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De derby de la zwanze à rivalité haineuse
De derby de la zwanze à rivalité haineuse

L’époque de Bossemans et Coppenolle est révolue : la rivalité entre supportersdu RWDM et de l’Union a pris le dessus.

Le RWDM et l’Union Saint-Gilloise se retrouvent pour le troisième derby de la zwanze de la saison, ce samedi soir. Une appellation “zwanze” (“blague” en bruxellois) qui, aujourd’hui, n’y ressemble plus vraiment. L’époque bon enfant de Bossemans et Coppenolle qui a animé l’histoire des deux clubs est révolue. Laissant place aujourd’hui à du mépris, voire de la haine entre les supporters des deux camps… Mais comment en est-on arrivé là ? C’est ce que nous avons essayé de comprendre avec Olivier Mottar (“Ole”), leader du MCF (Moleenbeek Casual Firm) en compagnie de Marc Franco, et de Kostas, membre influent des Union Bhoys pour le matricule 10.
Messieurs, qu’est-ce que ce match entre le RWDM et l’Union signifie pour vous ? Olivier Mottar : “Me concernant, ça ne signifie plus la zwanze, c’est fini. La zwanze, c’était l’époque de Bossemans et Coppenolle.” Kostas : “C’est un derby qui perd de sa saveur. Le RWDM est désormais un club multifusionné… Je préférerais avoir un derby face à Anderlecht, un club qui force le respect.”
Comment sont les relations entre les supporters des deux camps ? O. M. : “De notre côté, c’est la haine. Il n’y a pas d’autre adjectif pour qualifier nos relations. On peut comparer ça à la rivalité entre les deux clubs d’Anvers ou ceux de Malines. Nous avions une rivalité par le passé avec Anderlecht mais avec l’Union, c’est puissance 10.” K. : “Ils ont de la haine envers nous et sont sans cesse en train de nous chercher. Mais ce n’est pas le cas de notre côté. On est au-dessus de toutes leurs provocations donc on ne répond pas. C’est quelque chose qui est lié à notre culture (mouvement Ultra) tandis que la leur tend vers une mentalité anglo-saxonne. Le point de vue politique entre nos supporters joue également.” Pourquoi la rivalité entre les supporters des deux camps est-elle si grande aujourd’hui ?
Comment est-elle née ? O. M. : “Elle remonte à l’époque de Bleid-Molenbeek. Michel De Wolf avait racheté le matricule de Bleid et y avait ajouté le nom de Molenbeek. Ce n’était pas notre stade mais cela nous ramène un peu de notre RWDM. Cette saison-là, on joue dans la même série que l’Union et pour notre match à Forest, nous louons un bus anglais et partons à une centaine depuis le Heysel.

Nous ne partons pas dans une optique de haine, la rivalité n’existait pas à l’époque. Mais pendant le match, on entend les Unionistes chanter ‘Molenbeek enc…’ Notre sang n’a fait qu’un tour et on est montés dans leur tribune. Depuis, c’est une haine totale.”

K. : “Il y a cette histoire où ils sont intervenus dans notre tribune avec Bleid-Molenbeek. Puis, il y a, je pense, une grande frustration liée au matricule de Waterloo. À l’époque, notre exprésident avait investi dans le club brabançon alors que les dirigeants du camp opposé essayaient de racheter ce matricule pour recréer le RWDM. Les fans l’ont pris personnellement en croyant que M. Baatzsch faisait ça pour leur mettre des bâtons dans les roues ! On savait très bien que les Molenbeekois allaient assimiler l’entité ‘Union’ à cette décision alors qu’il s’agissait de l’acte d’une seule et unique personne.”
Cette rivalité n’était pourtant pas si grande par le passé, si ?
O. M. : “Pas du tout. Je me rappelle même qu’à l’époque où l’Union jouait en D3, supporters de Molenbeek et d’Anderlecht allaient les encourager. Par le passé, il y avait une réelle solidarité entre les clubs bruxellois. Mais depuis qu’ils ont commencé à faire des résultats, une frange de nouveaux supporters, plus jeunes, est arrivée. Ils se sont pris pour les kings et ont commencé à nous balancer des noms d’oiseau. Mais on ne fait pas ça à un club comme le RWDM. Par contre, une fois qu’on cherche le contact avec eux, il n’y a plus personne…” K. : “Non, j’ai même des connaissances dans le camp adverse qui venaient chez nous lorsqu’ils n’avaient plus de club à supporter. Des ‘anciens’ qui nous respectent encore. C’est surtout la nouvelle génération qui voit rouge dans les deux camps. On répète sans cesse aux jeunes qu’il ne faut pas tomber dans la provocation. Comme je l’ai dit, ils ont ce côté anglais, nous avons un côté latin. Nous sommes plus de gauche mais eux de droite. Tout est lié.”
Lors des précédentes rencontres, les fans se sont cherchés sur les réseaux sociaux avec le partage de photos des uns sur les terres des autres, comment l’avez-vous vécu ?

