VINCENT JOSÉPHY
Servi par Nieuwkoop, Boniface ne tremble pas pour marquer son deuxième but de la soirée sur le terrain de l’Union Berlin.Reuters.
Ayant mené à trois reprises en transformant en buts les trois seules occasions qu’elle s’est créées, l’Union Saint-Gilloise a dû concéder le partage à la 89 e minute (3-3) à Berlin. Le retour, prévu jeudi à Anderlecht, vaudra le détour. next
De retour dans cette petite mais chaleureuse enceinte d’An der Alten Försterei six mois et un jour après ses débuts européens tonitruants en Europa League (victoire 0-1), l’Union saint-gilloise a de nouveau écrit en lettres d’or une page remarquable de son histoire récente, jeudi à Berlin. Bien qu’ayant arraché un partage spectaculaire (3-3), riche en buts (6) et en rebondissements pour lequel ils auraient signé des deux mains, ses joueurs étaient toutefois partagés entre fierté et déception légitimes au moment d’envisager leur retour au pays pour préparer un déplacement plus court mais tout aussi délicat, dimanche, à Genk. « Quand tu marques à trois reprises à l’extérieur et que tu ne gagnes pas, certainement en prenant un dernier but aussi tardif, c’est assez frustrant », reconnaissait Karel Geraerts après coup. « Malgré tout, le score est correct et on a prouvé qu’on pouvait bousculer cette équipe issue d’un championnat européen du top. C’est pour vivre ce genre de soirées magiques qu’on devient coach, que les joueurs se battent chaque semaine. Si on fait un gros match jeudi prochain, les chances des deux équipes sont de 50-50. »
Ayant mené à trois reprises sur la pelouse de piètre qualité de l’Union Berlin, en ayant transformé en buts leurs trois seules réelles occasions de but, les protégés de Karel Geraerts ont en tout cas fait preuve d’un cynisme et d’un réalisme qu’on ne leur connaissait plus trop ces dernières semaines. Ce qui est d’autant plus remarquable qu’ils étaient privés des services de leur capitaine Teuma, insuffisamment remis d’une blessure musculaire, et que l’Union Berlin, troisième de Bundesliga derrière le Bayern et Dortmund, n’avait jamais encaissé plus de deux buts à domicile cette saison !
Une pression énorme
des Allemands
Bousculés, asphyxiés au niveau du pressing et à la réception des deuxièmes ballons, les Saint-Gillois ont d’abord pu compter sur un Moris attentif pour limiter la casse. Auteur de deux arrêts d’exception sur une demi-volée de Becker puis une tête de Behrens, le portier luxembourgeois a insufflé un surplus de motivation à ses défenseurs-guerriers, Burgess et Kandouss en tête. Au lieu de paniquer, les Unionistes – belges – ont au contraire manœuvré avec beaucoup d’intelligence et de métier pour laisser passer l’orage. Dans un contexte difficile, avec une neige fondante qui altérait le champ de vision des acteurs et la fluidité de leurs passes courtes, ils ont subi une pression de tous les diables mais ont fait preuve de courage et d’efficacité d’abord défensive, puis offensive, en profitant pleinement des rares espaces laissés en contre pour se porter au commandement juste avant la demi-heure de jeu.
Déjà auteur de huit buts cette saison en Coupe d’Europe (en tenant compte des buts qu’il avait marqués en tour préliminaire avec Bodo-Glimt !), Boniface montra à nouveau la voie à ses partenaires à la suite d’une belle frappe déviée par un défenseur local suite à un gros travail préparatoire de Vertessen. Rejointe au score juste avant la pause via un coup-franc de Juranovic sur lequel le mur visiteur se montra un peu trop poreux, l’Union reprit les devants à la suite d’un contre rondement mené par le duo Lapoussin-Vertessen avant de devoir rapidement déchanter par la faute d’un penalty provoqué malencontreusement par l’excellent Burgess et transformé en deux temps par Knoche. Mais cette Union-là, déterminée et dure au mal comme jamais, parvint encore à connaître la joie d’un nouveau but sur un nouveau contre ponctué par Boniface à un quart d’heure du terme puis la désolation extrême d’une 3 e et dernière égalisation tombée un peu de nulle part à la 89 e minute, des pieds de Michel. Le match retour, prévu jeudi prochain sur la pelouse d’Anderlecht, vaudra en tout cas le détour.
