Nous sommes partis prendre la température dans le kop des fervents supporters saint-gillois à OHL
Cent-vingt ans et toujours
la même ferveur.
Samedi soir, à Louvain,
ils étaient quelques
centaines à avoir fait le court
déplacement depuis SaintGilles.
Malgré la défaite, les
fidèles n’ont cessé de chanter et
d’encourager leur équipe. La
preuve ? Dans la seconde qui a
suivi l’erreur de Kudimbana, les
chants reprenaient de plus
belle. Et ils n’allaient plus s’arrêter,
même de longues minutes
après le coup de sifflet final.
« Bruxelles, Ma ville, Je t’aime, Je
porte ton emblème, Tes couleurs
dans mon cœur, Et quand vient le
week-end, Au parc Duden, Je chante
pour mon club, Allez l’Union, Ohohohohohoooo…
». Nonante minutes
durant, ce chant, et tant
d’autres, ont résonné dans la partie
du stade de Louvain réservée
aux ‘aficionados’ de l’Union qui
avaient bravé le froid pour venir
supporter leur équipe en terre
« ennemie ». Ceux-ci, chauffés à
blanc, n’ont eu de cesse d’encourager
leur équipe. Et paradoxalement,
c’est en deuxième mitemps,
lorsque leurs protégés
étaient menés au score que les
chants ont redoublé d’intensité.
Comme si l’erreur de Kudimbana
qui offrait le but de la victoire à
Louvain avait galvanisé les nombreux
sympathisants du club
bruxellois. Ils n’allaient plus s’arrêter,
et ce, même après le coup de
sifflet final. Les fans unionistes
restaient encore de longues minutes
à acclamer les quelques
joueurs qui venaient les saluer. Ils
célébraient ces derniers, comme si
ceux-ci venaient de décrocher le
titre. Si Louvain avait gagné sur le
terrain, l’Union, elle, avait remporté
la bataille des tribunes…
« L’Union, c’est comme une famille
», racontait tout sourire Dylan,
le responsable du club de supporters
des Union Bhoys. « Il n’y a
pas de place pour le négativisme
chez nous. C’est la ‘positive attitude’
qui prime. On ne siffle jamais notre
équipe, même quand elle perd. Et
on siffle également très rarement
l’équipe adverse. »
À 22 ans, Dylan ‘Apache’ comme il
aime se faire surnommer, est déjà
un vieux de la vieille dans les travées
de l’Union. Et il ne se ménage
pas pour supporter ses couleurs.
« L’UNION, C’EST MA VIE »
« J’ai vu mon premier match quand
j’avais sept ans », explique-t-il encore.
« Et depuis lors, je n’ai raté…
qu’une seule rencontre ! Et encore,
c’était pour aller voir Marseille-PSG.
L’Union, c’est ma vie. J’y consacre
énormément de temps. Lorsque le
week-end arrive, mon téléphone ne
s’arrête plus de sonner. On m’appelle
pour des questions par rapport
au bus… et aux bières (rires). »
Sam, un autre fidèle, confirme
cette ambiance ‘bon enfant’ qui
règne dans les gradins. « On ne se
laisse jamais aller contre les
joueurs », explique-t-il. « On ne va
jamais les lâcher. C’est une grande
fierté d’appartenir à la famille de
l’Union qui a survécu tout au long
de son histoire, et surtout dans les
années 70 lorsque les supporters
l’ont sauvée. Ce que je trouve spécial
aussi, c’est qu’on a une équipe qui
n’a plus rien gagné depuis longtemps
mais qui conserve un très
grand pouvoir d’attraction. Surtout
chez les jeunes qui n’ont pourtant
jamais vu le club jouer en D1. »
Greg, qui a quarante ans, est lui
tombé dans la marmite saint-gilloise
quand il avait trois ans. « En
fait, je ne suis pas un grand fan de
foot à la base », explique-t-il. « Je ne
m’intéresse à aucune autre équipe.
Il n’y a que l’Union qui compte
pour moi. Ces 120 ans du club, c’est
une énorme fierté car on a toujours
le même matricule qu’au début. On
n’a jamais fusionné avec un autre
club, alors qu’on a quand même
connu des périodes difficiles. »
Malgré la défaite, la fête était donc
bel et bien du côté saint-gillois.
Mais celle-ci n’était pas totale. Car
les supporters attendent avec impatience
le retour dans leur antre
du parc Duden. « Si on avait joué
cette rencontre dans notre stade historique,
on aurait prévu un énorme
tifo », conclut Dylan. « Ce n’est pas
possible au Heysel. Mais on le fera
quand on reviendra même si c’est
avec un an de retard. Car c’est
quelque chose qui revêt une très
grande importance pour nous. »
La fête semble loin d’être finie. Et
les fans espèrent que celle-ci persistera
encore de très longues années.
Mais le plus vite possible à
nouveau au stade Marien. –