Bourgmestre de Saint-
Gilles, Charles Pic-
qué est aussi une
personnalité impor-
tante dans l’histoire de
l’Union.
Celui qui a découvert le
stade Marien quand il était
gamin grâce à son grand-père
porte les couleurs jaune et
bleu dans son cœur depuis
des décennies. Et alors que
l’Union est sur le point de re-
joindre la D1A, 48 ans après sa
dernière apparition au sein
de l’élite du football belge,
nous sommes allés à la ren-
contre de celui qui fut aussi
président du club, de 1993 à
2000, et qui en est
aujourd’hui l’un des deux
présidents d’honneur.
Au moment d’évoquer le ti-
tre et la montée en D1A qui se
profilent, Charles Picqué a
une pensée pour tous ceux
qui ne sont plus là et qui lui
ont confié tant de fois cette
phrase pleine de sens : “Est-ce
que nous reverrons l’Union re-
monter un jour en division 1 ?”
Et l’ancien président d’ajou-
ter: “Que ce soit ce week-end ou
le prochain, c’est bien dommage
que nous ne puissions pas fêter
la montée de l’Union avec ceux
qui ne sont plus là. Je vois défi-
ler dans ma tête les visages de
tous ces gens, responsables, ad-
ministrateurs, présidents mais
aussi bénévoles et supporters
qui me glissaient souvent cette
fameuse phrase … Des suppor-
ters, des fidèles, qui ont traversé
tous ces moments difficiles mais
qui ont toujours conservé cet
amour pour leurs couleurs.”
. “Supporter l’Union,
une aventure humaine
incroyable”
Être fan de l’Union saint-
gilloise, c’est être supporter
d’un passé glorieux que tous
espèrent retrouver. C’est aussi
être passionné par ce monde
du ballon rond qui rassemble
les gens chaque week-end
derrière leur équipe. “Certains
vous diront que le football, c’est
quand même très secondaire,
accessoire, par rapport aux
problèmes et enjeux de société.
Je veux bien l’entendre mais il
faut savoir que le fait de sup-
porter, d’aimer un club, c’est
aussi une aventure humaine.
Aujourd’hui, c’est l’euphorie
mais il ne faut jamais oublier
ceux qui sont restés fidèles.”
Ces fidèles, ce sont ceux
qui étaient là quand le club
était au plus mal, que ce soit
sportivement ou financière-
ment. “On s’est soudé dans le
plaisir de gagner mais aussi
dans la tristesse d’avoir perdu.
Cela crée une série de liens qui
n’ont rien à voir avec les idées
politiques ou philosophiques.
Juste des gens qui vivent une
aventure humaine autour
d’une passion commune. Une
aventure humaine qui peut pa-
raître dérisoire pour certains
mais ce n’est pas ça. Le football
et ce genre d’adhésion et
d’amour à un club, si cela ne
conduit pas à des actes violents
et des comportements débiles,
c’est une aventure humaine in-
croyable. Le football est un
monde qui a ses défauts mais
ce qui n’a pas de défauts à mes
yeux, c’est le plaisir de vivre des
émotions qui nous ramènent
parfois à des plaisirs d’enfants.
Et ce titre qui se profile, c’est le
plaisir simple et populaire de
beaucoup de gens, une récom-
pense pour cette fidélité et cet
amour portés à ces couleurs.”
. 48 années d’attente
Ce sera aussi la fin d’une at-
tente interminable. “48 ans,
c’est une éternité pour tous ces
supporters qui ont connu
l’Union en D1. Beaucoup de vi-
sages qui défilent devant nous,
tant de souvenirs joyeux, et
moins joyeux, mais toujours
cette âme propre au club. Et
même si le club se profession-
nalise aujourd’hui, cette âme et
ce plaisir d’être supporter de
l’Union doivent persister.”
Le ballon de l’Union 60 trône dans son bureau
Charles Picqué a conservé reliques et
archives de l’Union à la maison communale.
D ans le bureau de Char-
les Picqué, à la maison
communale de Saint-Gilles,
l’Union Saint-Gilloise est
bien présente. Que ce soit
dans les armoires ou dans les
vitrines.
Mais s’il y a bien une reli-
que dont le bourgmestre est
très fier, c’est celle qui trône
en évidence dans son bu-
reau : un ballon, datant des
années 1930, celui de la fa-
meuse série de 60 victoires
consécutives enregistrée par
l’Union, de 1933 à 1935. “On ne
sait juste pas s’il s’agit du bal-
lon de la 60e
victoire, ou celui
de la défaite qui a suivi face au
Daring. J’ose espérer qu’il s’agit
de celui de la dernière victoire”,
sourit Charles Picqué en te-
nant fièrement le ballon en-
châssé entre ses mains.
Un “cuir” qui a récemment
fait le grand bonheur d’un
supporter de l’Union Saint-
Gilloise. “Il y a quelques mois,
j’ai marié un couple dont le fu-
tur époux est un grand suppor-
ter de l’Union. Sachant cela,
après les consentements, je lui
dis : ‘une surprise vous attend,
monsieur.’ Je demande alors
aux deux huissiers de nous ap-
porter la relique, qu’ils dépo-
sent sur le bureau. Je confie
alors au jeune marié qu’il
s’agit du dernier ballon des 60
victoires de l’Union, et je lui
glisse, en souriant, qu’il peut
l’embrasser. Une proposition
qu’il a prise au premier degré.