Anthony Moris :« De la frustration car on avait tout en main pour gagner »
VINCENT MILLER
Dégoûté en fin de match, Moris est toutefois fier de son équipe.News
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C’est un mélange de sentiments qui envahissaient les joueurs saint-gillois au terme de la rencontre. « Il y avant tout de la fierté d’avoir pu proposer cette prestation aujourd’hui, au niveau du défi physique, de l’organisation ou encore de la reconversion. Autant de caractéristiques qui font partie de notre jeu. Mais il y a aussi de la frustration car on avait tout en main pour gagner. Toutefois, il ne faut pas oublier qu’on jouait contre une très bonne équipe, troisième en Bundesliga », reconnaissait Anthony Moris, le portier saint-gillois auteur de plusieurs parades de grande classe, mais qui s’est aussi retourné à trois reprises. « Cela fait partie du jeu. Sur le premier but, le coup franc passe à travers le mur. Sur le second, je repousse le penalty dans les pieds de l’attaquant. Et sur le troisième, le ballon est dévié. »
Les Unionistes, eux, auront fait preuve d’une insolente efficacité en contre-attaque, marquant sur trois de leurs quatre tirs cadrés. « Je me suis régalé depuis mon but. Même si c’était loin, j’ai tout vu car j’avais mis mes lentilles », sourit encore le gardien. « Plus sérieusement, c’était le plan, de repartir vite car on savait qu’ils n’étaient pas les plus rapides derrière, et qu’avec la vitesse de Boniface et Vertessen, il était possible de faire quelque chose. »
L’Union, qui sortait d’une période plus compliquée, n’a donc pas joué petit bras à Berlin, se portant vers l’avant dès que l’occasion se présentait à elle. « C’était caractéristique du football belge ces dernières années, que des équipes arrivent à ce stade de la compétition et aient un peu peur, pensent à défendre. Mais il faut toujours y croire à 100 %. Nos histoires individuelles nous rappellent de plus que tout est possible dans le foot. Qui aurait cru il y a quelques années, sachant d’où on vient, qu’on se retrouverait ici aujourd’hui? »
Quant à savoir qui partira favori jeudi prochain lors du retour au Lotto Park ? « On a toujours autant de chances que Berlin. Car malheureusement, les buts à l’extérieur ne comptent plus double. J’espère en tout cas qu’il y aura la même intensité et autant de spectacle. »
« Il y avait un peu de colère »
V.M.
Nieuwkoop à l’assist.Reuters
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Dans le chef de Nieuwkoop, l’auteur d’une folle chevauchée sur son flanc droit à la 72 e minute, ponctuée par un véritable caviar à Boniface, les sentiments étaient également ambivalents au moment de livrer son analyse du match. « Il y a de la déception. Et même un peu de colère. Mais à un moment donné, l’émotion retombe. Et on se rend compte que c’est un bon résultat, je ressors donc de cette rencontre avec des sentiments mitigés. »
Le Saint-Gillois était surtout conscient d’avoir tenu la dragée très haute à une équipe du top en Allemagne. Et ce, dans des conditions peu évidentes. « Nous sommes parvenus à forger un résultat contre un adversaire très compliqué à manier, et dans un environnement difficile, en déplacement », confirme l’infatigable ailier néerlandais. « Nous avons bien contré leur plan de bataille. Nous devrons désormais faire preuve de la même intensité lors du match retour. Et alors peut-être pourrons-nous les battre. »