Youssouf Niakaté a été transféré à Al-Wahda Mekka
durant l’été 2019. Il ne regrette pas son choix.
Il y a des choix de cœur et ceux de
raison. Ce départ de Bruxelles
pour l’Arabie saoudite, Youssouf
Niakaté n’y aurait pas cru avant
de poser ses valises à Mekka, la ville de
La Mecque mondialement connue
pour les pèlerinages des personnes de
confession musulmane. Mais le Franco-Malien a réfléchi et a décidé de relever ce pari avant tout pour ses proches.
Ceux qui ont tant galéré pour lui donner une vie paisible. Entretien avec
l’ex-homme fort du matricule 10.
Youssouf, comment cela se passe
pour vous ?
“C’est top, vraiment. Et je n’y aurais
jamais cru en débarquant ici. J’avais une
image erronée de ce pays et de ses pratiques. Maintenant que j’y suis, je peux
vraiment juger. Je suis agréablement
surpris.”
Et sportivement parlant, ça donne quoi ?
“Je suis désormais de retour sur les
terrains après quelques pépins physiques. J’ai d’abord eu des soucis liés au
tendon d’Achille suite à la saison dernière mais je jouais avec des infiltrations. J’ai eu le revers de la médaille.
C’est désormais derrière moi. Mais je me
suis luxé l’épaule dernièrement. Je n’ai
donc pas pu jouer toutes les rencontres
et je suis à 4 buts en 10 matchs. L’année
dernière, j’étais à 16 buts et 5 assists en
29 matchs. Je voulais montrer que je
pouvais confirmer sur une bonne saison
après celle de l’Union. C’est fait.”
Beaucoup de gens ont pointé du doigt
ce challenge, estimant que c’était plus
pour l’argent qu’autre chose…
“Ces gens-là n’ont pas forcément connu
ce que j’ai vécu. Évidemment que c’est un
choix financier avant tout. Je suis content
de l’avoir fait. Je ne regrette rien car je vais
pouvoir chérir ceux qui m’ont tout donné
depuis que je suis petit. Par rapport à la
situation, c’est un lieu hautement symbolique pour moi. Je suis musulman et être à
deux pas de La Mecque, c’est quelque
chose de fort pour moi. C’est le premier
endroit où je suis allé en arrivant ici.”
Pourquoi ne pas avoir choisi un club
de D1A, après cette saison canon avec
l’Union ?
“Comment aurais-je fait sans les
offres ? Aucun club de D1A ne s’est manifesté. C’était aussi ce que je voulais
privilégier de base…”
Même pas après votre triplé au Lotto Park
en Coupe ?
“Rien du tout. Je pouvais rester au club
et avoir une augmentation salariale ou
partir pour Al-Wahda et mettre ma
famille à l’abri pour plusieurs années. Le
choix était vite fait.”
Quel était votre meilleur souvenir
en Jaune et Bleu ?
“Mon passage à l’Union constitue,
pour l’instant, mes meilleurs souvenirs
en pro. Je repense assurément à ce triplé
à Anderlecht en Coupe. Je ne me rendais
pas compte de l’exploit, en fait, car je
faisais mon job de footballeur. Je n’ai
même pas compris que le public des
Mauves m’avait applaudi à la sortie.
C’est après, en revoyant les images et
aux interviews, que j’ai compris l’ampleur de la chose. Le dernier à avoir
connu ça avant moi était un certain
Zlatan Ibrahimovic (rires).”
Suivez-vous encore l’Union de chez vous ?
(Il énumère tous les résultats et
parle comme s’il était encore en Belgique) “Bien sûr ! Je garde de très bons
contacts avec Teddy Teuma aussi. Il me
dit que le groupe est top, que l’entraîneur est génial. Tout roule pour les
Unionistes. Je pense que c’est la bonne
pour l’Union et j’espère que le club va
monter car il le mérite. Je continuerai à
suivre ça de près.”
Mazzù fait du très bon boulot. Mais vous
avez connu Luka Elsner, c’était pas mal
non plus…
“Elsner est le meilleur coach que j’ai
côtoyé dans ma carrière. Il m’a apporté
tellement de choses. J’ai appris à jouer en
9 car de base j’étais un joueur de flanc.
Avec le recul, j’ai toujours été une pointe
dans l’âme mais c’est lui qui a fait en
sorte que cela se réalise. C’est grâce à lui
si je peux marquer tant de buts. Je préfère ça aux assists (rires).”
Si le club monte, vous pourriez tenir votre
challenge dans l’élite belge !
(Il rit) “Honnêtement, je ne pense pas
à un retour en Europe actuellement. Je
préfère aller au bout de mon contrat
(NdlR : juin 2022). Tout se passe bien !
Contrairement à ce que les gens peuvent
penser, il y a un bon niveau dans ce
championnat. Tous les clubs ont droit à
sept étrangers (souvent des Brésiliens).
C’est parfois tactiquement que cela
coince. Les infrastructures sont géniales,
on vit bien, on nous laisse plus tranquilles. Ma femme et moi sommes heureux.
Un retour à l’Union ? Pourquoi pas mais
pas dans un avenir proche…”
Quels sont vos futurs projets ?
“Retrouver toutes mes sensations,
continuer à scorer et guider l’équipe. Je
sens que j’ai plus un rôle de leader à
tenir et j’aime ça. J’espère continuer à
marquer les esprits et pourquoi pas
décrocher une sélection avec le Mali. Ce
serait une consécration pour ma famille
et moi…”
Interview > Sébastien Ferrante
Le noyau : Pirard, Herbots, Moris, Bager, Burgess, François, Jordanov, Van der Heyden, Kandouss, Nielsen, Mehlem, Teuma, Fixelles, Lynen, Undav, Vanzeir, Labeau,
Bah, Sigurdarson, Lapoussin.