Thierry Dailly ne souhaite pas vendre
le RWDM, mais veut s’entourer tout
en conservant la présidence.
La saison du RWDM
n’est pas encore terminée mais depuis la
semaine dernière, son
maintien est assuré. Alors que
l’obtention de la licence est
en bonne voie, c’est l’occasion
de faire le bilan de cette saison en compagnie de Thierry
Dailly, d’évoquer cette année
rythmée par le Covid mais
aussi l’avenir du RWDM et
l’arrivée de potentiels investisseurs dans un avenir plus
ou moins proche.
Thierry Dailly, sportivement,
peut-on parler de saison réussie
pour le RWDM ?
“Si on parle uniquement des
objectifs, nous sommes évidemment heureux. Si on nous avait
dit que nous aurions 12 points
d’avance sur la place de relégable à la trêve, nous aurions
signé des deux mains. Notre
plus grande fierté, c’est d’avoir
été chercher ce maintien sur le
terrain. Nous pourrions être
mieux classés mais je suis ravi
d’avoir vécu une saison sans
stress sur le plan sportif.”
Cela fait un an que notre quotidien rime avec Covid. Comment
avez-vous traversé cette année ?
“C’est une année au cours de
laquelle on s’est posé énormément de questions, et on s’en
pose toujours. Je ne dois pas
être le seul président de club à
ne pas dormir. C’est la pire
année que j’ai vécue. Cette
année a été celle des remises en
question quotidiennes, des
incertitudes, financières mais
aussi au niveau de la santé
avec ces tests Covid tous les
trois jours. On redoute à chaque fois la sentence qui nous
privera de tel ou tel joueur. Je
me souviens encore de ce mois
d’octobre où je me suis retrouvé
seul au stade pendant trois semaines parce que le Covid
avait pris le contrôle du club.
Ce sentiment d’impuissance, il
a été très difficile à accepter.”
Le club a-t-il été en péril durant
cette année ?
“Ma force de caractère fait
que je n’aurais jamais lâché
mais oui, le club aurait pu se
retrouver en difficulté. Tout
simplement parce que plus
aucune recette ne rentrait et
que nous étions à 120 % de frais.
Le manque à gagner, je le
chiffre à 500 000 euros, soit le
quart de mon budget. C’est
énorme. Heureusement, depuis
que nous avons relancé le
RWDM, je suis très à cheval sur
les chiffres, sur la stabilité
financière du club et même
lorsque nous sommes montés
en D1B, nous n’avons fait
aucune folie financière. Il n’y a
aucune émotion dans ma
gestion, seule la raison compte,
ce qui fait que le bateau ne
s’est jamais retrouvé en position de couler.”
Vous pourriez traverser
une deuxième saison comme
celle-ci ?
“Je ne veux pas revivre une
saison comme celle qu’on vient
de vivre. C’est tout simplement
impossible de recommencer
une saison dans les mêmes
conditions. Mentalement, nous
sommes vidés. Et puis j’en ai
marre de voir ces matchs sans
public au cours desquels on
s’ennuie, on s’énerve et où on
ne voit que du négatif.
Aujourd’hui, je n’ai plus de
plaisir à aller voir des matchs
sans nos supporters, sans
saveur. En six ans, je n’ai raté
aucune rencontre officielle de
mon équipe mais cette saison,
j’ai parfois dû me motiver pour
y aller. Pour la première fois de
ma vie, je n’ai qu’une hâte, c’est
que la saison se termine.”
Il faut être passionné pour être
un président aujourd’hui ?
“C’est plus que de la passion.
C’est de l’amour pour mon club.
Une passion que je partage
avec tous les membres du club,
désireux de construire l’avenir
du RWDM. Des personnes qui
ne comptent pas leurs heures
pour permettre au club de vivre
et de grandir.”
Cette passion sera-t-elle suffisante pour franchir la dernière
étape et emmener le RWDM en
D1A ? Ou cela passera-t-il par
l’arrivée d’investisseurs ?
“Je l’ai toujours dit ; je ne
m’en suis jamais caché. Dans
mon business plan, le but était
de rejoindre le football professionnel et ensuite d’ouvrir mon
actionnariat. Ce but est toujours là, mais cela ne se fera
pas avec n’importe qui. Je ne
cache pas que je cherche des
partenaires financiers pour
nous aider à franchir un nouveau cap mais contrairement à
d’autres clubs passés par là, je
ne suis pas dans l’obligation de
vendre. Mon club est sain. Je
sais toutefois que pour grandir,
il faut investir. C’est pour ça
que je cherche des partenaires
financiers qui nous permettront
de nous tourner vers l’étape
suivante. Un club comme le
RWDM doit être en D1, il ne faut
pas stagner en D1B.”
Vous avez déjà rencontré
d’éventuels investisseurs ?
