S.HE.DevauxQuand l’Union SG croise la route d’Anderlecht, c’est le microcosme du football bruxellois qui se met à vibrer. Les anciens des deux clubs aussi. Et notamment Trésor Diowo, sans doute l’homme qui est le mieux placé pour lancer ce derby. Formé au RSCA avec Vincent Kompany, qui est encore un proche aujourd’hui, le médian de 34 ans a défendu les couleurs de l’USG en D2 et progressé sous les conseils de Felice Mazzù à Tubize et au White Star. En cinq points, il lance le duel bruxellois des huitièmes de finale de Coupe. prev
Jeudi soir, ce sera le grand soir pour le football bruxellois. Un huitième de finale de Coupe entre l’Union Saint-Gilloise et Anderlecht, cela vaudra le détour. Un derby qui fera vibrer, dans les chaumières, les fans des deux camps, mais également les joueurs bruxellois qui ont porté les deux vareuses.C’est le cas de Trésor Diowo, formé au Sporting d’Anderlecht avec Vincent Kompany, avant de faire une pige du côté de l’Union SG en D2. L’homme, passionné de football, est la personne idéale pour préfacer un duel qui fera des étincelles.De sept à quatorze ans, Trésor Diowo aura défendu les couleurs du Sporting anderlechtois avec fierté, abnégation et envie, avant de tenter l’aventure à l’étranger, au Stade de Reims. « À l’époque au RSCA, on pouvait parler de formation dorée », relatait le Bruxellois. « J’étais très proche de Vincent et d’Anthony Vanden Borre, mais Onur Kaya faisait également partie de notre génération. À Anderlecht, ils avaient mis les moyens pour optimiser les performances des joueurs. Et pourtant, tout n’était pas rose puisqu’il était difficile d’accéder à l’équipe première. Des gars comme Vincent ont ouvert la porte, mais pour la grande majorité d’entre nous, la transition vers les seniors était compliquée. »Une approche qui, aujourd’hui, a complètement changé de bord, les Mauves se reposant, avant tout, sur un onze de base possédant une moyenne d’âge fort basse. « Avec humilité, il y a vingt ans, j’ai vu des joueurs plus forts qu’aujourd’hui ne pas percer », se souvenait Diowo. « J’ai l’impression qu’il est devenu plus facile d’accéder à l’équipe première du Sporting de nos jours. Avant, pour qu’un gamin reçoive sa chance, il fallait qu’il apporte une plus-value directement. »S’il n’a jamais porté la vareuse mauve chez les seniors, Diowo est pourtant parvenu à tirer son épingle du jeu, défendant, notamment, les couleurs du Beerschot. Mais aussi de l’Union Saint-Gilloise lors de la saison 2007-2008, sous la houlette de Peter Mommaert. Une année qu’il n’oubliera pas, le club ayant essuyé un cinglant revers suite à sa relégation en D3. « J’aspirais forcément à beaucoup plus et à retrouver la D1 avec le club », relatait Diowo. « Je retiens néanmoins de très bons moments puisque nous avions une belle génération avec Kudimbana et Siani, notamment. Le plus navrant, c’est que nous pointions à la troisième place à la mi-championnat ! Un exercice paradoxal qui m’a fait comprendre que tout pouvait aller très vite en football. »Et une dizaine d’années plus tard, le club saint-gillois s’apprête à faire son grand retour au sein de la Division 1A. « Avec la structure actuelle, nous ne serions jamais descendus en 2008 », garantissait-il. « Je m’aperçois qu’à l’Union, l’arrivée des nouveaux investisseurs a remis de l’ordre, disposant d’un noyau de qualité. Il y a une vision sur le long terme et une évolution constante avec des contrats bien plus importants que ceux que nous avions à mon époque. En 2021, c’est l’ensemble de l’Union qui est méritant, même s’il s’agira de terminer le travail dans les prochains mois. »Malgré les années passées à des centaines de kilomètres de son ami d’enfance, Trésor Diowo demeure un proche de longue date de Vincent Kompany. De ses premiers pas au Sporting à son avènement en tant que coach principal, il aura suivi, de près, l’évolution du « Prince de Neerpede ». Et aujourd’hui, il lui prédit un bel avenir dans le costume de coach. « Il est encore en période d’apprentissage, ce qui est cohérent », analysait-il. « Il se forge une expérience, progresse de jour en jour et aura, d’ici peu, une véritable expertise. Il fera encore des erreurs inhérentes à sa jeunesse dans le milieu. Mais avec le temps, il se bonifiera et deviendra meilleur. »Il n’empêche qu’en tant que T1 d’Anderlecht, les attentes sont -très- grandes. La pression, l’enjeu et les défis pouvant, parfois, peser lourd. « Aujourd’hui, la référence en Belgique, c’est Bruges. Et Anderlecht, qui est en chantier et en pleine reconstruction, se doit de redevenir le club numéro 1 en Belgique. Connaissant Vincent, je suis certain que son projet est solide et fiable. »Au travers d’une longue carrière, qui lui aura permis de pas mal bourlinguer, le Bruxellois Trésor Diowo a rencontré de nombreux entraîneurs. Dont un qu’il n’oubliera jamais : Felice Mazzù. Un coach qu’il a côtoyé du côté