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Les footballeurs préparent aussi leur retraite
Les footballeurs préparent aussi leur retraite

Quel avenir pour eux après le foot ?

OLIVIER EGGERMONT
Les footballeurs ayant un temps de carrière limité, certains se préparent à l’après-carrière de manière active. Mais d’autres n’y prêtent pas du tout attention. Nous sommes allés voir chez plusieurs joueurs pros ce qu’ils mettaient en place pour assurer leurs arrières. Reportage.
On nous assure souvent qu’ils ont la belle vie. On les voit conduire des voitures luxueuses ou percevoir des salaires monstres. François Hollande les considère même comme des « gosses mal éduqués qui sont passés au statut de vedettes richissimes sans préparation ». Mais tout cela ne dure qu’un temps. En effet, la carrière d’un joueur de foot n’est pas extensible à l’envie et ils sont très peu à pouvoir se reconvertir dans le milieu du ballon rond. Dès lors, que font 95 % des footballeurs qui ont fini leur carrière ?
« Quand on connaît le monde du football, il est préférable de préparer sa reconversion à l’avance », assure Sofian Kheyari (RWDM). « De mon côté, cela fait déjà plusieurs années que je prépare mon après-carrière. Beaucoup n’y pensent pas mais de mon côté, je garde la tête sur les épaules. Je sais d’où je viens et je n’ai jamais manqué de quoi que ce soit mais ma famille n’a jamais roulé sur l’or. »
Quand il en aura fini avec son occupation de joueur, le défenseur central molenbeekois ne se voit pas quitter le monde du ballon rond. En effet, il devrait intégrer l’équipe des formateurs du RWDM l’an prochain avant de débuter sa reconversion.
« Le foot, c’est toute ma vie depuis que j’ai six ans », poursuit-il. « Certains déconnectent après l’entraînement mais moi je peux très bien regarder un match de D2 autrichienne ! »
Au contraire, certains ne veulent plus entendre parler du foot après leur carrière. C’est notamment le cas d’Ignazio Cocchiere (Dender). L’ancien unioniste ne compte pas faire de vieux os dans un monde qu’il n’apprécie parfois pas énormément.
« Je suis un amoureux du foot mais être coach n’a jamais été une option pour moi», lance celui qui travaille au Parlement européen à côté de sa carrière de joueur. « Si je peux jouer jusqu’à mes 50 ans, je le ferai mais ensuite, je ne veux plus voir un ballon ! C’est un monde très spécial et mon travail depuis dix ans. Je l’adore mais pour moi, il faut avoir une seconde passion pour assurer ses arrières. D’autant que gagner sa vie avec le football est de plus en plus dur. Les salaires sont plus bas mais il y a aussi plus de contrôles et donc moins de travail au noir. »
Aujourd’hui, l’attaquant de Dender capitalise sur son travail afin de pouvoir aborder l’après-foot de manière normale.
SE LANCER DANS L’HORECA
C’est aussi ce que compte faire Cédric Fauré. L’avant de l’Union a fondé sa société Versatility avec Guillaume François et a ouvert un premier studio XBody à Uccle.
« C’est un concept qui me plaisait et qui me permettait de rester dans le sportif », confie l’avant français. « J’espère d’ailleurs pouvoir développer d’autres projets dans les mois et années à venir. Mais je veux aussi rester dans le foot en intégrant un staff d’un club qui se reconstruit comme l’Union. Je veux l’aider à se développer et lui apporter mon expérience. »
Mais dans l’avenir, le joueur de 37 ans veut aussi se diversifier.
« Un domaine comme celui de l’Horeca me plaît aussi. Je viens d’une région (ndlr : Toulouse) où il fait bon vivre et où on mange bien. J’aimerais donc ramener une partie du sud-ouest de la France en Belgique. Je ne veux pas me focaliser sur une seule chose », conclut-il.
Et quand on voit la trajectoire de plusieurs anciens joueurs comme Bernard Diomede ou Lionel Charbonnier, pourtant champions du monde 98, ils ont bien raison de se préparer.

« Le foot ne donne pas de compétences»

Vouloir vivre d’autre chose après le foot, c’est une bonne chose. Mais encore faut-il en avoir les moyens et la formation.
« Tous les métiers donnent des compétences, sauf le foot », opine Cocchiere. « À la fin de ta carrière, tu ne peux être que footballeur ou rester dans ce monde. Alors que si tu fais des études et que tu deviens professeur de français, tu as les compétences pour le faire. C’est pour cela que je donne toujours comme conseil aux jeunes joueurs de ne jamais arrêter leurs études. »
Quant à Sofian Kheyari, il a fait une formation sur le tard afin de pouvoir se préparer.
« J’ai passé quatre diplômes d’entraîneur et en parallèle je passe un diplôme universitaire en deux ans dans le management d’organisations sportives », sourit-il.
ANTONY SADIN TRAVAILLE À LA COMMUNE DE SAINT-GILLES EN PLUS DE SON RÔLE DE GARDIEN