“Ça fait plus de deux ans que
je suis occupé. Même lorsque
nous étions en D1 amateurs, il y
avait déjà de l’intérêt de la part
d’investisseurs. Mais pour nous
rejoindre, ils doivent partager
les valeurs et la passion d’un
club comme le RWDM. Si un
investisseur arrive au club, il
est important qu’il conserve son
identité bruxelloise. Quoi qu’il
arrive, tant que j’en serai capable, je resterai le président du
RWDM. Pas question de voir un
investisseur débarquer à Molenbeek pour tout chambouler
comme on a pu le voir dans
d’autres clubs. Je ne suis pas là
pour vendre le club, je suis à la
recherche de partenaires financiers qui nous permettront de
conserver cette continuité.”
“Avec le Covid, c’est
compliqué de se projeter”
Dans le contexte actuel, difficile de fixer
des ambitions pour la prochaine saison.
Après une première saison en D1B au cours de
laquelle le RWDM a construit
les bases pour les années à venir, peut-on s’attendre à plus
d’ambitions au cours de la
prochaine saison ? Voilà bien
une question à laquelle
Thierry Dailly ne peut pas répondre pour l’instant, la faute
au Covid. “Des ambitions, j’en
aurai toujours, mais tout dépendra si ce sera avec ou sans
Covid. Je veux faire progresser le
club mais avec le Covid, on ne
sait vraiment pas vers où on va ;
nous n’avons aucune perspective stable pour les mois à venir.
On ne sait pas quand le public
pourra revenir au stade, comment on doit organiser notre
campagne d’abonnements alors
que nous sortons d’une saison
où le manque à gagner a été
très important. Même si nous
devrions maintenir l’équilibre
budgétaire grâce au soutien de
nos sponsors, face à cette situation financière qui se situe à la
limite, il est impossible pour
moi de me projeter aujourd’hui
sur nos ambitions pour la prochaine saison. C’est compliqué
de se projeter car on ne sait pas
quand on va sortir de cette situation.”
Des départs seront toutefois annoncés dans les prochains jours, mais le but de la
direction sera de ne pas trop
chambouler l’effectif. “Ceux
qui devront partir partiront ;
nous avons été très transparents avec eux à ce sujet. Mais
notre première mission sera de
tout faire pour conserver l’ossature du noyau actuel.”
Reste à savoir si le club aura
les reins assez solides pour attirer des joueurs capables de
faire passer un cap à cet effectif. “Je ne ferai bien sûr pas de
folie mais si un bon joueur est
accessible, qu’il correspond aux
valeurs du club, je le ferai signer
le plus rapidement possible.”
“Nous n’avions pas l’équipe pour la deuxième place”
En début de saison, les observateurs indiquaient que le maintien se jouerait entre le
RWDM et le Lierse. Mais très vite, les Molenbeekois ont prouvé qu’ils avaient des armes pour jouer un rôle bien plus en vue. “Il a
fallu construire une équipe en l’espace d’un
mois et demi mais j’ai vite compris au travers des matchs amicaux qu’il y avait de la
musique dans cette équipe. Notre naïveté
de la première défaite au Lierse a rapidement été corrigée et notre victoire lors de
notre premier derby contre l’Union a été le
déclic. Nous avons été la première équipe à
les battre et ce jour-là, nous avons pris
conscience de notre potentiel.”
Il y a toutefois quelques regrets dans les paroles du président du RWDM. “Je reste un
peu sur ma faim car nous aurions pu aller
chercher plus, assure-t-il. Nous avons eu de
bonnes périodes, nous avons joué à merveille notre rôle d’outsider en battant les
meilleures équipes de la série comme
l’Union, Seraing ou encore Westerlo. Mais
j’ai quelques regrets par rapport à certains
matchs où nous avons perdu des points qui
nous auraient permis de terminer plus haut.
Par contre, je sais aussi que nous n’avions
pas l’équipe pour aller chercher la
deuxième place.”
Quel visage
pour la D1B
en 2021-2022 ?
Le RWDM, s’il obtient sa
licence, ce qui semble être
en bonne voie, sera en
D1B la saison prochaine.
Un championnat dont on
ne connaît pas encore le
visage, la faute à un désaccord sur le nombre
d’équipes U23 à y intégrer. “Le projet mis sur la
table, c’est la plus grosse
bêtise que je n’ai jamais
vue. Quelle est la plus-value pour les jeunes, et les
équipes déjà présentes,
d’intégrer huit équipes
U23 à la D1B ? On se serait retrouvé avec un
championnat à deux vitesses mais aussi face à
des pertes liées aux droits
télévisés car je ne suis
pas sûr qu’Eleven était
prêt à retransmettre des
matchs de jeunes. Et pour
les clubs aussi, cela aurait
eu un impact. Malgré tout
le respect que j’ai pour
ces jeunes, je ne suis pas
certain que les supporters
se déplacent pour assister à des matchs face à
des U23. Si ce projet était
passé, c’était la mort de la
D1B. Je ne suis pas contre l’idée mais ça doit rester une plus-value pour la
D1B.”