O. M. : “Pour moi, c’est du ‘kinder spel’. Les voir poser à Wetteren, c’était totalement ridicule. Moi je ne me cache pas derrière un écran, c’est face à face que je veux régler ça.” K. : “On voulait leur répondre à notre manière. Comme on ne peut pas se défier par nos chants et encouragements en tribune, on a dû trouver un moyen de répondre. Ils sont haineux alors que nous, on s’en fout. Je pense que le fait d’être au-dessus de tout ça et de ne pas répondre les enrage encore plus (rires). C’est bon enfant, c’est le foot.’’ Comment vivez-vous ces matchs à huis clos ? O. M. : “Pour nous, c’est la fin du monde. On nous prive de quelque chose, on voulait cet affrontement et l’année prochaine, ce ne sera plus possible puisqu’ils seront en D1A.” K. “C’est horrible car c’est une passion avant tout. On aime tout donner pour aider nos joueurs à l’emporter. On sait que les supporters constituent la plus grande force de l’Union. C’est vraiment triste.” L’honneur des supporters via les actions est-il plus important que les résultats de l’équipe ? O. M. : “L’honneur des supporters est 2 000 % plus important. On s’en fout du résultat.” K. : “Notre job en tribune est simple : tout donner pour nos couleurs. Je pense affirmer que nous sommes respectés, de manière générale, en Belgique en tant que supporters.” Votre stade, que représente-t-il à vos yeux ? O. M. : “‘Le Temple’ restera toujours le ‘Temple’. Au moins nous, notre stade il est bien sur notre commune. Eux, c’est à Forest. Et ça, c’est de la zwanze, il n’y a pas de haine quand je dis ça.” K. : “Le Duden ? C’est la base. Ce stade a une âme, il y a une histoire qui se dégage. Tu marches dans le quartier et tu vois cette tribune imposante. Ce stade fait en sorte que tu tombes amoureux, surtout après avoir vécu un match en tribune. Tous les passionnés mettent le Duden dans leur cœur.”

“Le RWDM a prouvé au match aller que les miracles sont possibles”

Chaque équipe a remporté un derby depuis le début de la saison. Samedi, chaque camp aura à cœur de ramener la victoire à ses couleurs. Même si dans les rangs molenbeekois, on sait que cette équipe de l’Union est plus forte. “L’Union a une équipe pour monter ; ce n’est pas du tout le même budget. On ne se fait pas beaucoup d’illusions, tant cette équipe enchaîne les victoires, mais un match dure 90 minutes et le RWDM a prouvé au match aller que les miracles sont possibles en football”, précise Olivier Mottar. Le supporter du RWDM la joue même fair-play en évoquant le parcours des Unionistes. “Cela fait deux ans qu’ils se préparent pour la montée. Ils vont monter, tant ils sont imbattables. D’ailleurs, si je hais leurs supporters, j’ai du respect pour ce club de tradition et son histoire.” Le RWDM, lui, devra encore grandir avant de prétendre envisager une montée en D1A. “Se maintenir dans cette D1B en ayant le plus petit budget de la série, ça tient déjà du miracle. Par contre, si le club veut grandir, il devra se renforcer et la direction devra s’entourer de nouveaux investisseurs.”

“Tout ce qui nous arrive ? C’est en grande partie grâce à Felice Mazzù”

La saison incroyable réalisée par les Jaune & Bleu donne un peu de baume aux cœurs saint-gillois malgré cette période compliquée, loin des stades. “Heureusement que ça se passe si bien d’ailleurs (rires). Avec Felice, j’en étais persuadé. Il a réussi à mettre tout le monde d’accord. À mes yeux, c’est un entraîneur avec beaucoup de valeurs qui est à l’image du club. Tout ce qui nous arrive est en grande partie dû à Felice Mazzù. Joueurs, fans et même dirigeants pensent pareil sur le sujet je crois”, explique Kostas, qui vivra ce troisième derby depuis chez lui. “Nous sommes mieux préparés qu’en début de saison et les joueurs ont compris ce que représentait ce match pour nous, supporters. Je suis confiant pour qu’on aille chercher la victoire au Machtens.” Le membre des Union Bhoys, d’origine grecque, est très superstitieux et ne pense pas encore à une montée en D1A, après 48 ans d’attente. “J’ai ce côté terre à terre, comme le coach. Pour moi, on doit se focaliser sur une rencontre puis l’autre. J’espère néanmoins que cette saison sera historique pour le club !”

RWDM : Sadin repris
Blessés la semaine dernière, Sadin et Rocha sont dans le
groupe, tout comme Ephestion,le nouveau venu. Nangis est
suspendu, Lavie pas à 100 %.

Le noyau : Sadin, Matthys, Alavoine,
Mpati, Libert, Ruyssen, Le Joncour,
Meddour, Boujouh, Rommens, Electeur, Ephestion, Dequevy, Terki, Walbrecq, Bova, Senakuku, Nzuzi, Yagan,
Dante, Claes, Van Den Bogaert, Rocha.
Union : Deux retours
Siebe Van der Heyden et Brighton Labeau reviennent de suspension.
Le Noyau : Moris, Pirard, Herbots, Cochrane, Bager, Van der Heyden, Burgess, François, Jordanov, Kandouss,
Nielsen, Mehlem, Fixelles, Lynen,
Soussi, Undav, Vanzeir, Bah, Sigurdarson, Lapoussin, Labeau.

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