minutes allait passer à 2-2, forçant les deux équipes à se départager lors de la séance des tirs au but. «
Je n’avais pas shooté parce que j’étais le neuvième tireur désigné
», se rappelle-t-il. «
Si je prendrais mes responsabilités avec l’Union ce jeudi soir
? Si l’équipe a besoin de moi, oui. Nous nous sommes exercé aux penalties durant la semaine et j’ai marqué les deux que j’ai tirés (sourire). Nous avons regardé des statistiques qui pourraient nous aider si cela arrivait. Mais cela reste très difficile à entraîner. Car tu n’es pas dans l’atmosphère du stade, tu n’as pas à devoir contrôler tes émotions.
»
Belgaprev
Ne parlez certainement pas de crise à Karel Geraerts. Et ce, bien que l’Union reste sur un bilan d’un point sur neuf en championnat. «
La crise
? C’est pour vous les médias ou pour d’autres personnes. Nous, à aucun moment au club on n’a ressenti cela. On est quand même deuxième du championnat, en demi-finale de la Coupe et en 8
es
de finale de l’Europa League
! Pour parler de crise, il faut attendre encore quelques semaines
», sourit le coach saint-gillois qui revient tout de même sur les deux dernières lourdes défaites de son équipe. «
Contre le Standard, on a fait quelques erreurs individuelles. Contre Westerlo, on n’était pas bien organisé en première période. Mais lorsqu’on est revenu au score, tout le monde dans le stade était convaincu qu’on allait gagner. Malheureusement, une faute nous a coûté le match. Mais le plus important était de voir une équipe se battre. On a donc vu qu’on n’était certainement pas mort.
»
C’est dès lors avec une grande ambition, et pleinement reboostés, que les Saint-Gillois se déplaceront au Bosuil. «
On joue pour une place en finale. Si les joueurs ne se battent pas pour cela, je ne comprendrais vraiment pas.
»
Car ils peuvent marquer encore un peu plus l’histoire de l’Union. «
Mais on n’est pas trop occupé avec cette histoire. Nous, on veut écrire la nôtre. On sait en tout cas qu’on a besoin d’un bon résultat pour se qualifier. Et qu’une grande tâche nous attend.
»