Il s’est alors approché et a em-
brassé ce ballon. On sentait
toute l’émotion l’envahir.”
“Un autre stade ? Une
hypothèse que l’on
doit laisser ouverte”
La question de l’avenir du stade Marien
revient souvent sur la table
du bourgmestre de Saint-Gilles.
C es dernières années,
les dirigeants de
l’Union et les pouvoirs lo-
caux ont beaucoup colla-
boré pour mettre le stade
Marien aux normes du foot-
ball professionnel. Des tra-
vaux ont permis de répon-
dre aux différentes exigen-
ces de la Pro League mais
avec le retour en D1A qui se
profile, la question de l’ave-
nir du stade Marien revient
régulièrement aux oreilles
de Charles Picqué.
L’Union continuera-t-elle
d’évoluer dans son stade fé-
tiche dans les années à ve-
nir ou le déménagement
vers un nouveau stade est-il
envisageable ?
“Avec ce stade, on peut
jouer en D1A, même s’il
compte moins de 9 000 pla-
ces. Il est possible que les nor-
mes évoluent encore mais
tout le monde connaît la si-
tuation du stade : une partie
est classée et l’ensemble se
trouve dans un site classé.
L’agrandissement dans le
parc me paraît difficile. Aller
dans un autre stade est une
hypothèse que l’on doit laisser
ouverte, s’il en va de la survie
du club”, concède Charles
Picqué.
Qui pointe un autre po-
tentiel souci: “Il faut tenir
compte du fait que le stade
est très proche des habita-
tions. Y a-t-il une comptabilité
entre un stade comme celui
qui existe et un stade qui ac-
cueillerait une équipe qui
irait éventuellement jouer en
coupe d’Europe ? Il n’est pas
interdit de penser à l’hypo-
thèse d’un autre stade. Mais il
faut alors les moyens de le
faire vivre et ne pas oublier
qu’on ne joue pas toujours
contre le Standard, Anderlecht
ou Bruges. Pour moi, on n’en
est pas encore là.”
Quoi qu’il en soit, même
en cas de déménagement
vers un autre stade, le Ma-
rien survivra.
“Au moment du change-
ment de propriétaire, à notre
demande, l’Union a introduit
dans ses statuts une clause re-
lative au maintien du nom de
l’Union saint-gilloise et de su-
bordonner à notre avis le dé-
placement éventuel dans un
autre stade. Tout le monde est
d’accord sur le fait que le
stade Marien restera dans le
périmètre d’activités de son
équipe première ou pour des
équipes de jeunes.”
Union – Tilleur, son premier
match grâce à son grand-père
SES PREMIERS PAS AU MARIEN L’Union saint-
gilloise, c’est le grand-père de Charles Pic-
qué qui la lui a fait découvrir.
“Le premier match que j’ai vu de l’Union,
c’était avec lui. Il était supporter de Tilleur, ce
club venu de la région liégeoise. Par la suite,
j’ai continué à suivre l’Union en allant les voir
jouer de temps à autre, comme je le faisais à
Anderlecht. Quand je suis devenu échevin et
puis bourgmestre à Saint-Gilles, j’ai alors
suivi un peu plus régulièrement l’Union.”
Le n° 1 de la ville depuis 1985 a donc vu
l’Union en D1 avant la relégation en 1972-
1973.
“Oui, j’ai connu la descente en D2 en 1973.
Je trouvais ça très triste mais on se disait
tous que ce n’était pas grave, que l’Union al-
lait rapidement retrouver la D1. Mais nous ne
sommes pas remontés. Pire, le club a ensuite
été au bord de la faillite, vivotant en D2, D3 et
même en Promotion.”
Président de 1993 à 2000
PRÉSIDENT Aujourd’hui président d’honneur
de l’Union saint-gilloise, Charles Picqué en
fut aussi un président actif de 1993 à 2000.
“Je me suis occupé de l’Union au début des
années ‘90 car à un moment donné, la faillite
menaçait, une fois de plus. En 1993, le prési-
dent d’alors était à bout de souffle et il m’a
demandé de reprendre l’Union. Cette sai-
son-là, sur tapis vert, on a évité la descente
en Promotion. On a sauvé le club mais il était
dans un état douloureux, avec une dette
énorme, notamment à l’ONSS. On parlait à
l’époque de 24 millions de francs belges. Il y
a eu des moments très difficiles mais on a
tenu le coup et le club a pu continuer à vivre
en division 3. Par la suite, les présidents se
sont succédé, auxquels il faut rendre hom-
mage, eux qui ont tenu bon, jusqu’à l’arrivée
de Jurgen Baatzsch. Il a donné une autre di-
mension à l’Union, tournée vers la recherche
de partenaires et c’est comme ça que les
Anglais sont arrivés.”