Ses mots sont choisis et viennent éclairer d’un autre jour la crise que traverse Ostende. Depuis son départ avorté cet été, Sébastien Siani ne s’était pas exprimé. Il a choisi le Grand Debrief, le talk foot de Proximus et de la DH, pour livrer ses vérités. Celles d’un capitaine au statut écorné par son utilisation actuelle au sein d’un navire en plein naufrage. Comme les autres, le Camerounais s’interroge. Mais émet plusieurs hypothèses. Le recrutement d’abord.
“Il y a beaucoup de déçus, surtout au niveau des recrues qui ne se sont pas encore adaptées. On n’a pas su anticiper les départs. Ou pas avec la même
qualité. On en souffre. La direction n’a pas vraiment pris le temps de faire les choses bien. On a peut-être pris des joueurs à la hâte.”
Et les dirigeants en ont retenu d’autres. Comme Siani donc. Le ton se fait plus grave, trahit une forme de dépit.
“Le club m’a dit que j’étais un joueur important et il ne voulait pas que je parte. C’est une chose. Il y a eu des discussions avortées. Mon prix a doublé, peut-être même triplé par rapport à ce que j’estimais. Qui va miser 1,5 ou 2 millions sur moi ? À mon âge ? Il y avait des opportunités pour moi de mieux gagner ma vie. J’en ai fait part au club. Mais ils ont dit ‘non, c’est insuffisant, on n’est pas les services sociaux, on ne peut lâcher notre capitaine’. On a commencé une discussion par rapport à une revalorisation.”
Qui, faute de proposition intéressante, n’a pas abouti. Parce qu’Ostende n’a pas fait suivre les actes après ses belles paroles ? Possible. “On me considère comme un joueur important. Cela, je ne le refuse pas. On me considère
comme le capitaine. Cela, je ne le refuse pas. Mais je n’ai pas le statut (financier) d’un joueur important. Je n’ai pas le niveau d’un Lombaerts ou de Silvio, quel statut financier j’ai ? Quand je n’ai pas le niveau de ces gens-là alors que j’ai toujours tout donné, je pense qu’il y a un souci”, explique le Camerounais avant d’avouer : “Je suis déçu par rapport à cela.”
Lui qui aurait pu signer un contrat en Arabie saoudite pour mettre les siens à l’abri et donc rester. Dans ce drôle de contexte. “Une carrière ne dure pas longtemps. À un moment, il y a des chiffres qui viennent, des propositions qui viennent. On ne peut partir gratuitement. Certains joueurs ont été achetés par le club. Je suis venu gratuitement. Je pensais, pour service rendu, avoir quelque chose en retour. Quand vous refusez cela, il y a toujours une grosse déception. Je ne peux pas mentir. Cela passera peut-être dans un ou deux mois”, précise-t-il avant de revenir sur l’épisode du départ de Proto. “Même s’il a forcé son départ, cela reste un monsieur du vestiaire. Cela pèse. Pourquoi il
est parti ? Pourquoi cela se passe comme cela ? Les joueurs, les jeunes se posent des questions”, souligne Siani avant de conclure : “Cela envoie un signal.” Celui d’un club en crise profonde.