de l’AFC Tubize et au White Star, où il fut prêté lors de son passage au Beerschot. « Ce qui est marquant avec lui, c’est son humanité », se souvenait Diowo. « De nombreux entraîneurs ne portent attention qu’à 15 ou 18 joueurs. Lui, il ne met personne de côté. Il attache une très grande importance à l’approche psychologique de chaque joueur. Sur le terrain, tu as envie de jouer et de te battre pour lui, tout simplement car chaque membre du noyau est concerné par son projet. Il n’hésitait jamais à échanger avec les réservistes, à expliquer ses choix. C’est une force considérable. »Et, à l’heure actuelle, il semble être l’homme qu’il fallait à l’Union pour retrouver l’élite. « Il a la connaissance du championnat de D2 et de vraies capacités de coaching. Le club a misé sur la bonne personne. »Jeudi soir, tous les souvenirs de Trésor Diowo s’entremêleront sans doute au moment de choisir de quel côté son cœur balancera. Mais une chose est déjà acquise : pour le football bruxellois, ce derby en huitième de finale de Coupe est une aubaine. « On parle de deux clubs mythiques de la capitale, ce n’est pas rien », expliquait-il. « Nous avons d’un côté un club en pleine mutation positive (NDLR : l’Union SG) et de l’autre un club qui se reconstruit (NDLR : Anderlecht). Ce duel sera spectaculaire, j’en suis convaincu. »Pas question, cependant, de parler de favori, même si le matricule saint-gillois aura une belle carte à jouer. « Je suis surtout content de voir l’évolution que connaît le club. Les fans mettent beaucoup d’espoir sur cette saison… »Qu’on se le dise : le derby bruxellois sera un rendez-vous à ne manquer sous aucun prétexte. Malheureusement, sans fans dans le stade Marien…
S.HE.
D.R.PreviousNextFort d’une belle carrière, le milieu bruxellois Stéphane Stassin, formé au Sporting avant de franchir les portes de l’équipe première, a connu la malheureuse descente de l’Union SG en D3 en 2008. Si son coeur est mauve et blanc, il n’oublie pas son passage au stade Marien dans un cadre « familial ». next
De Saint-Gilles à Anderlecht, la même passion fait frissonner les férus de football. L’élégance des deux clubs mythiques n’est d’ailleurs plus à démontrer, les lettres de noblesse ayant déjà été écrites, même si celles de l’Union méritent d’être dépoussiérées. Le derby qui aurait occupé toutes les discussions de comptoir en temps de non-Covid permettra de remettre au goût du jour cette passion bruxelloise. Celle-là même qui anime Stéphane Stassin, joueur polyvalent ayant connu les deux clubs. « Je suis heureux de pouvoir vivre un pareil match, même derrière mon écran de télévision », glissait-il. « Les joueurs entre eux ne se connaissent pas, mais pour les fans, un tel derby veut dire beaucoup. »Formé au Sporting d’Anderlecht pendant près de 10 ans avant de défendre les couleurs de l’équipe première pendant quatre ans, Stassin est un pur mauve dans l’âme. Dans le cœur aussi. Pourtant, les deux saisons qu’il aura passées du côté du Stade Marien, entre 2006 et 2008 ne l’auront pas laissé indifférent. Après des passages à Mönchengladbach et Angers, c’est en effet à Saint-Gilles que le Bruxellois fêtait son retour en Belgique. « Un retour qui s’est fait un peu par hasard », glissait-il. « J’avais prolongé du côté d’Angers avant que le club ne soit racheté et que mon contrat ne soit plus valable. J’étais libre de tout contrat et Joe Tshupula, coach de l’époque, recherchait un joueur avec mon profil. Je n’avais pas pour ambition de revenir sur le sol belge, qui plus est en Division 2. Mais son discours et son projet m’ont plu et je ne l’ai jamais regretté. »Pourtant, son aventure unioniste n’aura pas été un long fleuve tranquille puisque l’Union allait connaître, en fin de saison 2008, la fameuse culbute en D3 sous les ordres de Peter Mommaert. « Le RSCA envoyait quelques jeunes afin de les faire grandir, mais ils n’avaient pas apporté le sang neuf attendu. Notre relégation ne leur incombe certainement pas, mais quelque chose s’était cassé dans le vestiaire. Pourtant, à la mi-saison, nous étions dans le top 3 et beaucoup de suiveurs nous voyaient champions… »Entraîneur des jeunes au RSCALes aléas auront poussé Stéphane Stassin à quitter le stade Marien après deux saisons, non sans émotions. « L’esprit familial qui y régnait, c’était quelque chose. Les familles venaient au stade de génération en génération. Je voyais des grands-pères faire découvrir les joies du football à leurs petits-fils. C’était ça, l’Union. »Entraîneur des jeunes du côté d’Anderlecht depuis la fin de sa carrière, Stéphane Stassin gardera toujours l’Union dans un coin de son esprit mais restera, à jamais, un Anderlechtois de cœur. « J’attends une victoire du Sporting, cela reste mon club. », glissait-il. « Ce derby, cela représente l’histoire du football bruxellois. Et je suis impatient de voir l’Union renaître en D1A l’année prochaine… »