« Le foot, pas aussi stable qu’un CDI »

Après une formation au FC Brussels, Anthony Sadin n’a découvert le football professionnel que l’an dernier avec l’Union. Mais ce n’est pas pour cela qu’il met de côté ses autres activités.
« Actuellement, je prépare mon après carrière en travaillant à la commune de Saint-Gilles. C’est quelque chose de sûr et j’ai envie d’en prendre soin pour pouvoir continuer cela après ma carrière de joueur », raconte le portier unioniste. «L’idéal serait aussi que je garde un pied dans le foot en entraînant des gardiens. Je me vois bien aussi dans un staff avec les deux frères Cabeke, ce serait sympa(rires). » Pourtant, il s’expose à des horaires infernaux avec cette double activité. « C’est sûr que quand tu cumules deux temps pleins, tu régales », confirme-t-il. « Lors du dernier championnat, je devais me lever à 6h afin d’être au travail à 7h30 et ensuite je devais me rendre à l’Union à 15h30 pour m’entraîner jusqu’à 19h. Ensuite, c’est comme ça jusqu’au week-end. Mais si tu veux assurer le coup pour l’avenir, il faut s’en donner les moyens. J’ai arrêté l’école avant d’avoir mon diplôme de secondaire car je m’entraînais au Brussels en D1. Sans diplôme, j’ai la chance d’avoir un boulot et je compte bien le garder car on ne sait jamais ce qui peut arriver. Le foot, ce n’est pas aussi stable qu’un CDI. Les jeunes pensent toujours avoir le temps devant eux mais il faut se préparer. » Et le keeper emblématique des Bruxellois en profite pour piquer quelque peu la nouvelle génération.
DES JOURNÉES INFERNALES
« Les jeunes ont encore une moins bonne mentalité qu’avant », regrette-t-il. « À mon époque, nous faisions des efforts et nous avions du respect pour les anciens. Maintenant, les jeunes s’entraînent deux fois avec les A et pensent qu’ils sont arrivés. » À côté de cela, Anthony Sadin a aussi une petite expérience en tant que mannequin dans une agence.
« Quand un photographe veut travailler avec un modèle de mon style, il contacte l’agence et un casting se met en place. Pour finir, le photographe et le directeur artistique choisissent la personne idéale », raconte-t-il. « Mais il y a des modèles plus porteurs que moi donc je ne veux pas arrêter de travailler pour compter sur cela. »
CAMARGO SE POSE AUSSI DES QUESTIONS

« Je commence à réfléchir »

Du côté du stade Leburton, Andreï Camargo commence également à penser à une reconversion. L’arrière droit de 28 ans n’a pas de diplôme en poche mais veut pouvoir se reconvertir après le foot.
« J’arrive à un âge où je commence à réfléchir à cela », avoue-t-il. « J’ai encore pas mal d’années devant moi mais je vais déjà me préparer. Mais je ne sais pas dans quel secteur je continuerai. Je n’ai pas encore investi dans mon après-carrière car le foot est ma priorité depuis mes 17 ans. J’ai toujours eu des contrats à temps plein donc je n’ai jamais eu de job sur le côté. Mais avec ma femme, nous commençons à réfléchir à l’avenir. »
Le Tubizien l’admet, il doit maintenant commencer à penser sérieusement à ces questions.
« Est-ce que j’ai peur ? À partir du moment où je finis ma carrière à 35 ans sans diplôme, cela peut être un problème. Mais si je prépare ce chantier avant, cela ne posera pas de souci », confie-t-il. « On dit souvent que les footballeurs ont la vie facile mais quand notre carrière est finie, c’est difficile. Je veux aussi rester proche du monde du foot mais je verrai bien au moment venu. Ma chance, c’est que je peux compter sur les langues apprises tout au long de ma carrière. C’est un atout. Je pensais aussi à monter une connexion entre l’Europe et le Brésil pour faire venir des jeunes joueurs. Je ne veux pas être un agent mais un intermédiaire. Le métier de coach, par contre, ne me tente pas. »
Actuellement assez gravement blessé, Camargo sait que le métier de footballeur comporte des risques. Mais il y est préparé.
« Je fais ce métier depuis que j’ai 17 ans et ce n’est pas ma première blessure », relativise-t-il.
« Nous savons tous que cela peut arriver.»
Mais chez certains, c’est une blessure qui a décidé de la fin de carrière. Heureusement, ce n’est pas le cas pour Camargo qui devrait retrouver les terrains durant le mois de novembre.

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